7h50, comme d’habitude, c’est le chaos sur le pas de la porte.
« Est-ce que tout le monde a son lunch, son chapeau, sa crème solaire? Vite, enlève tes bas, il fait chaud tu dois mettre des sandales aujourd’hui. Merde, où sont mes clés? Et la suce du bébé!… »
Un matin classique quoi. Évidemment, tout serait tellement plus simple et moins stressant si on se levait 10 minutes plus tôt pour éviter le chaos…. Mais malgré toute notre bonne volonté, on persiste à se lever à la limite du possible pour partir à l’heure. Malgré leur interdiction d’exister, les imprévus nous mettent en état de panique presque tous les matins.
Une fois dehors, mon fils cadet évalue qu’il lui reste un bon 2 minutes avant que tout ce beau monde en panique ne soit rendu dans l’auto. Pas question de gaspiller 2 minutes de sa vie, pourquoi ne pas les passer à se faire tourner sur la balançoire? Comme en toute chose, il se donne à fond et bientôt, il ne manque que lui dans notre superbe Buick.
– Arrête de te faire tourner comme ça, tu vas être malade! Dépêche-toi, on part.
De peine et de misère, il parvient à stopper la balançoire et se joint enfin au reste de la famille, légèrement sur les nerfs. Évidemment, il ne se sent pas bien.
– Maman, maman, j’ai mal au ventre!
– Je sais, c’est parce que tu as trop tourné. Regarde par la fenêtre, ça va passer.
Et c’est un départ! On laisse papa à l’arrêt d’autobus et on essaie de faire descendre le stress matinal en chantant un peu. Direction la garderie. Mais voilà que, quelques secondes avant notre arrivée, mon fils n’en peut plus de ce mal de cœur qu’il a lui-même provoqué. J’entends alors ce son, ce bruit sordide qu’on ne veut pas entendre. Immédiatement, l’odeur me confirme ma plus grande crainte. Mon fils est en train de se vomir les tripes dans l’’auto! Déjà fragile sur le mal des transports, sa balançoire l’a clairement achevé.
C’est le moment de rester calme. Le moment de bien respirer. Les élèves seront dans ma classe dans 12 minutes, je suis à la garderie, mon fils cadet et ma voiture recouverts de vomissures, ma grande fille qui menace d’imiter son frère si je ne règle pas sur le champs le « petit problème d’odeur » qui envahit notre espace et mon bébé qui ne sait plus trop où donner de la tête.
L’agent OSO, dans pareil cas, est mon meilleur secours! Ce personnage d’émission pour enfant qui règle toujours tout en 3 petites étapes!
Étape 1 : Appeler l’école
Étape 2 : Laver mon auto
Étape 3 : Appeler maman (sans intention précise, une telle situation exige toujours un appel à maman).
Naïve, j’ai cru un instant pouvoir laisser mon bébé à la garderie et ne m’occuper que de l’auteur de la catastrophe. Mais ma gardienne, merveilleuse en tous points soit dit en passant, me ramène vite les pieds sur terre. Vomi = gastro = quarantaine familiale et rejet social pour au moins 3 jours. Les regards de dégoût, quant à eux, peuvent se poursuivre jusqu’à 2 semaines suivant l’évènement.
Merde, j’avais oublié. Oublié que, dans notre belle société, presque tout est accepté! On peut être vulgaire, impoli ou malpropre. On accepte toutes les différences, les opinions, les religions. Mais vomir, ÇA, c’est interdit!
Ma généreuse gardienne m’offre gentiment son boyau d’arrosage et une chaise haute pour immobiliser mon plus petit le temps de nettoyer un peu tout ça. L’étape numéro 1 étant accomplie, je m’attaque à l’étape numéro 2. Je dois détacher le siège d’auto, l’asperger avec le boyau d’arrosage, puis m’attaquer au tapis et à l’intérieur de l’auto. Je vous mentirais si je vous disais que j’ai réussi à garder mon calme quand, la tête dans le coffre, j’essayais vainement de détacher la foutue clip du siège d’auto. Je déteste ce genre de niaisage!!! Mais voilà, quelques gros mots plus tard, c’est mission accomplie. Je focusse sur l’agent OSO, ça m’aide à me contrôler.
