7 janvier 2014. Mes enfants seront de retour sur les bancs d’école.
– Et puis, vos vacances? Leur demandera immanquablement leur professeur.
Maggie s’empressera alors de raconter son superbe voyage à Walt Disney. Elle aura des photos, des souvenirs et multiples babioles. Et elle ne sera pas la seule… Jacko y sera allé aussi. Mimi n’aura pas vu la Floride mais elle aura nagé avec les dauphins en Jamaïque pendant que Wilfred aura contemplé la tour Eiffel….
Après ces 4 récits fantastiques, les petits québécois qui n’auront pas quitté leur pays frigide se lanceront aussi dans leurs histoires de vacances, toutes plus épatantes les unes que les autres. Le Village Vacances Valcartier, Récré-o-fun, Carrie Factory, l’Hôtel de glace… Certains auront fait du traîneau à chien, de la pêche sur glace… du Deltaplane ? Pourquoi pas!?
Et mes petites frimousses à moi? Qu’auront-ils à raconter quand leur tour viendra? Que nous sommes restés pris dans le remblai de neige plus d’une fois? Que nous avons « capoté » en trois skis dans la forêt derrière la maison des cousins? Que grand-papa leur a fait faire un tour de couverte (rien de bien compliqué, grand-papa tire et les enfants tentent de rester sur la couverture le plus longtemps possible)?
Ils parleront peut-être du superbe dessin que leur frère de 2 ans a gribouillé et déposé dans leur bas de Noël? Des biscuits Pillsbury qu’ils ont décorés et mis au four? De notre sapin qui, une fois dépouillé et mis dehors, se déplaçait sans cesse, poussé par le vent. On ne savait jamais où on le retrouverait! Des longues heures à jouer aux Playmobils contre Fraisinette? De maman et papa qui n’arrêtaient pas de dormir? De la musique dans le piton pour un moment de danse familiale en bobettes dans le salon…. (Ai-je besoin de préciser que moi, leur mère, je reste habillée….)
Peut-être qu’ils ne diront rien. Peut-être qu’ils auront l’impression que toutes ces banalités ne méritent pas d’être racontées? Mais j’espère qu’au contraire, dans leur belle naïveté, ils auront envie de tout dévoiler! Puisque ces moments leur auront apporté des bonheurs d’une aussi grande valeur, pourquoi se priveraient-ils de les partager?
Peut-être qu’en 2015 ou 2018 viendra notre tour de nous envoler comme Maggie ou Wilfred. Vous faire croire que de tels projets ne me font pas envie ne serait pas très honnête. Mais quelque chose me dit que, sur l’échelle du bonheur, il ne nous manque rien ici pour égaler les vacances de Jacko ou celles de Mimi…
Dans l’un de mes moments « traînons sur facebook » que je me suis permise pendant le congé, je suis tombée sur ce petit vidéo dans lequel les membres d’une tribu amazonienne reculée contemplent des images de notre civilisation.
http://voyagerloin.com/actualite/tribu-en-amazonie-regarde-premiere-fois-images-notre-civilisation/
Plongée dans la course aux cadeaux et aux activités, je me suis prise à envier ces gens qui, contrairement à nous, savent encore ce qu’est un besoin…un vrai. Bien sûr, les civilisations modernes ont plus de culture, de savoir et sont passées maîtres dans l’art du confort. Mais ma petite voix intérieure me dit que, tout comme un voyage à Cancun n’assure pas le bonheur, ces gens savent autant, probablement même mieux que nous, ce que c’est que d’être heureux…
Cette semaine, au cœur de mes simplistes vacances, j’ai observé de loin la folie aliénante du mythique « Boxing Day ». Un gros amas de fausses aubaines et de besoins créés de toutes pièces. Malgré ma conscience de l’arnaque, il est bien difficile pour une petite occidentale bien dressée d’y résister… Je me suis donc demandé de quoi je pourrais bien avoir besoin? Après de longues minutes de réflexion, j’ai enfin trouvé :
– J’ai besoin de linges à vaisselle !
Tel fut mon constat! C’est vous dire à quel point notre belle civilisation n’a plus aucune notion réelle de ce qu’est un besoin…. Ces petits amazoniens, bien loin du Boxing Day, ont besoin d’attraper une grosse larve pour leur souper. Ont besoin de réparer le toit avant que la pluie arrive. Ont besoin de se tailler une lance solide pour se protéger.
Nos enfants, à notre image, sont geignards et souvent ingrats…. Parce qu’ils n’ont jamais, ou très rarement, eu vraiment besoin. Pas plus qu’ils n’ont eu l’occasion d’entretenir à long terme des désirs inassouvis avant que le Père Noël, la fée des dents ou une autre généreuse entité ne s’en soit chargée.
Ce vidéo fut assez pour me convaincre de rester chez moi et de vivre encore quelques semaines avec ces vieux linges à vaisselle dont je n’aime plus la couleur…
Bien qu’il ne soit pas péché d’avoir envie de les apprécier, nous n’avons pas besoin de remplir nos vacances de grandes extravagances.
