Quand j’avais 10 ans, et tout mon secondaire durant, je me baignais flanquée d’un t-shirt. Je prétextais avoir oublié mon maillot ou vouloir éviter les coups de soleil. Ainsi attriquée, j’avais l’impression de mettre mon corps bien à l’abri des regards…
Et puis, un jour, la vérité m’est apparue. Mes illusions ont foutu le camp. Un jour, j’ai réalisé qu’un t-shirt, une fois mouillé, en révélait autant, sinon plus qu’un maillot! Ce jour-là, je me suis sentie comme Adam et Ève, dans le jardin, quand ils ont tout à coup compris qu’ils étaient nus comme des vers. Alors, bien sûr, j’ai dû changer de tactique…
J’ai adopté les maillots de grands-mères. Pourquoi pas. Vous savez, ceux avec des jupettes. Des petites shorts. Les « cols roulés » des maillots de bain quoi! Parce qu’encore une fois, le maillot avait pour seule mission de « cacher ». De me faire oublier.
Puis est venue une période de grâce. Lorsque cet homme merveilleux est entré dans ma vie. Mon Adonis a fait de moi une femme confiante. Il a contemplé mon corps et a jugé qu’il était scandaleux de vouloir le cacher! Plusieurs événements ont alors fait changer les choses. D’abord, ce regard positif sur moi qui changeait tout. Puis, une perte de poids soudaine de quelques kilos. L’amour, parfois, est le meilleur des régimes! Et finalement, un prise de conscience formidable : après avoir osé essayer des maillots de bain dignes de ce nom, j’ai réalisé que je paraissais beaucoup mieux lorsque je m’exposais dans un gentil bikini que lorsque je tentais de me cacher.
Il y eut alors une période hors du temps, avant la naissance de mes enfants, où j’ai pu patauger gaiement sans me tracasser. J’ai porté de jolis maillots. J’ai trimbalé ma démarche confiante sur la plage et j’ai joui, enfin, du bonheur de se gaver de l’été comme il se doit.
Et puis, c’était inévitable, il y eut les enfants.
Toutes les mamans le savent. Quand les enfants se pointent, il y a un avant et un après. Un ventre avant, un ventre après. Une poitrine avant, une poitrine après. Le tout se détériorant de manière exponentielle à chaque nouveau rejeton.
Après que trois petits m’aient traversé le corps, j’ai eu l’impression d’être de retour dix ans en arrière. À nouveau, je devenais spectatrice du bonheur des autres, occupée à cacher mon corps et à me faire disparaître. Le bikini n’était plus une option. Les maillots de grand-mère ne passaient plus le test. C’était l’impasse. Lorsque le temps de la baignade venait, je n’avais qu’une idée : trouver un prétexte pour l’éviter.
Lorsque la canicule me forçait à enfiler mon « presque correct » tankini, j’étais tellement préoccupée par le regard des autres sur mes cuisses dodues et mon ventre rabougri que le plaisir n’était que très peu au rendez-vous.
Lors de mes dernières vacances à la plage, j’ai pris le temps d’observer les gens autour de moi. Bien sûr, il y avait une grande quantité de ces jeunes filles parfaites. Ou même de ces mamans anormales vachement bien conservées. Mais en portant attention, des mamans comme moi, j’en ai aussi vu des tonnes. Souvent cachées sous les parasols. Enrobées dans des serviettes. Jouant à « cache- bikini », espérant passer inaperçues.
Et puis, il y a eu cette femme. Dans la trentaine, maman de plusieurs gamins énergiques. Je l’ai d’abord croisée à la plage. Puis à la piscine du camping. Je l’ai remarquée tout de suite. Elle n’a pas tenté de se cacher. Elle courait dans le sable dans son petit bikini noir. Elle était ronde, très ronde. La cellulite avait envahi ses jambes et les vergetures trônaient sur son abdomen. Pourtant, je n’ai pas pu faire autrement que de la trouver incroyablement belle.
