– Papa, quand on est un adulte, est-ce qu’on aime autant Noël?
J’étais en transition. Cet âge incertain où on doit laisser l’enfance derrière. Les sleepings bien cordés dans le pittoresque salon de mes grands-parents avaient malheureusement de moins en moins d’attrait à mes yeux et je commençais à comprendre que parfois, en vieillissant, il nous arrive de laisser la magie derrière nous…
Est-ce que Noël aurait la même saveur unique quand je serais trop grande pour dormir par terre? Quand plus personne ne viendrait me réveiller à minuit? Quand j’irais moi-même acheter les bonbons et que je cuisinerais moi-même les pâtés? J’avais besoin de savoir.
Fidèle à lui-même, mon paternel m’a servi une réponse bien honnête.
– Non, on n’aime plus autant ça.
Sa réponse un peu brutale avait le mérite d’être honnête. Mais il ne s’est pas arrêté là.
– Mais quand on a des enfants par exemple, on recommence à aimer ça à travers eux! C’est même plus beau que quand on était petit. Tu verras….
Des enfants, je n’étais pas proche d’en avoir, mais sans que je sache trop pourquoi, sa réponse m’a marquée.
Et voilà que, une bonne décennie plus tard, ils sont arrivés ces enfants! Une petite fille, belle comme le jour, et deux garçons espiègles à souhait. Noël n’a plus jamais été le même… Il est devenu, à chaque année, un peu plus lourd.
D’abord parce que mon vieux corps, forcé de se lever toutes les nuits pour les besoins imaginaires de tous ces petits, peinait à suivre le rythme –Réveillons – Soupers – Partys – Brunchs et cie. Et puis parce que la course aux cadeaux, en plein mois de décembre dans les foules HYSTÉRIQUES devenait un véritable cauchemar… Mais surtout, parce que les microbes s’invitaient immanquablement au party! Ma progéniture étant légèrement défectueuse au niveau du combat contre les envahisseurs, j’ai passé un 22-23 décembre à l’hôpital pour des problèmes respiratoires…. Puis un 24 décembre entier à tenter de colmater une otite…. Un 25-26-27 pour combattre une pneumonie et c’est sans compter les membres du clan alités à la maison par les terribles gastros.
Les invitations fusaient de partout et je n’avais plus envie de voir personne. Je m’imaginais tous ces microbes sur leurs mains, leur nez, leur bouche, prêt à bondir sur mes enfants et à nous replonger dans le calvaire.
Après quelques années de maternité, j’ai constaté avec stupeur que je n’étais pas d’accord avec mon père. Noël me faisait de moins en moins envie….
Ceci dit, quelques moments bénis se frayaient, chaque année, un chemin au milieu de ce chaos. Des moments tout simples, loin des magasins et de la grande visite. Des petits moments en famille, avec les enfants. Faire la crèche en se racontant l’histoire. Décorer notre « trop-touffu » sapin bien à nous. Ouvrir en famille les bas de Noël. Se faire des saucisses dans le bacon juste pour nous…. Voir Grand-papa distribuer les cadeaux à tous ses petits-enfants avec son enthousiasme habituel . Déguster le pâté de grand-maman. Profiter, en pyjama, du feu crépitant que pépé avait soigneusement entretenu pour nous. Contempler les étincelles dans les yeux de mémé quand elle gâtait nos petits…
J’ai donc choisi de reconsidérer les paroles lancées par mon père près de 15 ans plus tôt. « Aimer Noël à travers eux »… Sont alors nés ces 5 principes de base qui m’ont permis, visiblement, de me réconcilier avec Noël :
1. Dire non
On oublie parfois qu’une invitation est en fait une DEMANDE et que les choix de réponses y sont MULTIPLES! On peut y répondre oui… On peut y répondre NON! Et on n’est pas obligés d’avoir une raison! Trop de party, c’est comme pas assez. Comprenez-moi bien, j’aime mon monde. Mais… Pas tous à la fois! Et le reste de l’année, ces précieux amis auront-ils disparu? Où est l’urgence de se voir « à tout prix » pendant le congé de Noël? Pour ma part, j’essaie de plus en plus d’éviter les engagements et de me permettre, le jour même, un oui ou un non sincère et senti. Je verrai moins de gens, mais j’aurai certainement le teint moins vert et le moral plus présentable!
