10 choses que les profs ne disent pas….LA SUITE
Si je vous disais que je n’aime pas la controverse, vous me croiriez? Depuis quelques jours, la petite blogueuse inoffensive que j’étais s’est retrouvée au cœur d’un grand débat enflammé! C’était prévisible, vous me direz… Pas quand on a ma naïveté.
Dans le petit monde de Julie, plusieurs parents se seraient sentis concernés par une ou deux de mes « 10 choses que les profs ne disent pas ». Dans ce joli monde plein de papillons bleus, ils en auraient parlé avec leur conjoint sous la couette et auraient pris quelques résolutions :
« D’accord, on va laisser un de nos trois emplois. On va couper les heures supplémentaires. On fermer la télé et laisser faire les courriels quand les enfants sont là. On va prendre plus de temps pour jaser à l’heure du dodo. On va faire attention à la manière dont on se parle. On va tenir notre bout pour que Ti-Pet arrête de frapper ses copains. On va prendre le temps de dire à chacun de nos enfants ce qu’on aime d’eux. On va partir une fin de semaine en famille, pas de téléphone! On va faire faire le devoir supplémentaire même si, au départ, on n’était pas d’accord. »
Près de 48 heures après avoir appuyé sur le bouton « publié », je suis plutôt désillusionnée. Ce beau petit monde n’existe pas. Il n’existe pas parce que, clairement, la confiance est brisée. De part et d’autre. Je suis abasourdie par ce que je lis! Beaucoup de colère, beaucoup d’incompréhension. Je ne suis pas en colère contre les parents, je suis INQUIÈTE pour plusieurs enfants. Parce que je les aime. Parce que mon rôle envers eux a des limites. Parce que je ne peux pas prendre sur mes épaules ce qui revient de droit aux parents. Je peux passer toute la journée à leur dire combien ils sont merveilleux, uniques, spéciaux, importants, capables, je n’aurai jamais l’ombre de l’impact que vous, les parents avez sur eux. Ils vous appartiennent!
L’an dernier, j’étais en congé de maternité alors que ma fille aînée commençait la maternelle. J’ai enlevé mes culottes de prof et j’ai vécu un an dans la peau d’un « parent d’élève ». Cela m’a beaucoup aidée à comprendre les parents parce que, dans bien des situations, on n’a qu’un seul morceau du puzzle en main. On ne connaît pas le contexte, le pourquoi du comment, la manière dont le professeur est intervenu, le ton sur lequel il l’a fait. C’est là que la confiance prend le relais. Il faut être capable de dire à notre enfant : « Je ne comprends pas exactement ce qui s’est passé mais si ton professeur a agi ainsi, il y avait sûrement une raison. »
Bien sûr, les enseignants ont parfois tort. Comment éviter alors d’entretenir cette colère que je sens gronder de partout? COMMUNIQUEZ! Posez des questions aux professeurs. Dites-leur ce qui vous tracasse, ce que vous ne comprenez pas. Écrivez-leur, prenez rendez-vous, mais n’entretenez pas toute cette colère, comment pourrez-vous alors envoyer votre enfant à l’école le cœur en paix?
Je termine en vous disant que, outre notre salaire minable, le métier d’enseignant est clairement un BEAU métier. J’adore voir des petites étincelles briller dans les yeux des enfants quand ils viennent de comprendre quelque chose! J’adore leur spontanéité. J’aime leur petite vision du monde tellement unique. Rien ne se compare à ce moment où un enfant prend conscience qu’il sait lire! Et ajoutez à cela un horaire de travail très raisonnable, je ne me plains pas. Mais oui, j’ai de la broue dans le toupet, le cœur souvent chargé d’émotions et une bonne dose de pression de part et d’autre…
Si j’ai écrit cet article, c’est que j’aime croire que les gens sont capables de changer, de s’adapter, de se permettre de devenir meilleurs… À vous de me donner raison!