Elle se démarquait de toutes les autres et je me suis demandée pourquoi. Pourquoi la trouvais-je si agréable à regarder? Et puis, ce lien entre la confiance en soi et la beauté, que les hommes utilisent souvent pour nous rassurer, m’est revenu à l’esprit. L’important, c’est d’être bien dans sa peau, nous disent-ils sans qu’on ne les croit jamais. Pourtant là, j’y ai cru. Cette maman, elle était belle parce qu’elle était bien. Elle marchait d’un pas assuré. Ne replaçait pas son maillot aux deux secondes, n’évitait pas de se pencher de peur que la peau de son ventre ne devienne trop plissée. Elle jouait comme moi, j’ai souvent eu envie de jouer. Courait avec les enfants, se délectait de l’été. Elle semblait à l’abri du regard des autres, comme s’ils ne pouvaient pas l’atteindre.
J’ai donc décidé que cette femme serait ma nouvelle inspiration. Il faut dire que je m’étais mise à la recherche d’un nouveau modèle depuis déjà un bon moment. La vie est trop courte pour se rendre malheureuse avec des insignifiances pareilles. J’ai trente-quatre ans et je ne suis pas une cruche. Je sais bien qu’il m’est inutile et douloureux d’avoir pour idéal absolu Gisele Bundchen ou l’une de ses frêles acolytes. Je connais suffisamment la biologie pour savoir que le temps arrange rarement les choses côté corps. Il prend souvent soin des émotions, des sentiments, des deuils ou des peurs. Mais pour ce qui est du bien paraître, il est rarement d’un grand secours. Moi qui, même étant jeune et n’ayant jamais donné la vie, avait une silhouette bien loin de celle des Gisele de ce monde, devrais-je vraiment passer ma vie à me faire croire que je pourrais lui ressembler?
J’avais besoin de nouveaux modèles. J’en ai trouvé un. Et il y en aura d’autres. Peut-être même pourrais-je avoir la prétention d’en devenir un à mon tour, qui sait?
Cette année, pour la première fois depuis un bon bout de temps, j’ai eu bien du plaisir à la plage. Ok, j’ai bien replacé mon maillot quelques fois et eu quelques pensées pour mes formes généreuses, mais rien qui ne m’a forcée à me cacher derrière un parasol ou à m’enfouir dans le sable. Je ne mérite pas ça.
Mon corps est une superbe machine. Il fonctionne bien. Il est en santé. Rien dont je ne devrais avoir honte.
Mais surtout, il plaît à la seule personne à qui il a besoin de plaire. Lui qui me regarde toujours de cette même manière.
Franchement, que puis-je demander de plus?
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Moratoire concernant la grossesse: grossir en paix
Voir aussi cet article sur Grazia.fr: se mettre en bikini sur la plage, épreuve redoutée par les femmes.
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Marieaimee dit
Ce n’est pas par honte que je cache mon corps, mais parce que je sais qu’il est beau (même si le bedon un peu flasque après 6 enfants). Je le cache par respect pour les autres hommes, et par respect pour mon mari, à qui mon corps appartient.
Marieaimee dit
Pour moi, je me sens vraiment libre quand je suis vêtue de façon modeste et assez couverte (tout en étant confortable… c’est possible d’allier les deux). Dans ce temps-là, je n’ai pas besoin de m’inquiéter à savoir si mon corps montre ses imperfections, ou encore si je vais rendre d’autres femmes jalouses, ou si je vais attirer le regard des hommes. C’est ça pour moi, la vraie liberté.
Un texte intéressant là-dessus:
http://chastityproject.com/2015/07/i-never-knew-a-bikini-could-hide-so-much/
Marieaimee dit
Chère Julie,
J’apprécie beaucoup ton blog; tu écris bien!
