Ceux qui leur ressemblent…

Avez-vous eu la chance, dernièrement, d’assister au spectacle d’un gamin de 18 mois qui découvre la vie?  Ils se déplacent maladroitement, les jambes raides comme des cowboys, et trouvent le tour de s’enfarger dans leurs propres pieds!  Intrigués, ils se fouillent allégrement dans la couche, espérant y trouver quelque chose à manger…  Ils se mettent du spaghetti jusque dans les oreilles et rient aux éclats pour un simple «  Bouh! »  bien placé!

Spontanément, les adultes qui assistent à ces petits spectacles ont tendance à se sentir nettement supérieurs à ces mini-bestioles intrigantes.  Supérieurs en âge, en expérience et en capacités, c’est indiscutable, mais il me semble de plus en plus clair que cette supériorité n’est pas applicable en tout.  Il y a clairement des domaines où ils sortent vainqueurs, sans même y mettre d’effort.  Ils sont champions de l’innocence, du moment présent, de l’authenticité.  Je me suis même demandée si leur qualité de vie, quoiqu’en apparence très restreinte, n’était pas parfois enviable… 

Pour en juger, quoi de mieux qu’un petit Bilan!

1.   Gérer ses émotions

Je m’imagine bien, au travail, après que le commentaire d’une collègue m’ait écorchée, hurler à plein poumon et pleurer sur le champ et sans retenue! Et le plus beau dans tout ça, c’est que ma collègue s’empresserait de me faire un prout sur la bedaine, un gros câlin, puis de m’offrir un beau jouet et une collation!  Clairement, à ce chapitre, les gamins sortent gagnants!  Pas de frustrations accumulées, ils ont même le droit de se mutiler en faisant le bacon lorsqu’ils sont contrariés.  Juste la pensée d’une telle crise, à mon âge, est fortement libératrice !

À 30 ans, on a le temps d’avoir ben d’la peine avant d’oser se le dire à soi-même!  C’est sans parler du temps que ça peut prendre avant de le dire aux autres.  On se donne le droit de pleurer, 1 peine sur 20, les autres, on les ravale.   On trouve parfois, heureusement, une épaule disponible et une oreille attentive pour se libéré de nos angoisses, de nos colères et des tristesses accumulées.  Mais la plupart du temps, on se garde une retenue.

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2.  S’entretenir

Côté look, ils sont complètement à notre merci!  Et nombreux sont les parents qui tentent de reproduire leur propre style chez leur enfant…c’est inévitable!  Mais malgré cela, ils ont quelques avantages qui leur rendent la tâche, à mon avis, un peu plus facile :

•   Tout leur va!   Pas de hanches, pas de formes, leurs bourrelets sont complètement mignons.  Si un bout de bedaine dépasse, on leur fait des chatouilles.  Même avec les pantalons jusqu’en dessous des bras, ils arrivent à nous émouvoir.  La couche est leur accessoire mode de base; quoi de plus beau qu’un bébé en couche?!  Je vous laisse une seconde pour imaginer l’adulte de votre choix dans un formidable pyjama à pattes bleu à picot jaunes….  Et, je ne sais pas pour vous, mais moi si mon ventre dépasse de mon t-shirt, personne ne pensera à me faire de chatouilles…Ils n’auront tous qu’une idée en tête :  achète un autre t-shirt!!!​
•  Ils ont aussi le pouvoir, non-négligeable, d’anoblir la saleté!  Lorsque votre voisin a constamment la morve au nez (et qu’il se décide à la licher de temps en temps), qu’il lui reste du fromage entre les doigts et un peu de yogourt dans les sourcils après chaque repas, il y a peu de chance qu’il devienne votre meilleur ami!  Étrangement, du vomi de bébé, ce n’est pas comme du vrai vomi…ça ne compte pas.  Je n’accepterais jamais d’essuyer ma propre morve sur mon épaule, pourtant je tolère que mon petit, blotti contre moi, laisse une belle croûte luisante sur mon chandail.
• Dernier avantage, à mon avis le plus grand, ils n’ont pas à se soucier du poil!  Pas de rasage, pas d’épilation, pas de zone bikini…On ne rivalise pas contre ça!

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3.   Avoir besoin des autres

Mon petit dernier, pile dans ces âges, a clairement besoin de nous….Pour manger, pour se déplacer, pour assurer sa sécurité, pour se laver…  Mais est-ce si différent pour un adulte?  D’accord, la chose est plus subtile :  j’ai besoin de mes amis pour me divertir, de mon mécanicien pour réparer mon auto, de l’épicier pour me nourrir,  de mes enfants pour me sentir vivre, de mon mari…tellement!  Par contre, je ne dépends de personne pour éviter d’avoir la crotte au cul et ça, clairement, ça n’a pas de prix.  Je donne donc le point aux adultes!

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4. Communiquer

Quand un bébé parle, on se soucie peu de ce qu’il dit.  On l’encourage, on lui répond, parce qu’on sait que ça fait partie de son développement.

Gamin –  Maman, da-da-da, na-na!

Adulte : – Ah oui!  C’est super ça!

Gamin – Bababa-doudou.

Adulte – Ouiiii, c’est beau, tu placotes, bravo!

Gamin  –  Bawoo!  Bawoo!

Adulte :  Oooooh, t’es vraiment un champion!

Bien que je reproche souvent à mon entourage le manque de feed-back quand je leur raconte ma vie, je ne suis pas certaine que ce genre de feed-backs sauraient me satisfaire :

Moi –  Méchante journée aujourd’hui, Gaston a mis son efface dans le nez d’Émile et elle est restée prise!

Adulte – Ah oui!  C’est super ça!

Moi –  Pas vraiment, ça a pris le concierge pour lui enlever avec sa pince!

Adulte – Ouiiii, c’est beau, tu placotes, bravo!

Moi –  M’écoutes-tu?  Ça pas l’air de t’intéresser!

Adulte :  Oooooh, t’es vraiment une championne!

Ai-je besoin de proclamer un gagnant?

2 – 2, c’est l’égalité!

Bon, d’accord, l’exercice n’est pas d’une rigueur scientifique à toute épreuve, mais j’aime bien l’idée que mon benjamin, clairement, n’ait rien à nous envier!  J’aime bien le savoir sans souci, le petit cerveau presque vierge et souvent bien plus près du bonheur que les grands.  Comme le dit si bien la Bible, il vaudrait parfois mieux leur ressembler un peu…