Amélie Croteau. Cette semaine, tout le monde en a entendu parler. Cette adorable demoiselle, handicapée après avoir « texté » au volant. Après les grandes campagnes contre l’alcool au volant, on sort l’artillerie lourde contre les téléphones et les textos….Et avec raison! Depuis déjà quelques années, je repère sans difficulté les gens qui n’arrivent pas à choisir entre le téléphone et le volant; ils zigzaguent, sont presqu’immobiles sur l’autoroute, improvisent un virage inattendu… Et montrent le majeur lorsqu’on veut gentiment les prévenir qu’ils risquent la mort à tout moment! Ok, notre motivation profonde est parfois plus d’exprimer notre irritation que de sauver leur vie, mais le résultat est le même!
Je ne suis pas une grande adepte d’alcool et mon Buick encore moins. Clairement, je ne suis pas non plus une fan de technologie, on me reproche continuellement de ne pas répondre à mon cellulaire et la simple idée d’avoir à naviguer sur l’iPhone de mon amoureux me donne des crampes et des nausées. À la lumière de ces informations, tout porte à croire que je suis une citoyenne modèle sur la route, une conductrice de haut calibre, non?! Je sais que vous serez déçus, que vous m’avez en haute estime, mais honnêtement, non. Je ne suis pas une bonne conductrice.
Pas d’alcool, pas de texto…. Pourquoi alors ne puis-je pas honorer convenablement mon beau Buick Rendez-vous étincelant? Désolée la SAAQ, vous n’êtes pas au bout de vos peines! Voici quelques idées de campagnes publicitaires à mettre en branle quand les adeptes de la bouteille et des ondes se seront calmés :
1. Les nuits blanches au volant : Tolérance zéro
On a tous, quelque part dans notre anatomie cervicale, un pilote automatique, une zone capable de gérer la situation lorsque notre conscience fait défaut. C’est ce qui prend place lorsqu’on doit reconduire notre aînée chez son copain pour une petite fête et qu’elle nous dit :
– Maman, qu’est-ce qu’on fait à l’école???
Pilote automatique. Ainsi, je me rends parfois chez ma mère quand je veux aller à la banque, chez moi quand je veux passer à la bibliothèque, etc…
Qu’est-ce que la nuit blanche vient faire là-dedans? L’équation est simple : une nuit courte = pilote automatique assuré. Et bien qu’il fasse souvent une job tout de même acceptable, il lui arrive de susciter des erreurs assez peu banales.
Mercredi dernier, j’ai peu dormi. Rien d’inhabituel. À 2h00 AM, no. 2 voulait savoir si on était demain ou hier et s’il pouvait prendre une collation. À 3h00 AM, ma grande a rêvé que Tarzan lui faisait une face épeurante. Vers 5h00 AM, mon petit dernier a voulu prouver son autonomie et a enlevé lui-même sa couche. En me rendant à la garderie, ce matin-là, j’avais des grosses traces de coutures d’oreiller dans le visage et le pilote automatique bien aux commandes. Avec un minimum de gros bon sens, je me suis arrêtée à une lumière rouge. Puis, la flèche verte pour tourner à droite s’est allumée. Pour mon pilote automatique, vert = on avance. J’ai donc embrayé et avancé, sans hésitation…. Ai-je besoin de vous dire que j’ai frôlé la catastrophe de près? Si la petite madame que j’ai passé à un cheveu d’emboutir lis ceci, JE M’EXCUSE!!! J’ai probablement retiré 5 ou 10 ans de son espérance de vie par le stress que je lui ai causé! Je n’avais pas bu. Pas texté. J’avais mal dormi.
Tolérance zéro?
2. L’invasion des conjoints au volant : Tolérance zéro.
À mon grand découragement, la majorité des couples sont aux prises avec ce stupide débat : est-ce que les gars conduisent mieux que les filles?
Pour plus de sécurité, toutes les remises en question relatives à l’identité sexuelle devraient être interdites! Comment peut-on conduire convenablement avec un conjoint suspicieux qui épie nos moindres gestes, prêt à nous prendre en défaut? Qui nous dit «C’EST VERT !» à la seconde ou le feu change de couleur, sous-entendant qu’on n’aurait certainement pas pensé à avancer de nous-mêmes? Qui tient son siège à deux mains en nous faisant remarquer qu’on « roule sur la ligne » ou que le clignotant n’est pas une option? Trop de stress! Aucune chance qu’on soit à notre meilleur!