2. Se tenir loin des zombies
Aller aux Galeries de la Capitale en plein mois de décembre, c’est entrer au centre-ville d’Atlanta sur un cheval dans la série « Walking-dead » (voir à partir de 3:27)! Les zombies ont envahi la place! Celle là et tous les autres centres commerciaux du genre… Pour ma part, je choisis novembre, c’est moins risqué pour ma vie et tellement plus paisible.
Récréo-fun, Méga-parc, Carie factories, c’est l’infestation de zombies assurée, je me tiens loin!!!
Un cadeau ne devrait jamais être donné par devoir. Un cadeau ne devrait jamais être donné pour ne pas décevoir. Un cadeau ne devrait jamais être plus gros que ce qu’on a réellement envie de donner. Je ne suis pas radin… Mais mes cadeaux sont modestes, je l’admets. Je ne vois pas l’intérêt de s’imposer 4 mois de stress financiers à payer la marge de crédit quand on peut dire « je t’aime » avec si peu de choses. Honnêtement, chaque année, le cadeau qui me plaît le plus est celui dont la carte dit vraiment quelque chose….
4. Envoyer promener le Père Noël…
Les traditions de Noël pullulent depuis quelques années. Au classique Père Noël se sont ajoutés les lutins qui jouent des tours, les souris qui remplissent les bas de Noël, la poudre qui fait apparaître le sapin, etc, etc…. Honnêtement, je pense qu’il vient un temps où il faut choisir! Pour ma part, le Père Noël m’a toujours laissée assez indifférente. D’autant plus que l’idée de demander des cadeaux à quelqu’un en lui faisant une belle liste et de les recevoir instantanément est un enseignement que je trouve difficile à justifier quand on cherche à développer la reconnaissance chez nos enfants… Mais ça c’est moi! À chacun de voir ce qui lui convient.
Pour ma part, j’aime que mes enfants soupoudrent frénétiquement une branche de sapin avec des brillants à gâteau, convaincus qu’ils feront apparaître un immense arbre dans leur salon! Alors chez nous, plus de Père Noël et aucune trace de lutin… Seulement un gros pot de poudre magique et tout le monde est content!
5. Dormir!
Dois-je m’expliquer sur ce point? Une Julie qui n’a pas bien dormi, c’est vert, ça pue et ça grogne. Un bébé qui n’a pas bien dormi, ça cri, ça tombe et ça tape partout. Un Adonis qui n’a pas bien dormi, c’est vert aussi mais en plus, ça crache du feu (Je t’aime mon amour XXX)! J’en fais donc une priorité nationale!!!
Crédit photo Studio Juzolie
Si, tout comme moi, vous êtes nostalgiques de vos Noëls d’enfant, je suis certaine qu’il existe, pour vous aussi, un moyen efficace de vous réconcilier avec Noël… Il sera sans doute différent du mien, mais vous permettra, « à travers eux » ou juste pour vous, de vivre ces moments bénis qui font du temps des fêtes un buffet de bonheur!
Joyeuses fêtes à tous, je vous souhaite une année 2016 pleine de belles catastrophes qui vous feront rire et grandir!!!
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Marie-Josée dit
Bonjour Julie,
Les plus beaux souvenirs de Noël ne sont pas nécessairement ceux qu’on achète. Souvent se sont les moments passé en famille en pyjama devant un film ou encore un après midi à glisser ou à patiner et à rire tous ensemble. Se sont eux qui fabriquent les souvenirs.
Véronique Boucher dit
Wow Julie..encore une fois j’ai les yeux pleins d’eau et un grand sourire ne même temps!!
Merci
Annette Tessier dit
Je suis une amie de tes parents. J’ai vu tes parents cette été et ta mère m’a souligné ton site. J’adore ce que tu écris et tes réflexions. Ta maman m’avait parlé de ton livre. Je heureuse que tu le publies. Tu as déjà une future lectrice.
Julie dit
Wow, merci Annette!