Mais alors, nous restent-ils quelques besoins réels à assouvir, question de mettre nos énergies au bon endroit! À mon sens, il y en a quelques-uns, oui. Plus subtils que de se nourrir ou de se loger, mais des plus déterminants dans notre monde de cinglés.
Je pense que nous avons un urgent besoin de nous arrêter. Je pense que nous avons besoin de contempler ce qui nous a été donné et de dire merci. Je pense que nous avons besoin d’aimer davantage et de pardonner plus souvent.
Est-ce que nos enfants nous remercieront pour ces petites vacances sans flafla qui ne leur vaudra en rien la première place au palmarès scolaire des plus belles histoires de vacances? J’aimerais le croire. Mais même si ce n’est pas le cas, ils auront au moins la chance de rêver encore, et peut-être pour longtemps, de s’envoler pour Walt Disney. Ils auront le temps de désirer en secret de plus grandes aventures ou de plus spectaculaires jouets. On apprécie tellement plus ce que l’on a longtemps désiré….
J’aurais tellement aimé avoir pensé à ces mots avant Mike Rosenberg du groupe Passenger. Mais pour l’occasion et parce que ça résume tellement bien mes idées, je vais lui emprunter, le temps d’un petit blogue, les magnifiques paroles de sa chanson « Let her go » qui sauront conclure à merveille cette petite réflexion:
Well you only need the light when it’s burning low
Only miss the sun when it starts to snow
Only know you love her when you let her go
Only know you’ve been high when you’re feeling low
Only hate the road when you’re missing home
Only know you love her when you let her go
Helen Hayes Desjardins dit
Bonjour Julie!!
Je viens de lire quelques unes de tes écris !!
J’aime vraiment te lire !tu dis vrai et tu me fais tjrs sourire!
J’ai hâte de lire aussi ton nouveau livre!!
J’en profite pour te dire ,
Il y a une dame de notre élise qui a écrit un petit livre pour ou sur Victor!!
En sa mémoire ,il s’intitule ..une belle promesse…
Il est sortis et imprimer il y a à peine quelques jours!!
Il est simple et les fonds des profits iront dans un compte pour les études de ses trois frères!!!
Ça fait un beau souvenir!!!
Je te souhaite un temps des fêtes calme et heureux avec tes petits mousses et ton amoureux!!!
Gros calins à chacun!!!
Tante Helenxxxxxooooo
Julie dit
Oh wow! Quel beau projet! J’en veux une copie. De très joyeuses fêtes à vous, les Desjardins de Terrebonne! XXX
Marie dit
Ps: ça ne se veut pas méchant, j’ai été choquée un peu seulement.. J’espère que ça ne sonne pas trop acerbe!
Marie dit
« On besoin » pas de t, à trois reprises, vraiment? Sans vouloir vous critiquer, vous êtes vraiment enseignante?! J’espère que c’est juste de l’inattention… N’empêche, vos chroniques sont très intéressantes! Bonne continuation.
Julie dit
Bonjour Marie. Eh oui, les enseignants sont des gens normaux qui oublient parfois leurs « t »! Mais bon, tout est corrigé, vous pouvez dormir en paix! Sans rancune. Si vous voyez d’autres erreurs, vous pouvez me le signaler dans un message perso, ce serait fort sympathique et un peu moins « acerbe » en effet. Au plaisir.
Maryse Duquette dit
Inspirante , Réaliste, Véridique, Profonde, Focussée, Humble, à quand feras-tu l’éditorial dans la section Vivre la vraie vie du journal ou de la revue le plus vendu au Québec … tu as tout un talent . je serai sans doute une des premières à acheter ton livre pour donner en cadeau d’accouchement… je susi une de tes fans …
Julie dit
Comme c’est gentil Maryse! Étant toi-même une personne très inspirante, c’est d’autant plus touchant….
Brigitte Gagnon dit
J’aime te lire par l’entremise d’une amie mais maintenant je pourrai toujours te lire. Je me reconnais dans tous tes articles et j’ai une personnalité semblable ( en plus je fais le même métier). Bonne année 2014. Santé, amour et plaisir
Julie dit
Merci Brigitte, bonne année à toi aussi! Au plaisir de lire tes commentaires en 2014!
Bélanger Marlène dit
Je te félicite Julie de ton beau talent. C’est la première fois que je lis un de tes textes. Cela m’a beaucoup plu. Mon fils, Jimi, m’en avait parlé. C’est vraiment songé et cela fait réfléchir car je suis moi-même allée aujourd’hui dans un magasin, chez Latulippe pour ne pas le nommer. Je croyais avoir besoin d’un manteau alors que j’en ai deux. Bien sûr, je suis ressortie sans n’avoir rien acheté.
Merci et félicitations également pour ta belle famille!
Marlène Bélanger
Julie dit
Ha! Ha! C’est vrai qu’on fait tous cela, magasiner des objets que l’on a déjà! Merci beaucoup Marlène….