Nous sommes des centaines, que dis-je, des milliers. Exaspérées, découragées, perplexes, délaissées au profit d’un yéti, d’un dragon ou d’un gnome. Nous avons l’impression de ne plus exister, de disparaître. Même nos plus grands charmes deviennent inutiles. Nous nous battons contre quelque chose de grand, d’immense, de plus fort que nous. Quelque chose d’irréel, pourtant. Mais nous continuons la lutte parce que nous aimons nos conjoints. Parce que nous ne pouvons nous résoudre à céder, à sacrifier nos vies à l’irréel. Nous sommes des femmes fortes et endurantes. Nous sommes… les veuves de World of Warcraft.
Quand mon homme a commencé à y jouer, j’ai pensé que ça ne durerait pas, que ça allait lui passer. Puis, désillusionnée, j’ai insisté pour qu’il ne joue qu’une fois les enfants couchés. Rien à faire. Dès que j’ai le dos tourné, dès que je sors faire une course, il ne peut résister à l’appel. Et le soir, quand j’ai l’audace de croire que je pourrais interrompre sa partie en faisant ma coquine, je suis mise K.O. par son yéti ou je ne sais quelle bestiole, qu’il manipule avec frénésie.
Comme je voudrais, mesdames, tenir entre mes mains le perfide concepteur de cette calamité! Était-il conscient de toutes ces familles qu’il allait saccager, de ces couples dont il viendrait à bout ? Je suis certaine qu’à nous toutes, veuves de Warcraft, on pourrait lui faire un procès. L’accuser de destruction massive de bonheur, de voie de fait contre l’estime de soi et de dommages prémédités contre les familles…
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En effet, il s’agit d’un extrait du chapitre : « À vous, veuves de Warcraft ». Hi! Hi! Hi!