Isabelle dit
Allo Julie, J’ai lu quelque uns de tes blogues. Je suis d’accord avec tes propos. Bien évidement, je suis maman à la maison de 3 enfants (jusqu’à ce que mon dernier rentre à l’école l’an prochain). Je suis heureuse de pouvoir être là pour eux matin,midi et soir. C’est une décision de couple et un choix de vie. Chez nous tous les écrans sont éteints (sauf un fim en famille les week-end ou le ipad le samedi soir) car je suis contre ça; je suis probablement en marge de cette société étant donné mes valeurs,… Mes enfants ont construit une cabane dans notre bois derrière chez nous et profite de la vie, joue dehors, en dehors de stress après l’école. Continue ton bon travail d’enseignante et de blogeuse et dis-toi qu’il y en a encore pour qui encadrer ses enfants et être présents pour eux est important!!! Isabelle
Caroline Olivier dit
Finalement, je te relis (oui, je fais ça!), et je pourrais re-répondre
– Ben voyons, tu proposes qu’un des conjoints arrête de travailler???????????? »
Heu… ça pas de bon sens, bien sûr.
Ce n’était pas ce que tu voulais dire… ce n’est qu’un détail dans le lot. OK, oui.
Puis, tu parles que nous (les parents que tu côtoies) devons changer…
C’est la phrase clé.
Et là, ça cliqué. Oui, messemble que ça me dit de quoi ça… hummmm, j’ai déjà lu, entendu, depuis Jacques Languirand jusqu’à Ghandi, jusqu’au simple humain, toi et moi.
Et voilà, je n’ai pas à réécrire ce qui a été mieux fait:
“Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.” (Gandhi)
http://www.monintuition.ca/index.php/articles/changement
Aucune leçon à donner, beaucoup à recevoir, je n’ai que ma vie à vivre, avec les belles histoires et les moins belles.
Bonne suite 🙂 Ta démarche est très, très intéressante.
Caroline
admin dit
Rebonjour Caroline! Si tu relis bien, j’ai écrit « Laisser une de nos TROIS emplois »…. Ce qui suppose un petit excès dans le travail…. Et pour ce qui est de changer, je persiste et signe. Honnêtement, n’avez vous jamais vécu une situation ou ne vous êtes vous jamais trouvé devant un témoignage ou un texte qui vous donnait, dans le fond des trippes, le désir de changer? Je pense que ce sentiment est noble et nécessaire dans l’évolution humaine. Ceci dit, ça ne peut pas être imposé à personne, c’est une démarche personnelle qui dépend de chacun…
Caroline Guillemette dit
Salut Julie,
J’ai lu attentivement tes deux blogues, mais je ne peux malheureusement pas être entièrement d’accord avec toi.
La communication c’est bien beau, mais il faut aussi un minimum de compréhension de la part de la direction et des enseignants. Je me suis battu pour mon plus vieux pendant 5 longues années, en maternelle le professeur parlait déjà de TDHA, je laissé l’école procéder à tout les tests qu’ils pouvaient faire et eux aussi arrivaient aux mêmes résultats. Moi connaissant mon fils je savais fort bien que ce n’était pas le cas. Donc en 5 ieme année ils ont décidé d’abandonner quand après plusieurs centaines de dollars on est arrivé avec des expertises et des résultats de trouble de traitement auditif… Si je n’avais qu’écouter les professeurs qui veulent des enfants parfaits mon enfant serait medicamenté depuis la première année et ce pour absolument rien.
Et maintenant c’est pour me deuxième garçon que je pars à nouveau en guerre parce qu’on a beau expliquer notre point de vu face à la situation on a jamais raison et on comprend rien parce qu’on est pas en classe…
Oui je comprends pertinemment que vous avez plus d’un élève en classe et que cela est exigeant, mais moi de mon côté je fais plus que ma part du contrat et je n’ai que des reproches.
