Quand un petit bacon prend son envol…..
En septembre, c’est avec réserves et prudence que j’ai amené mon fils de 5 ans (tout juste) à la maternelle. Avec autant d’enthousiasme que d’appréhension. ..
C’est qu’il nous en a fait voir de toutes les couleurs mon petit! Cette fameuse période critique du bacon (aussi connue sous le nom de « terrible-two »), il nous l’a étirée de sa naissance à ses 4 ans et l’a ponctuée de moments d’une grande intensité! Des murs brisés, des morsures, des jouets arrachés. Nos biens personnels ont souvent été réduits en miettes par un petit bacon hystérique. Il a crié, crié, crié, HURLÉ, parfois pendant des heures. Il m’est arrivé de me demander si les voisins se décideraient un jour à contacter la DPJ à force de l’entendre hurler (merci, voisins, de ne pas l’avoir fait….)!
La vérité, c’est qu’il hurlait parce qu’on lui avait offert une pomme alors qu’il souhaitait un fromage…. Il ne voulait pas marcher de l’auto à la maison, il voulait être transporté (s’cusez pardon…). Sa maman lui avait demandé de faire partir sa toilette. Sa mitaine était froide. On avait répondu à la porte avant lui. On lui avait dit NON…
Et BOUM! La machine était en marche, la crise prenait forme, les cris et les coups ne tardaient pas à venir!
J’ai donc légitimement eu peur, un peu. Et s’il faisait le bacon chaque fois que son enseignante le contredit? Et s’il se mettait à taper sur ses camarades de classe en hurlant? Et s’il décidait de déchirer tous ses bricolages parce que son crayon feutre est croche et que ça l’agace?
Je l’ai donc confié à son professeure avec de nombreuses prières intérieures, bien consciente de son potentiel positif, espérant de tout cœur qu’il se montrerait à son meilleur. Qu’il investirait sa grande énergie à travailler de son mieux. Qu’il ferait voir la grandeur de son cœur et saurait se contrôler et se gérer comme on lui avait enseigné, enseigné, enseigné, ré-enseigné.
Et puis, les jours ont passés…. Pas de mort, pas de blessé…. Pas de crises à l’horizon, pas même de billet rouge (le comble de la punition…).
Un jour, il s’est mis à me parler de ses diamants que son professeure lui donnait parce qu’il se comportait bien. Ensuite est arrivé le premier billet bleu (le comble de la récompense)! Et ce ne fut pas tout. Des éloges de son enseignante, complètement sous son charme et, consécration ultime, il a eu son nom pas une, mais bien DEUX fois sur le tableau d’honneur! L’une des deux catégories étant son « comportement édifiant »….!!!???
Honnêtement, j’ai quand même un bon bagage de vocabulaire en poche mais là, je n’ai pas trouvé de mot! C’est quelque part entre la fierté et l’extase. Un mélange étrange de soulagement et de cœur qui veut exploser.
Ça y est, mon fils est un être social fonctionnel!!! Victoire!
Une fois l’emballement passé, vient la réflexion. Bien sûr, mon fils a tout en sa faveur. Aucune pathologie, pas de TDAH, une famille plutôt unie, rien pour le perturber ou l’angoisser démesurément…
Ceci dit, nous n’avons pas été parfaits. J’aimerais vous faire croire qu’il a toujours été le seul à hurler…. Mais je n’ai pas vraiment l’habitude de vous mentir! Nos nerfs en ont pris tout un coup et nous avons perdu patience certainement plus que ce qu’il fallait. Si vous lui demandez ce qu’est une maman hystérique, j’ai le regret de vous annoncer qu’il saurait vous la décrire… Elle serait frisée et joufflue…
Bien qu’une grande part du mérite lui revienne à lui, ce champion qui a su prendre sur lui-même et qui a choisi d’être un « king » du tableau d’honneur, je pense pouvoir identifier le mérite qui nous revient à nous, ses parents.
La persévérance.