D’accord, les filles ont une moins bonne perception des distances. C’est ce que j’en ai conclu quand, un soir, j’ai arraché le rétroviseur de l’auto de mes parents en reculant dans l’allée sans anticiper que le poteau du déneigeur ne ferait qu’une bouchée de mon miroir… Mais un conjoint invasif, ça amplifie tous nos défauts et nous rend parfois carrément dangereuse.
Tolérance zéro!
3. Les mondes imaginaires au volant : Tolérance zéro
Mon bel homme, parfois, vit dans ce monde où la terre entière conduit à merveille.
« Je peux accélérer sans crainte, c’est sûr qu’il va se tasser ». Il prend pour acquis que les autres conducteurs feront tout ce que LUI ferait à leur place. Il y croit dur comme fer, puis se fâche contre ceux qui ne se conforment pas à ses fantasmes! Vaut mieux laisser tomber ce genre de monde imaginaire.
Dans mon monde à moi, j’ai un jour imaginé que les gros poteaux jaunes, dans les stationnements, étaient faits de craie. On pouvait s’y frotter sans crainte, on n’aurait qu’à essuyer ensuite les marques de craie jaune avec un chiffon! Malheureusement, lorsque j’ai annoncé à mon chéri que j’avais éraflé l’auto sur un poteau en craie et qu’il ne fallait que l’essuyer un peu, il m’a vite remis les deux pieds sur terre… Et s’est payé ma tête pendant plusieurs années!
Tolérance zéro.
4. La maternité au volant : Tolérance zéro
Ok les mamans, c’est l’heure de se confesser :
– Qui a déjà donné un biberon d’une main et conduit de l’autre?
– Qui s’est déjà détachée, en roulant, pour remettre une suce en place?
– Qui s’est déjà retournée, plusieurs secondes, pour contempler le visage du petit dernier qui dansait avec entrain?
– Qui a déjà cherché une « wipe » dans sa sacoche pour la donner au plus grand pour qu’il nettoie les dégâts de la collation improvisée?
– Qui, coincée dans le trafic, a déjà complètement perdu la carte parce que son bébé pleurait, depuis de longues minutes, que son plus vieux avait envie de pipi et que le niveau de stress avait atteint son paroxysme?
Honnêtement, entre ça et un texto, qu’est-ce qui est le plus dangereux?
Tolérance zéro.
Je m’arrête ici mais je compte sur vous pour compléter mon article par vos commentaires. Clairement, des tonnes de circonstances peuvent faire de nous de piètres conducteurs. Alors, il ne nous reste que deux choix : décider collectivement de revenir aux chevaux et aux calèches, ou encore, s’assurer d’être bien conscients des enjeux chaque fois qu’on prend le volant. Même lorsqu’on le fait chaque jour, plusieurs fois par jour.
Personne ne veut être une « Amélie Croteau ». Personne ne veut voir ses rêves et ambitions partir en fumée. Personne ne veut perdre une enfant. Un frère. Un ami. Ces pensées peuvent faire de nous de meilleurs conducteurs.
Merci Amélie d’avoir pris la parole. Demain, quand je prendrai place dans mon beau Buick, je penserai à toi et je conduirai de mon mieux. Bon courage.
Syndie dit
J’ai fait l’exercice, voici ce que j’ajouterais:
Les conflits des touts petits: Tu sais, du genre que le grand frère et la petite soeur ne s’endure pas pendant le 15 minutes qu’ils sont ensembles… Tu dois conduire jusqu’à la garderie tout en réglant un conflit, en apprenant à l’autre à s’excuser, puis à l’autre à pardonner… Tu regardes le chemin mais tu fais la démarche de « vers le pacifique » en espérant qu’un jour, ils seront capables d’être dans le même véhicule sans décidé de se chicaner.
Les conflits des grands: Prendre le volant après s’être disputé avec un être cher n’est définitivement pas une bonne idée… Surtout lorsque l’on pleure, qu’on a encore plein de rancune. On perd tout simplement la notion de ce que l’on fait. On conduit sur le pilote automatique, un peu comme après une nuit blanche. Prendre la fuite fait parfois en sorte qu’on ne voit pas que le compteur de vitesse monte vraiment trop vite… Préférablement, il faut se calmer avant! Mais je dois le dire, je l’ai fait déjà… C’est pour cela que je sais que ce n’est pas une bonne idée.
Voilà pour le moment, j’avais d’autres idées qui sont parties en fumée alors que je commençais à écrire… lol…
Julie dit
Bons points Syndie, je m’y reconnais aussi!