Ce sera mon 39e. 39 fois réveillonner. De 39 manières différentes.
Noël, le plus flagrant rappel du temps qui passe. Enfant, on ne cesse de l’attendre, chaque année est une éternité. Et puis, un jour, il arrive presque trop vite. « Déjà Noël ! » qu’on se dit.
Il faut dire qu’avant, il se pointait sur la pointe des pieds, ne se dévoilant à plein visage qu’une fois décembre bien entamé. Maintenant, il arrive avec fracas en prenant d’assaut les étalages dès le premier jour de novembre.
Et malgré l’odieux de cette arrivée précoce, je suis fascinée par la magie qu’il porte. Une magie changeante, d’une saison à l’autre de la vie.
J’ai encore le cœur qui bat quand je me revois, enfant, ouvrir les yeux dans le grand salon de mes grands-parents. Observer à ma droite et ma gauche mes cousins encore endormis. Me lever sur la pointe des pieds, me rendre au sapin et renifler les cadeaux. Attendre patiemment mon tour lors de la grande distribution. Mettre double portion de ketchup sur mon pâté à la viande.
Une fois cette magie passée en est arrivée une autre. Noël en amour. Quand on part de chez soi et qu’on atterrit en appartement. Je me rappelle avoir mis, au sommet de mon premier arbre de Noël à moi, un original en toutou. Juste pour que cet arbre me ressemble. À moi. À nous. Je me souviens nos premiers cadeaux justes à deux. Nos baisers devant l’arbre et cette bouteille d’alcool que nous n’avions pas les moyens de nous offrir, mais que nous avions tout de même achetée…
Et puis, nos enfants arrivés, l’enchantement a de nouveau changé. Noël sales, Noël malades. Noël dans les cris et les premiers pas. Noël avec des décorations en papier de toilette faites à la garderie et des boules trop fragiles, brisées une après l’autre. Noël où l’arbre doit pouvoir se manger, avec plus de cannes et de chocolat que de guirlandes. Noël pour leur expliquer, leur raconter d’où l’on vient. Noël, quand nos parents sont devenus les grands-parents, nous reçoivent avec leurs couleurs. Noël dans leurs yeux. L’amour décuplé, multiplié à chaque enfant.
Et voilà qu’en cette saison de ma vie, à l’aube de la quarantaine, mes enfants magasinent leurs propres cadeaux, se promènent d’une fête à l’autre et préparent, dans le plus grand secret, plus ou moins subtiles, des surprises pour leurs frères et sœurs.
Et d’un Noël à l’autre, toujours, une chose revient. Cet émerveillement devant la crèche. Petite fille, je m’allongeais devant les personnages et les contemplait de longues minutes. Une fois maman, je racontais leurs aventures à mes propres enfants. Et encore aujourd’hui, ces personnages m’habitent. Parce que je trouve incroyable que leur histoire soit parvenue jusqu’à nous. Et que je trouve si triste qu’on ne la raconte plus. Qu’on l’ai jetée avec l’eau du bain. Je me dis que si elle a pu, pendant deux milles ans, se frayer un chemin, c’est qu’elle valait sans doute la peine d’être racontée…
C’est mon 39e Noël et ma plus vieille en est à son 13e. Cette semaine, elle a écrit un texte dans lequel elle s’imagine être une étoile, et jeter un regard d’en haut sur la fête. À nouveau, le temps qui passe. Et ma fille qui partage maintenant mon amour des mots. J’ai donc décidé de lui laisser une petite place sur mon blogue. Voici donc, dans ces mots à elle, le regard qu’elle y porte…
Noël aux fenêtres, par Mia Desjardins, 13 ans.
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Annabella dit
Bonjour,
J’aime beaucoup la crèche de Noël, je trouve qu’avec le sapin, ils forment les deux plus jolies décorations durant ce moment de l’année. Pour ma part, j’ai toujours du mal à les retirer une fois les fêtes finies.
Guy Marcotte dit
Excellent texte. Je me questionne toutefois sur la « couleur des grands-parents » Ha! Ha!
Pqpa
Julie dit
T’inquiète, ce sont de très belles couleurs !