J’ai toujours été une accro du bouquin. Depuis toute petite.
J’ai d’abord épluché la bibliothèque de ma mère. J’y ai fait toutes sortes de découvertes! À son insu, j’ai plongé, dès mes huit ans, dans le monde des adultes. Les orphelins de Duplessis. Les sagas historiques. J’ai compris bien vite à quel point les livres étaient une porte d’entrée incroyable sur le monde des grands et son fonctionnement.
À l’époque, je me souviens que je lisais, puis relisais à l’infini les passages qui me plaisaient ou m’étonnaient. J’ai dû lire au moins une trentaine de fois le livre « De père en fille » sans jamais toutefois m’intéresser un tant soit peu à Louise Simard ou Jean-Pierre Wilhemy. Puis, à l’adolescence, j’ai mis mon nez dans l’univers des poètes. Gilles Vigneault, Yves Duteil et tant d’autres dont je n’ai pas retenu les noms. Il m’ont donné la piqûre des mots. Un cadeau inestimable. Je m’extasiais devant leurs proses qui, à tout hasard, semblaient souvent raconter ma vie. Je trouvais le pouvoir du « mot juste » renversant et salutaire!
Ensuite je me suis intéressée aux biographies. Juste du vrai! Je voulais entendre parler de vraies histoires, de vrai monde. Mais même là, même dans ce contexte, une semaine après ma lecture, j’oubliais le nom des auteurs qui m’avaient ainsi livré leur vie sur un plateau d’argent.
J’ai butiné d’un livre à l’autre toute ma vie. Et pourtant, jamais je ne me suis intéressée à celui qui écrivait.
Jusqu’à ce que j’écrive à mon tour.
Jusqu’à ce que je passe des heures à me lire et me relire. Jusqu’à ce que je vive le moment euphorique de la naissance d’un bébé de papier. Jusqu’à que les doutes me pourchassent et que je me remette en question sans arrêt. Pendant et après. Jusqu’à ce que je scrute le Web à la loupe pour savoir si quelqu’un avait quelque chose à dire sur mon livre dans lequel j’avais mis tant d’amour et de travail. Jusqu’à ce que j’apprenne à quel point ce projet me rapporterait bien peu en terme d’argent (mais beaucoup en terme d’accomplissement). Jusqu’à ce que je prenne place dans le rouage, que je mette le pied dans le bureau de mes éditeurs (éditrices dans mon cas). Jusqu’à ce que je m’assois en face de Louise Portal au Salon du livre et que j’aie l’impression d’être à la fois glorieuse et invisible.
Jusqu’à ce que des lecteurs généreux prennent la peine de m’écrire sur ma page Facebook. Qu’ils me parlent de mon livre, de ce qu’il leur a fait vivre. En vingt-six ans de lectures passionnées, je n’avais JAMAIS pensé écrire un mot à un auteur, m’eut-il fait vivre des émotions pour lesquelles j’aurais été prête à payer très cher.
Tout a changé. Je connais maintenant l’envers de la médaille. Alors que je m’applique discrètement à donner vie à une seconde oeuvre, je pense presque chaque jour à mes semblables qui s’évertuent à pondre des livres étonnants et touchants, presque toujours en parallèle de leur « vraie carrière », celle qui leur apporte le pain et le beurre.
L’an dernier, le 12 août 2014, Patrice Cazeault et Amélie Dubé ont fait vivre aux auteurs québécois une journée mémorable. Je ne saurais dire dans quel contexte leur est apparue cette brillante idée, mais toujours est-il qu’ils ont initié le mouvement « Le 12 août, j’achète un livre québécois » auquel une dizaine de milliers de québécois se sont engagés à participer. Ont alors déferlé sur Facebook les photos des livres achetés par notre belle nation. Des livres de chez nous. L’oeuvre de nos mains.
Dans le contexte actuel où le marché se fait hostile, il est très difficile pour un auteur québécois qui n’est personne, une petite trentenaire sans histoire par exemple, de faire sa place sur les tablettes et dans le coeur des lecteurs.