J’aide mes enfants le plus possible dans la mesure où je le peux, puisque tout les termes ont changé, mais ce n’est toujours pas suffisant.
Nous avons adapter nos horaires de travail aux heures d’école, on est avec eux pratiquement tout le temps. On préconise les activités familiales, même si c’est juste faire une guerre de boules de neige dehors. Nous sommes toujours disponible pour nos enfants.
Je comprends très bien la vision des profs, je sais que mes enfants sont pas parfaits l’aide là, mais j’ai quand même passé leur petite enfance avec eux. Ce que je trouve d’hommage c’est que vu que je ne suis pas en classe je ne peux comprendre la situation, mais les professeurs eux prennent ils vraiment le temps d’écouter les préoccupations des parents face à leur enfant en difficultés ou font-ils seulement se dire voilà un autre chialeux qui comprend rien au métier d’enseignant?
J’admire ceux qui sont enseignants parce qu’ils ont une patience exceptionnel et je ferais pas ce métier, mais oui il y a certaine chose que les parents ne comprennent pas mais la communication va dans les deux sens!
admin dit
Bien sûr que communiquer, ça va dans les deux sens! Il y aura toujours des situations particulières et les parents doivent bien sûr se fier aussi à leur jugement et leur intuition. Vous investissez beaucoup dans votre famille et je crois que vous faites les bons choix! Je ne crois pas que les profs vous voient comme des « chialeux » mais, à mon avis (je ne connais pas les détails de la situation), s’ils insistent c’est qu’ils ne se sentent pas écoutés et compris eux non plus. Il y a donc encore des efforts à fournir des deux côtés… Bonne chance pour la suite.
andrée dion dit
J’ai des émotions partagées face à ton texte qui est si bien écrit.
Chaque génération réagit aux écarts de la précédente. Mon mari a connu de la violence physique de ses professeurs et a même reçu un café chaud en plein visage et ce, même s’ il était un élève calme et performant. Moi j’ai eu des profs qui ont abusé de leur autorité, menaçant de me faire échouer si je ne leur accordais pas certaines faveurs sexuelles. Dans les deux cas, nos parents étaient de la philosophie » si le prof a fait ça il devait avoir une raison », et on ne remet pas en question les profs.
Puis, à notre tour d’ être parents, nos deux enfants avaient d’ importants troubles d’apprentissage. Nous nous sommes impliqués mais une faible minorité de professeur était ouverts à notre implication. Est-ce que nous avons fini par avoir de la colère….bien sûr.
La confiance dont tu parles doit être dans les deux sens. Si un parent dit que son enfant est en difficulté mais que l’on refuse de l’ écouter, il y a un problème et c’est l’enfant qui va payer.
Tu écris que les parents ne s’ occupent pas de leurs enfants, qu’ils sont trop occupés etc….il me semble qu’il y a beaucoup de jugement dans tes propos.Je ne sais pas d’ où te vient cette information mais à moins de passer régulièrement la soirée dans les familles de tes élèves…enfin, la majorité des parents font du mieux dans les circonstances qu’ils vivent.
Tu a une belle plume et ton sujet est certainement intéressant mais j’avais un malaise avec certain de tes propos et je voulais l’exprimer. Les enfants sont précieux et je rêve du jour où parents et profs feront équipe mais je crois qu’il y a encore beaucoup à faire à ce niveau. Bonne chance …
admin dit
Bonjour Andrée.
