Au printemps 2013, lors d’une autre séance de « posons-nous des questions profondes sur la vie » avec ma belle grande fille de 7 ans (qui raffole de ce jeu), est arrivée cette question, classique et légitime.
– Toi ma belle, as-tu des rêves?
Perplexe, ma fille m’a regardé l’air de dire : Ehhh, tu vois pas que je suis réveillée!!!? Je te parle, je te regarde, comment veux-tu que je rêve en même temps!
J’ai donc eu l’immense bonheur de lui parler, pour la première fois, de ces rêves que l’ont fait les yeux ouverts. Des beaux films qu’on repasse dans notre tête en se disant que peut-être un jour….
Il n’en fallait pas plus pour éveiller ses ambitions créatives.
– Ben moi, je rêve d’aller à Walt Disney et de me faire construire une maison toute en bonbons. Et toi maman, tu rêves de quoi?
La dernière à s’être intéressée à mes rêves était sans doute une amie du secondaire, 15 ans plus tôt. Pourtant, je savais exactement quoi lui répondre.
– Moi, je rêve d’écrire un livre.
Elle ne l’a pas dit, mais le froncement de ses sourcils a été très clair : mon rêve était vraiment plus plate que le sien! Alors je me suis défendue :
– Imagine tenir dans ses mains un vrai de vrai livre qu’on a tout inventé nous-mêmes! Un livre avec notre nom écrit dessus et que plein de gens vont lire.
Je ne suis pas certaine de l’avoir convaincue mais, sans doute par amour, elle a eu l’air de trouver l’idée pas si mal finalement.
Quand j’étais jeune, je noircissais des pleines pages de mes mots désordonnés sans jamais penser que je pourrais un jour être publiée.
Et puis la vie de famille, étourdissante et prenante, m’a prise d’assaut et m’a fait oublier ma plume pendant un bon bout de temps. Jusqu’à ce que j’aie besoin de me retrouver un peu.
Après mon deuxième garçon, j’ai eu envie de consacrer mon temps à un projet qui m’appartiendrait, juste à moi. C’est alors que le rêve a commencé à prendre place.
Le soir, quand je retrouve l’absolu confort de mon lit, je souhaite toujours rester éveillée assez longtemps pour avoir le privilège de visionner dans ma tête un film de mon choix. Vous savez, ces choses que l’on espère secrètement sans vraiment y croire. Pour moi, publier un livre, c’était de cet ordre. Au même titre que d’avoir une maison secondaire à Tahiti, d’être mince ou d’avoir une classe de 12 élèves… Ces aspirations qui nous font du bien même si on sait qu’elles n’arriveront jamais.
Pourtant, en août 2013, le téléphone a sonné. C’était les éditions De Mortagne à qui j’avais fait parvenir mon manuscrit une semaine plus tôt. J’aurais dû m’y attendre, que certains me diront. Et pourtant, je vous garantis que la surprise était totale! Même une fois le manuscrit posté, mes ambitions flottaient dans un grand brouillard d’impossibilités.
– Bonjour madame Marcotte. On a lu les premières pages de votre manuscrit et on voudrait s’assurer que vous ne signiez pas de contrat ailleurs…
J’ai bafouillé. J’ai cafouillé. J’ai hyperventilé. J’ai eu l’air d’une parfaite idiote. Puis j’ai raccroché. Et j’ai hurlé!!! J’ai sauté dans mon salon! Une sorte de danse de la joie? Puis je suis revenue à moi et j’ai aperçu 3 paires d’yeux qui me dévisageaient.
Mes garçons semblaient perplexes. Ma fille, elle, a tout de suite compris :
– Maman! Est-ce que c’est ton rêve?! Tu vas faire un livre! Ça arrive pour vrai?!
J’avais les yeux plein d’eau, les émotions hors de contrôle. Je me suis penchée à sa hauteur et je lui ai dit :
– Oui ma belle les rêves, parfois, ça arrive pour vrai!
Son sourire valait de l’or.
– Continue, toi aussi, de rêver. Peut-être qu’un jour tu l’auras ta maison en bonbons!
J’étais tellement contente de partager ce moment avec elle. J’espère qu’elle s’en souviendra longtemps. Je sais qu’elle s’en souviendra longtemps.
Et me voici aujourd’hui, près de 8 mois après que le téléphone ait sonné. Une vraie grossesse pour faire naître ce bébé de papier! Je suis encore stupéfaite. Je suis aussi terrifiée à l’idée que tout ce qui n’existait que dans ma tête soit maintenant exposé au grand jour.
Je vendrai peut-être 5000 livres, j’en vendrai peut-être 500. Bien honnêtement, ça ne ferait pas une si grande différence pour moi. Parce que j’ai écrit un livre, et c’était ça le rêve.
Plusieurs de mes proches et même de mes connaissances se retrouveront dans mes tranches de vie. J’espère tellement que ça leur plaira. Mon livre est rempli des gens qui m’entourent, des gens que j’aime. Maintenant, je dois couper le cordon. Laisser mon rêve prendre son envol.
Un jour ma fille le lira, ce livre pour lequel sa mère a dansé dans son salon. Et alors elle saura qu’il vaut encore la peine de rêver…les yeux ouverts.
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Karina dit
Alleluia!!!!!!!!
C’est tout ce que j’ai à dire. Ah, oui! Ça, et félicitations X 1000! 😉
Syndie dit
Tu viens une fois de plus de me faire pleurer…. C’est tellement émouvant! Je suis fière de toi chère Julie, tu nous fait voir que les rêves peuvent se réaliser!
Julie dit
N’en doute pas Syndie, même si parfois la vie te dit le contraire…
Stacy dit
Et voilà, tu m’as remplis les yeux une fois de plus… J’ai bien hâte de lire ce livre… Je ne suis pas du type qui achète des livres et qui aime lire, mais je dois dire que tu me fais tellement de bien dans ton blog que je ne pourrai m’en empêcher… Heureuse que ta date d’accouchement arrive enfin… Je te souhaite un bel accouchement et beaucoup de bonheur avec ce nouveau venu!! xxxxx
Julie dit
Wow, merci Stacy. Déjà, si mon livre te fait prendre goût un peu à la lecture, c’est une belle réussite!
Annie dit
Et voilà! Je suis touchée par ta plume, Julie. J’ai les larmes aux yeux.
Julie dit
C’est normal Annie, tu m’as suivi tout le long de ma grossesse, c’est presque ton bébé aussi! Ou disons, ton neveu de papier? Ton filleul? Un truc du genre en tous cas! Tu veux être nommée marraine officielle???