Je sais que plusieurs adeptes de lecture lisent sans jamais s’attarder sur le petit nom au bas de la couverture. Mais le fait est que derrière chaque oeuvre qui vous aura envoûté se cache un auteur qui aura travaillé pour vous divertir, vous toucher. Qui aura, bien souvent, livré de sa propre personne pour achever une oeuvre crédible. Aujourd’hui, les auteurs ont été mis à l’honneur et le spectacle fut magnifique!
Cette année encore, l’événement se renouvelle. C’est gratuit. C’était plaisant. C’est une brise forte et douce dans les voiles de vos auteurs. Alors je vous encourage à y participer!
Et la beauté de la chose, c’est qu’on peut s’inventer un 12 août quand bon nous semble, à tout moment de l’année!
Longue vie à l’événement…
Sophie dit
Et bien moi, pour me faire plaisir, j’ai profité du 12 août 2014 pour m’offrir en cadeau ton « bébé de papier » ! En tant qu’éducatrice et maman trois fois, je m’y suis reconnue et enrobée de bons souvenirs puisque les miens sont rendus grands! J’ai aussi offert ta « Trentenaire sans histoire » à ma charmante Bru qui a fait de nous d’heureux grands-parents cette même année… Et elle pourra se projeter dans ce qui l’attend à travers la lecture de tes textes puisqu’elle attend un deuxième poupon avant la fin de l’année!! Pour ce 12 août 2015, je vais encore me faire des cadeaux et gâter mes amours mais je n’ai pas encore arrêter mon choix, à moins que ton deuxième bébé soit sur les tablettes d’ici là!!
Julie dit
Je suis absolument ravie d’entendre (de lire) ça! Merci beaucoup! Pour ce qui est du deuxième bébé, il est toujours entre les mains de mon éditeur, à exercer ma patience… Les bébés de papier ont l’habitude des gestations qui s’étirent en longueur!
Suzanne dit
Il est vrai que nous ne pensons pas écrire un mot aux auteurs qui nous ont nourri l’âme avec leurs histoires….Pourtant, quand je lis leurs œuvres combien de fois je salue leur génie, leur choix de mots, leurs idées etc…Il en est de même pour toi ma chère, de nombreuses fois je me suis dit » Il faut que je lui écrive un mot pour lui dire combien j’ai aimé son livre Trentenaire » et je ne l’ai pas encore fait!!! La vie nous promène un peu partout et on oublie nos élans du cœur parfois! Aujourd’hui j’en profite avec ce blogue pour te dire que j’ai eu un plaisir fou à te lire. Je m’y suis retrouvée tant de fois!! J’ai été soulagée de voir qu’il existait d’autres bibittes comme moi, qui vivent leur vie avec passion! Nous partageons également le même métier l’enseignement et comme toi je me suis lancée comme auteure jeunesse. Il est vrai que lorsque nous traversons de l’autre côté, nous voyons tout le tourment que peut avoir un auteur, toutes les remises en question, les doutes, la peur de ne pas être à la hauteur etc.
Mais quand un enfants vient me voir pour me dire combien il a aimé mon livre, mon cœur chavire et je reçois à cet instant le plus beau des cadeaux. C’est un métier où il est difficile de faire sa place, mais en même temps ce désire de partager nos histoires avec les autres est plus fort. Si fort que mon conjoint m’a proposé de partir notre propre maison d’édition pour que j’ai la chance de publier mes histoires! Donc, en juin dernier nous avons sorti le premier livre et nous sommes à la création du prochain! Si le tu le souhaites vient nous visiter sur notre site web « leséditionslamaisonbleue.com » J’ai bien hâte de lire ton prochain livre ma chère! Continue de nous faire sourire avec tes tranches de vie!!
Suzanne Lalancette
Julie dit
Mille mercis chère Suzanne! Comme c’est gentil. Je vais aller fouiner sur « la maison bleue » avec intérêt. À lire ton message, je pense qu’on a beaucoup en commun…
Suzanne dit
Merci, comme je sais que tu enseignes je te propose de suivre fin août, début septembre, le coin prof sur le site. Je placerai des idées et des suggestions d’activités à faire en lien avec mon histoire Rosita Larose! Au plaisir!!!