Une fois les limites définies, établies, décidées de manière commune, je n’ai pas souvenir que nous ayons laissé passer quoique ce soit. Même si lui dire non impliquait des dommages matériaux et émotionnels. Même si tenir notre bout était parfois tellement plus difficile que de faire semblant qu’on avait rien vu.
Bien sûr, je me suis souvent remise en question. Est-ce si important qu’il s’assoit lorsqu’il mange? Et si je faisais semblant de ne pas avoir remarqué qu’il a dessiné sur les murs? Et tiens, pourquoi ne pas lui cuisiner un petit repas pour lui, quelque chose qu’il aimerait et qui nous éviterait le chaos à chaque repas? Il tape sur sa sœur? Et alors, elle l’a peut-être mérité!
Je ne peux pas en être certaine, mais j’ai une conviction assez profonde que mon petit bonhomme ne serait pas ce qu’il est à l’école si nous avions cédé à toutes ces belles tentations. Nous aurions alors laissé sa pauvre enseignante réparer les pots cassés, replacer les limites là où elles doivent être et tenter de faire de lui un enfant qui sait attendre, partager, collaborer. Ce n’est pas à elle de faire ça, c’est à nous, les parents, de s’y appliquer.
Je voulais écrire ces quelques lignes, oui parce que je suis plus que fière de mon petit creton, mais surtout pour vous encourager, parents, à ne pas baisser les bras avec vos jeunes enfants. N’abaisser pas les standards, soyez forts et constants. Non seulement vous pourrez aussi savourer cette belle extase que je déguste pleinement mais surtout, vous offrirez à votre enfant ce dont il a BESOIN.
Plusieurs croient encore à tort (souvent en raison de ce qu’ils ont eux-mêmes vécu), que les règlements, les conséquences et la discipline briment et oppressent leurs petits. Bien au contraire, c’est ce qui leur apporte la sécurité et la confiance pour aller de l’avant!
Demanderait-on à un enfant d’installer lui-même les barrières de protection dans une maison? De décider où on les mettra? Et la clôture de la cour? On se retrouverait avec un bambin assommé dans l’escalier et un intrépide en fuite dans la rue avant longtemps! Pourquoi alors leur demande-t-on d’établir eux-mêmes les limites morales? « Je peux faire à peu près ce que je veux, il n’y a jamais de conséquence…. ». C’est clairement aussi peu recommandable…
Donner un cadre ferme à un enfant, c’est lui dire qu’il en vaut la peine, qu’il est assez important pour qu’on lui enseigne, qu’on lui montre, qu’on le reprenne, qu’on lui tienne tête!
Est-il vraiment sécurisant pour un enfant d’avoir l’impression, du haut de ses quatre ans et de son ignorance, qu’il mène le monde? Je ne voudrais pas qu’on me confie la gestion d’une grosse PME ou le contrôle de la sécurité routière! Dois-je vous dire que je ne m’y sentirais pas à l’aise ? C’est souvent ce que nous demandons à nos enfants de faire : Gérer eux-mêmes leurs comportements alors qu’ils ne sont pas en mesure de le faire.
Il a le sourire fendu jusqu’aux oreilles lorsqu’il rentre de l’école. Mon petit bacon a pris son envol, il a le vent dans les voiles! Un vent fait de règles, de contraintes, de limites. Ok, ok, un vent plein d’amour, c’est sûr. Mais un amour qui ne fait pas que contempler. Un amour qui s’implique, qui conduit, qui instruit. Ne laissez pas les enseignants souffler tout seuls dans leurs voiles, soyez cet élan qui les mènera loin, plus loin encore que vous l’aviez espérer.
Ils en valent la peine, nos petits bacons….
Merci STUDIO JUZOLIE pour le Joli minois…
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Marie-Kikou dit
Je suis heureuse de constater qu’il existe un autre bacon ! Pourtant nous ne cédons rien mais les crises sont bien là, et souvent… et à l’école ? tout va très bien et c’est vrai que c’est aussi ce qui me rassure ! Elle a 3 ans et demi plus que 6 mois c’est ça ? 😉 Merci beaucoup pour ce post qui m’encourage beaucoup dans mon « non lâcher prise » et merci de nous dire que vous craquez aussi, je me sens moins coupable de ne pas être toujours d’humeur égale.