Votre histoire est vraiment triste et dramatique. Évidemment, ça doit être très difficile de faire confiance après avoir vécu de telles choses. Comme je le mentionnais, plusieurs parents ne seront pas concernés par mes 10 points. Seulement, je vois des familles, chaque années, qui auraient tout intérêt à les considérer. Bien sûr, ce n’est pas le cas de tout le monde. Je crois que nous partageons le même rêve…
maryse duquette dit
Un harmonieux dosage de triste réalité , d’audacieuses vérités, d’implication authentique et généreuse et de l’espoir en minuscules particules pour changer un peu la face réelle d’un monde étourdi ….. Merci Julie de ton intervention courageuse et essentielle….. pour le bien être de nos enfants mais en premier de nous les parents….
admin dit
Merci Caroline, tu as vraiment raison pour les réalités qui changent… Il faut s’y adapter! J’adore ta conclusion…
Caroline Olivier dit
Bonjour Julie,
Non, non, il ne faut pas te désillusionner, déjà, sur le monde du net! En fait, ton message a beaucoup passé sur FB et je savais d’avance que tu n’aurais pas que 2 ou 3 réponses, comme tu en as eu l’habitude jusqu’ici.
« Le » sujet qui fait le plus pomper sur les sites (d’éducation, de famille) c’est l’allaitement (+l’accouchement avec ou sans césarienne, le cododo…) et … l’enseignement…
Bien sûr que les parents changent et évoluent, à force d’années dans les écoles (on apprend de nos erreurs!)… Après avoir eu quelques « professeurs » à mon actif, je peux te jurer qu’il en existe qui ne veulent pas que les parents mettent leur nez dans leurs affaires. Heureusement pour moi, ça n’a été le cas que l’an passé.
Tu dis « COMMUNIQUEZ! Posez des questions aux professeurs. Dites-leur ce qui vous tracasse, ce que vous ne comprenez pas. Écrivez-leur, prenez rendez-vous, mais n’entretenez pas toute cette colère, comment pourrez-vous alors envoyer votre enfant à l’école le cœur en paix? »
Eh bien, l’an passé, j’ai fait tout ça et même plus… comme je le faisais avant: je m’impliquais, je démontrais que je ferais beaucoup pour soutenir le travail de l’enseignante… malgré les difficultés vécues par moi et elle. Mais elle ne voulait pas, Au moins de mars… j’ai laisser tomber. À force de discussion avec la directrice, la psychologue… c’était clair: elle ne voulait pas travailler en équipe. Elle m’a (nous a) bien fait comprendre que c’était elle qui gérait sa classe – et c’est l’année où ma fille a eu le plus de trouble de comportement. Ça arrive rarement, mais ça arrive.
Par contre, pour les 5 autres, ça été un pur bonheur.
Aujourd’hui, j’ai pu rencontrer l’enseignante actuelle de ma fille: moment de bonheur! Non pas que ma fille soit devenue l’ange parfait, loin de là, mais la dame était disposée à entendre ce que je vivais (et ma fille) et elle a été d’une grande ouverture. Le ton était bon, sans jugement. À chacun sa tâche: j’ai à aider Laure à écouter plus en classe (un classique 😉 )
Cette enseignante était là… pour enseigner… Douce phrase à écrire qui veut dire tellement d’engagement!
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Les modèles de famille sont de moins en moins « conjointe et conjoint dans le lit le soir »… De même, les professeurs sont différents, de même les familles le sont. Pour plusieurs, il faut jongler seul(e) avec la réalité: mon enfant ne va pas bien ou va mieux.
Finalement, au contraire de ce que tu viens d’écrire, ton billet a eu des réponses tellement vivantes, vibrantes de douceurs, de gentillesses, d’appui! Parce que ton billet était honnête, passionné.
Non, non, garde le ton que tu as, il est excellent et oui, il nous fait penser, avancer.
Que nos deux mondes ne soient jamais divisés: parents et profs. Les deux vont de pair: pour les enfants!
Merci encore
Caroline
Annie dit
Tu me fais sourire, rire, réfléchir. Je suis fière de toi, de ce que tu dis haut et fort. Et j’ai franchement hâte de te confier mon fils dans ta classe. Il sera choyé, gâté et aimé.
admin dit
Quand ton petit sera dans ma classe, ma grande ne sera pas loin d’être dans la tienne! Ton soutien vaut de l’or mon amie XXX.