Passionnée de photos depuis mon plus jeune âge, je peux passer des heures, le nez dans mes albums, à revivre mes vieilles histoires. Non mais, quelle invention formidable! Rendre un moment éternel et le transposer en image… J’en raffole!
Je m’adonnais donc dernièrement à mon ingérable obsession, bien calée dans mon divan, et voilà que je suis tombée sur cette photo:
C’est moi. J’avais 16 ans. Je me savais intelligente. Je me trouvais parfois drôle et me croyais bien originale avec mes étranges vêtements sur le dos… Mais je me trouvais laide.
Je me souviens avoir regardé d’innombrables fois cette photo avec l’envie de la déchirer. Et voilà que tout à coup, ça me saute aux yeux! Certes, je ne rencontrais pas les standards; j’étais ronde et très peu sophistiquée. Mais j’étais jeune. Et belle.
Je n’avais jamais vu, en regardant cette photo, la lumière dans mes yeux. Cette étincelle qui habite la pupille quand on est si jeune, si vif.
Je n’avais jamais pris note de la douceur de ma peau, sans ride et si souple.
Je n’avais pas fait de cas de la couleur, si naturelle, de mes cheveux châtains, que je tente vainement de recréer depuis maintenant plusieurs années.
Je ne voyais que ma rondeur. Que me petitesse. Que mes joues de bébé. Que mes indomptables cheveux qui tenaient à tout prix à friser sans modération!
Quelques albums plus loin, l’histoire se répète.
Me revoilà, 21 ans, en voyage de noces! On ne peut plus heureuse! Je me trouve belle, vibrante, jeune et pétillante. Pourtant, ce n’était pas le cas à l’époque. Je me plaignais de mes cuisses, de mon menton et, invariablement, de mes cheveux…
J’aurais envie d’une machine à voyager dans le temps, juste pour retrouver, quelques secondes, cette Julie d’autrefois. Je lui dirais, sur un ton sans équivoque :
– Hey! Qu’est-ce que t’attends pour t’aimer!!!
Quand on jeune, on ne sait pas grand chose. Disons-le, on n’y connait rien en matière de beauté! Alors, on laisse les autres décider pour nous de ce qui est beau…. La télévision, les images qui nous inondent et, bien sûr, ce que nos copains nous en disent.
Dès la première fois où quelqu’un s’est moqué de mon poids, j’ai cru que j’étais laide. Je n’ai remis en question ni la crédibilité de ce gamin pubère, ni la relativité des goûts et des propos. J’y ai cru, tout simplement. Et je me rends compte maintenant que j’ai été bernée!
La jeunesse, c’est beau en soi! La fougue, la vitalité, la fraîcheur…
Est-ce que les jeunes d’aujourd’hui le savent, qu’ils sont beaux? Ou ils prendront, tout comme nous, une trentaine d’années avant de voir ce qu’ils étaient vraiment?
On leur a fait croire que la beauté, c’est des longs cils, des sourcils bien étroits, des joues rosées, des lèvres pulpeuses. Des gros seins, une petite taille, des doigts effilés…
Alors ils se déguisent à la poursuite de ce mensonge. Ils masquent leur beauté réelle d’un épais fond de teint. Ils laissent leurs vêtements les transformer et leur voler l’innocence de leur jeunesse. Ils plaquent leurs cheveux et les teignent alors que tous les adultes rêvent de cette couleur naturelle qui, une fois envolée, ne revient jamais.
Est-ce que quelqu’un pourrait leur dire qu’ils ont tout faux….
Qu’est-ce qu’ils attendent pour s’aimer? D’avoir 33 ans et de se voir en photo….
Je ne suis pas folle, j’ai bien compris comment ça marche. Les photos de moi que j’ai prises hier et qui ne sont pas à mon goût me feront mourir d’envie dans quelques années.
Une chose est évidente, je ne suis pas toute seule dans ma barque! Je les entends les plaintes de mes amies, mes collègues. Même celles de parfaites inconnues que je rencontre. Alors mesdames (et peut-être même messieurs), dites-moi, si ça s’arrêtait là? Si on mettait une fin à cette auto-critique interminable. Parce que, franchement:
Qu’est-ce qu’on attend pour s’aimer?!
Sur le même thème: Pour être une princesse….
Pasci dit
Très touchant et tellement vrai. Je viens de découvrir votre blog. Ça donne envie de vous connaître. : ) Je vais poursuivre cette lecture qui fait du bien. Vous avez une belle manière de jongler avec les mots. Merci
tak dit
yo. encore un beau texte. moi je voulais juste dire: allison porte mon chapeau sur cette photo là (je pense bien que c’est moi qui a pris c’te photo là) ET t’es hot Julie Marcotte! (ah pis c’est vrai que se faire dire qu’on est maigre c’est triste aussi …)
Mylène dit
C’est très touchant ton magnifique texte Julie. Tu sais même si on reçois pleins de compliments (et tu sais de quoi je parle) on trouve toujours quelque chose à redire sur soi-même. Nous nous comparons aux autres, mais au fond on ne peut pas se comparer lorsque nous sommes tous si uniques. Aussi bête que ça puisse paraître, on m’a toujours traitée de maigre et mes petites jambes qu’aucune botte ne peut habiller(encore aujourd’hui…je continue de rêver)! Se faire dire qu’on est maigre fait aussi mal…crois-moi! Lorsqu’on est jeune ou plus vieux, il ne faut pas se laisser influencer par ces commentaires de mauvais goût et réaliser que dans le fond…il n’y a pas de standards…BisousXX
Julie dit
Tu es belle Syndie, n’en doute pas…. Ce qu’il y a c’est qu’on devrait pouvoir s’aimer inconditionnellement, peu importe les défauts qui nous turlupinent! On pourra s’y encourager mutuellement!
XXX
Syndie dit
Wow… Encore un post qui fait pleurer…
Tu abordes encore une fois une réalité bien triste… À quelques mois de la trentaine, je me pose encore cette question… Ma réponse est toujours simple: Quand je vais perdre encore quelques kilos, je vais m’aimer plus. Mais ce n’est jamais vraiment vrai!
J’essaie, ces derniers temps, d’aider une jeune fille qui se trouve laide, grosse, qui se compare aux autres… En lisant ton message, je me trouve bien hypocrite dans le sens que même moi je n’Arrive pas à me convaincre… Pourtant, quand je la regarde, je ne vois pas du tout ce qu’elle veut dire, je trouve qu’elle se fait des histoires.
J’ai aussi une photo de moi, à ma remise de diplôme… Je me trouvais dont grosse, laide, sans rien qui pourrait attirer l’oeil… Je la regarde maintenant et je me dis que j’étais vraiment niaiseuse à cette époque là! Je me trouve belle sur cette photo! Je ne suis certainement pas grosse non plus…
Et je reviens à aujourd’hui, je déteste me faire prendre en photo, je ne veux pas garder des souvenirs de moi comme je suis maintenant… Peut-être que dans 10 ans j’aurai un autre discours!
Merci de nous faire encore une fois réfléchir et de mettre des mots sur ce que l’on ressent au plus profond de nous-mêmes.