Nadia dit
les mots se bousculent dans ma tête Julie …. je ne peux pas commenter ça crée un blocage dans mon cerveau mais je suis certaines qu’avec ta facilité à verbaliser les choses tu sais très bien tout ce que j’aurais envie de commenter!!:)
Julie dit
Oh que oui Nadia, je sais!
Je sais que la persévérance demande parfois beaucoup.
Je sais aussi reconnaître une personne qui fait toute la différence dans la vie d’une enfant! XXX
Nadia dit
merci Julie!
Mamande3 dit
Wow wow et wow! Quel beau texte auquel j’adhère totalement! Je me dis qu’il y a de l’espoir!! La maman hystérique c’est moi aussi ça 🙂 Ceci dit, chez nous on vit avec le défi du TDAH (et plus… ) mais raison de plus pour persévérer ! Merci pour le partage.
Kathleen dit
Wow 🙂
Quel bel article 🙂
Merveilleux la vie de parents pleins d’embauche mais tellement d’amour !!! C’est ce qui nous pousse a continuer a chaque jours, quand on voit les résultats de nos efforts :)merci c’est si bien décris !!!
Milène dit
Merci, c’est un discourt que je tiens auprès des parents avec qui je travaille… avoir des nouveaux mots et d’autres exemples à donner rafraîchira mes commentaires, j’aurai moins l’impression de radoter 😉 ! Super, j’adore l’exemple sur la PME, tout en image, comme je les aime 🙂
Syndie dit
Super beau post! J’aurais pu l’écrire mots pour mots… C’est incroyable comment nos cocos se ressemblent! J’ai fait la même réaction que toi quand j’ai vu « comportement édifiant » sur le bulletin de ma cocotte… Dans ma tête, on parles-tu vraiment du même enfant? Mais je sais que ma cocotte est capable du mieux… Et ca fait du bien de voir qu’ils s’adaptent bien à l’école! Ca soulage notre coeur de maman! 🙂
yolande dufour dit
J’ai adoré la lecture de votre message et je suis d’accord à 100% avec vous. J’ai eu mes sept enfants (six filles et un garçon comme dernier) en six ans et demi. . Mon aînée avait 32 mois, un couple de jumelles de dix-sept mois et je sortais de l’hôpital avec deux autres jumelles. Une autre fille suivait et un garçon.
Mon aînée a maintenant 55 ans.
Par périodes, ce n’était pas toujours facile. Je suis fière de ma belle famille.
Mon mari est décédé depuis 23 ans. Je récolte ce que nous avons semé.
Chantal Brood dit
Ouf !! Réconfortant de vous lire ! je m’explique. J’ai eu les mêmes craintes que vous avant l’entrée à l’école de fiston il y a 3 ans ! Sauf que dans mon cas, mon cauchemar s’est réalisé … Il a un diagnostic de TDAH avec provocation et trouble oppositionnel, l’escalade est allé jusqu’au renvoi de l’école … je l’encadre, et il a plein de conséquences, tableaux de motivation et de récompenses , de suivi de toutes sortes, de médication …. mais il s’améliore avec les années, il devient plus calme. A 8 ans , il commence à exprimer ses émotions … le chemin est encore long , et j’ai souvent envie de baisser les bras; mais de vous lire me rassure , il faut pas que j’arrête ce que j’ai fait jusqu’à présent. Notre route est longue et pénible, mais on continu de se battre ensemble pour réussir ! Bravo à toute la famille !
Julie dit
Bravo à vous Chantal, ça prend beaucoup d’énergie pour persévérer quand les difficultés sont grandes et nombreuses. Vous faites ce qu’il y a de mieux pour votre fils, un jour il vous en remerciera!
Annie dit
Je suis vraiment touchée par ce post!! Vraiment beaucoup. Ça encourage!! xx