Après l’auto, il faut s’attaquer au garçon! Impossible de rentrer dans la garderie, impossible de le laisser dans son vomi, je dois obligatoirement le nettoyer au boyau, là, dans le stationnement! Il n’est pas d’accord. Évidemment. Il hurle, gesticule, me met du vomi partout. Je n’ai pas le choix, je l’asperge et le déshabille contre son gré, alors que les autres parents passent près de nous, généreux en regards de dégoût. À 4 ans, se retrouver nu dans un stationnement, c’est pas super! Je me dépêche donc de lui enfiler les seuls vêtements de rechange que j’ai, ceux de son frère de 1 an. Il a la bedaine à l’air et les shorts dans la craque de fesses. Étape no. 2 accomplie.
Avant d’appeler maman, je dois remettre tous les enfants dans l’auto mouillée, aller porter ma fille à l’école, rentrer pour expliquer la journée à « Mme n’importe qui » qui a été trouvée in-extremis pour me remplacer et, enfin, je rentrerai chez moi et j’appellerai maman. La seule qui ne sera pas dégoûtée.
3 jours plus tard, théoriquement, on a le droit de réintégrer la société. Le mot « gastro » nous suivra bien encore quelques jours et mon fils est bien averti : Interdiction de tourner dans la balançoire le matin! La fin de semaine arrive enfin, et, joie, ma fille est invitée à une fête! Quand je reviens la chercher, quelques heures plus tard, elle est couchée, inerte et douteuse.
– Elle a mangé beaucoup de gâteau puis elle a sauté sur le trampoline et là, elle a mal au ventre!
Alerte de gastro, c’est reparti! Ma pire crainte est qu’elle se mette à vomir partout et que la fête se termine en monstrueux scénario de terreur gastroïdienne! Je la place devant la toilette le temps de réunir le nécessaire (pas question de ramasser un autre vomi dans l’auto). Un bol, une bouteille d’eau, on ramasse nos choses en acceptant à nouveau les regards de dégoût (bien légitimes) et on part en catastrophe pour éviter le pire. Tout le long du trajet, ma fille se plaint, elle dit qu’elle ma vomir, qu’elle a mal au cœur. Mais à la seconde où elle descend de la voiture, elle part jouer dans la cour, remise à neuf! Le gâteau est digéré. Fin de la panique. 3 nouveaux jours de quarantaine, retrait social obligé et une nouvelle interdiction familiale : Interdit de sauter sur un trampoline après avoir mangé un gâteau avec trop de glaçage!
Le lundi suivant, certaine d’en avoir fini avec tous ces épisodes de « faisons semblant d’avoir la gastro », ma fille remet ça. Elle regarde le gruau de son frère en disant :
– Ark maman, du gruau c’est vraiment dégueulasse, je le regarde et ça me donne envie de vomir!
Reine du drame, elle en met tellement qu’elle finit par se lever le cœur et vomir son verre de jus fraîchement avalé!
Ça y est, j’en ai assez. J’élargis l’interdiction : INTERDIT DE VOMIR! Point final.
Dans mon énervement, je fais une belle envolée verbale aux enfants
– Vous ne comprenez pas! Chaque fois que vous vomissez ou que vous dites que vous avez mal au cœur, plus personne n’a envie de vous voir!
Cette fois, on s’assure d’éviter la quarantaine et le dégoût, le mot d’ordre est LE SILENCE! Pas question que ce petit vomi insignifiant d’une fillette de 7 ans qui a décidé de nous faire une grande interprétation théâtrale ne nous force à annuler une autre semaine d’activités et de vie sociale!
Moi la première, quand ça sent la gastro, j’essaie d’éviter! Mais cette dernière semaine et toutes ces émotions intestinales m’ont donné envie, étrangement, de faire un plaidoyer en faveur du droit de vomir! Ça fait partie de mes « 3 petites étapes » pour oublier cette semaine…dégoûtante! Ha! Ha! Ha!
Véronique dit
J’aime tellement le : Appeler maman (sans intention précise, une telle situation exige toujours un appel à maman). J’ai moi-même fait un appel à maman ce week-end, car la situation l’exigeait. OSO et ses 3 p’tites étapes, toujours pratique.