Bien sûr, j’aime le chocolat. J’en mange parfois. Pas trop. Juste de temps en temps. Je cache ensuite le papier pour ne pas que mon mari le trouve. J’attends que personne ne regarde. Je jette un regard furtif autour de moi et je camoufle un « Ferrero Rocher » dans ma commande d’épicerie. Je m’assure de ne pas être observée, vue, démasquée.
Je rêve de sortir du placard. De manger, comme les gens minces, mon chocolat au grand jour! J’ai de belles amies toutes menues qui assument leur poutine, leurs beignes et leur chocolat! Moi, jusqu’à aujourd’hui, je n’assumais pas. Comment le pourrions-nous, moi et mes rondeurs? Le chocolat, c’est le sucre, c’est les calories vides, c’est le mal!
Je sais tout ça depuis longtemps, je deal avec des rondeurs passées de mode depuis toujours. Les calories, les glucides, les sucres-rapides, le gras trans…. Je jongle avec tous ces indésirables depuis maintenant près de 20 ans.
Pour être bien honnête, je pense que je me débrouille bien côté santé. Chaque dimanche, quand vient l’heure de planifier les repas de la semaine, les fruits, les légumes, les protéines, les fibres, les viandes maigres et les fruits de mer se bousculent sur ma liste. En bonne élève, je fais tout ce qu’on me dit : Pas trop souvent de viande rouge, les quatre groupes alimentaires dans l’assiette, des légumes, des légumes, des légumes…. Des noix de temps en temps, des céréales complètes, du pain de blé, des yogourts grecs….
Sérieux, il me semble que je performe assez bien! Ajoutez à cela un style de vie actif et une discipline en béton quand vient le temps de me défoncer dans un bon cour de Tae-Box ou de cardio-militaire… Je suis franchement fière de moi!
Mais bon, vous le devinerez, il y a une ombre au tableau. Une petite catastrophe de rien du tout. Toutes ces belles et bonnes habitudes ne changent rien au fait que je suis une jolie dodue! À moins d’une peine d’amour (et grâce au ciel je n’en ai vécue qu’une fois), je ne maigris pas. C’est ainsi. J’ai arrêté d’essayer de comprendre, de blâmer ma génétique, ma flore intestinale, mon métabolisme… J’ai arrêté de crier à l’injustice (ok, je crie encore parfois un peu, mais beaucoup moins qu’avant). C’était trop épuisant.
J’ai 33 ans. Je n’en suis plus à me détester et à me plaindre devant mon miroir. Je n’ai jamais non plus accepté de tomber dans l’excès : pas de régime à la pelure de pamplemousse, pas de pilules magiques douteuses et dangereuses. Juste ce qu’il faut pour être en santé.
Quand je m’offre, par pur plaisir charnel, une jouissive dose de chocolat au lait praliné, je le mange sans remord, convaincue de l’avoir bien mérité! Après tout, il faut bien se garder un peu de « mangeons et buvez car demain nous mourrons », non?! Je ne me cache pas par culpabilité, je me cache par peur d’être jugée.
Que diront-ils, ceux qui n’ont pas vu ma belle liste d’épicerie-santé : « Quelle inconscience, du chocolat quand on a des livres à perdre! » ou encore « Il serait temps qu’elle se prenne en main »… Ils s’imagineront que je me néglige, que je suis ignorante ou que je n’ai aucune volonté. Que je méprise ma santé, que je me gave sans arrêt.
Lorsque j’ai commencé à m’aimer, lorsque j’ai cessé de me casser la tête avec toutes cette mode débile d’être « mince à tout prix », je me suis fait un grand cadeau.
Je suis certaine que si j’arrive à me libérer du jugement des autres, je m’en ferais un autre, tout aussi grand.
C’est pourquoi j’ai choisi aujourd’hui de vous dire, de vous écrire, haut et fort, que JE MANGE DU CHOCOLAT.
Il y a quelques années, après que j’aie accouché de mon fils, je travaillais très fort pour reperdre les vilains kilos qui voulaient être mes amis pour toujours. Mais bien sûr, il m’arrivait parfois d’avoir BESOIN d’un peu de chocolat. Je n’en garde jamais à la maison, ce serait trop perturbant… Mais une fois, il est resté une moitié d’un pot de Nutella quand nous avions acheté en camping. De retour à la maison, je pensais sans cesse à lui. J’étais obsédée. Mais j’étais aussi terrifiée à l’idée que mon mari, que me trouvait extraordinaire dans tous mes efforts et ma discipline pour perdre du poids, ne découvre quand j’avais achevé tout le pot de Nutella en quelques jours seulement! Je l’ai donc caché. J’ai fait semblant de ne pas savoir où il était passé. J’ai blâmé les enfants (c’était si facile). Puis, après une semaine entière de mensonges concernant le pot de Nutella manquant, j’ai craqué. J’ai dit toute la vérité.
Il m’a effectivement méprisée. Mais pas pour les raisons que je croyais. Il m’a dit :
– Je n’en reviens pas! Tu peux bien manger tout le chocolat que tu veux, mais je n’en reviens pas que tu doives le faire en cachette! Tu devrais vraiment te soigner….
Bien sûr, lui, svelte et magnifique, il se tape parfois une boîte complète d’ailes de poulet à la collation du soir. Jamais il ne cache la boîte. Jamais il ne camoufle les preuves.
C’est à ce moment qu’a commencé une grande et belle réflexion qui m’a menée jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à oser écrire sur mon blogue, à mes milliers de lecteurs, que je n’ai plus envie de me cacher. Que je n’ai plus envie de jouer à « être mince ». Que je n’ai plus envie d’entendre parler des 4 groupes alimentaires 200 fois par jour. Que je n’ai plus envie qu’on martèle les oreilles de nos petites avec nos obsessions malsaines. Je ne veux plus que la balance mène ma vie.
Je veux être en santé, bien sûr. Et je veux, surtout, manger mon chocolat au grand jour!
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Syndie dit
Définitivement, tu es hot!!! J’ai pas fait autant de chemin que toi sur ce sujet hihi, mais me cacher pour manger un morceau de chocolat, je l’ai fais!!! M’accepter, non pas encore, un jour peut-être! (Je me suis dit que ce serait à 30 ans…. Hum, il reste pu beaucoup de temps!)
Je fais comme toi, si on voyait ma liste et les efforts que je fais devant ma télé à faire mon zumba quotidien, les gens ne jugeraient pas… Mais malheureusement, si tu as des kilos en trop et qu’on te voit manger plus que tu ne le devrais, on pense que c’est toujours comme ça… Et je dirais que ce n’est pas juste pour le chocolat… On parle de resto rapide, de jujube, de buffets, etc…
Bravo pour ta réflexion et ton super billet!