Pour moi, en tant que chrétienne, se couvrir en public, même à la plage, est une question de modestie et non de honte de mon corps. J’aime mon corps malgré ses imperfections, mais voilà, mon corps et la vue de mon corps appartiennent à mon mari, et à aucun autre homme! Je trouve que les femmes chrétiennes d’aujourd’hui n’ont pas beaucoup de souci de modestie, ou de faire attention au regard des autres. Soit elles veulent provoquer par leur habillement, ou soit elles sont négligentes et elles se fichent d’attirer les regards des autres hommes. Est-ce respectueux pour leur mari et le mari des autres? C’est une question à se poser…
Personne ne penserait aller à l’église en bikini (j’espère!)… alors pourquoi est-ce plus acceptable de montrer ses seins, son ventre, ses cuisses et ses fesses aux autres, simplement parce que l’environnement et le contexte sont différents? Le bikini équivaut à des sous-vêtements, mais en tissu différent. En quoi est-ce acceptable pour une femme (et pour un homme aussi) de se montrer en sous-vêtements? Est-ce nécessaire de rappeler à quel point les hommes sont influencés par ce qu’ils voient?
Je pense qu’il ne faut pas se laisser emporter par la pensée du monde, selon laquelle la pudeur est une valeur rétrograde et contraignante. Je crois qu’il faut plutôt fuir l’impudicité, et se laisser attirer par la vertu de modestie et la cultiver.
« Je veux aussi que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, […] se parent de bonnes oeuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu. » (1 Tim. 2, 9-10) Si on fait profession de servir Dieu, notre apparence extérieure devrait refléter ce qui se trouve à l’intérieur.
Il y a moyen d’être jolie à la plage tout en étant vêtue de manière décente:
http://www.simply-modest.com/posecom/categories.php?category=Swimsuits-/Ladies-Swimsuits-Sizes-XS%252dXL
Bon été!
Julie dit
Merci pour la réflexion, je pense qu’elle vaut la peine d’être faite! Pour moi, le maillot de bain est un vêtement « fonctionnel » qui sert à la baignade. Si je peux éviter de lui donner trop d’importance et que cela me permette des beaux moments en famille sans me tracasser, je pense que c’est déjà un grand pas dans mon coeur et mes pensées. Ceci dit, la modestie est effectivement en voie de disparation et demande un grand travail sur soi. Merci de nous le rappeler!
Blandine dit
Pour moi qui suis chrétienne aussi, le bikini ne me dérange pas, et je suis très en accord avec cet article ( peut être car je suis moi même maman trentenaire de trois enfants?). Peut être pas dans une salle de culte, parce que personne à ma connaissance n’irait dans un bâtiment en bikini, mais hier comme dimanche dernier nous étions en église et en maillots. Nous nous sommes baignés, et régalés. Si hier j’avais un une pièce par confort, ma copine avait un bikini. Et je me réjouis de la liberté que nous avons eu de nous amuser sans sentir de regards désobligeants.
La pudeur est une grande qualité, la confiance en soi et la liberté aussi. Et je place la liberté devant toute autre valeur.
Merci pour ce bel article.
rocco martineau dit
Du déjà vu…Écrit dans un style terne par une femme fruste. Encore un point de vue d’une femme sur sa pauvre petite vie de bourgeoise…Je passe.
Julie dit
Ouf Rocco! Voilà un commentaire très sympathique. J’espère que le défoulement vous a fait du bien et que vous arrivez à assumer pleinement le bikini! Bon été.
Maryse dit
Exactement les mêmes réflexions que toi que je vis , j’étais enveloppée, et je suis encore enveloppée et peu de gens ont les disciplines de vie que j’ai du lever du matin jusqu’à son coucher en matière de rituels de santé:suppléments nutritionnels, marche nordique quotidienne, d’équilibre glucides protéines et gras , peu de grignotage , 2 litres eau pure tous les jours, respiration cohérence cardiaque matin et soir . Je me sens en pleine énergie du matin au soir et même plus qu’à mes 20 ans et j’ai une forme physique exceptionnelle.. MAIS je suis grassouillette et finalement capable de m’accepter telle que je suis . . Continue d’écrire , tu aides des jeunes comme toi à passer par le meilleur des chemins pour vivre une vie de satisfaction et non de comparaison . car LA COMPARAISON EST UN TUEUR DE LA JOIE… Amuse-toi bien dans ton bikini….