Avertissement : moi qui aime écrire « léger »… Certains sujets se traitent difficilement avec légèreté! Je préférais vous en avertir…
Une trentenaire sans histoire… Maintenant ce n’est plus un secret, j’ai une vie plutôt tranquille! Quand mon petit dernier s’époumone parce que j’ai eu le malheur de l’aider à mettre ses bas alors qu’il prône la totale indépendance, que mon second a décidé d’emprisonner des Légos dans son nez, que ma grande pleure dans sa chambre parce qu’elle a de la difficulté à gérer son incroyable sensibilité et que je m’aperçois que je viens de renverser un plein verre de jus sur ma pile d’examens à corriger, je ne la trouve pas si tranquille ma vie! Mais c’est une vie douce, je le sais bien. Je le sais assez pour oublier, bien souvent, à quel point il n’y a pas de garantie. On ne sait jamais quand le ciel nous tombera sur la tête.
Est-ce que ce sera quelques semaines après avoir appris qu’une petite vie a pris d’assaut notre ventre? Quand, après plusieurs jours de réjouissance, on devra laisser partir notre petit bébé avec une chasse d’eau parce qu’il n’aura pas pu s’accrocher…
Est-ce que ce sera un lundi, un mardi, quelques jours après avoir rafistolé une couchette endommagée? Quand notre petit, qui courait, jouait, riait, habitait nos vies, aura eu le malheur de s’étouffer entre des barreaux que l’on croyait pourtant solides…
Quand est-ce que la vie va nous lâcher? Impossible de savoir.
Est-ce que ce sera un proche qui, du jour au lendemain, s’inventera un monde dans sa tête? Qui perdra le contact avec la réalité et dont on devra faire notre « deuil » alors qu’il est encore bien vivant.
Est-ce que ce sera un élève qui, un matin, ne mettra plus les pieds dans notre classe? Une enfant que son papa, malade ou complètement fou, aura choisi d’emporter avec lui dans la mort.
Un cœur fatigué qui nous enverra à l’hôpital, nous servant un avertissement « à la dure », une menace sérieuse qui appelle un changement de nos routines et nos manières de vivre?
Dernièrement, ma petite vie sans histoire a été secouée fortement par toutes ces situations qui, sans s’en prendre directement à moi, m’ont effleurée d’une manière ou d’une autre.
La vie est si fragile, qu’il disait l’autre. Et c’est peu dire. On pense le savoir. Et pourtant, la traite-t-on comme tel? Lorsque l’une de nos indispensables bébelles arrive dans un carton où on peut lire « fragile », on fait bien attention. On la met dans un étui imperméable, anti-grafigne. On y réfléchit à deux fois quand vient le temps de décider avec qui on acceptera de la partager. Est-ce qu’on fait la même chose avec notre vie, pourtant si fragile?
Est-ce qu’on prend le temps de réfléchir avant de la partager avec quelqu’un?
Est-ce qu’on essaie de la ménager, de lui éviter des blessures?
Est-ce qu’on lui apporte l’entretien nécessaire.
Quand notre bébelle a besoin de batteries neuves, notre vie, elle, réclame du repos. Du temps en famille. Une visite au spa. Un congé « sans raison », juste pour entretenir adéquatement notre vie fragile.
Quand notre bébelle ne doit pas être en contact avec de l’eau, notre vie, elle, a parfois besoin que l’on s’assure de l’entourer des bonnes personnes. Le contact de certaines d’entre elles risque de l’endommager fortement.
Quand notre bébelle doit être protégée par un étui onéreux, notre vie, elle, a besoin d’un corps en santé pour l’abriter. Un corps à l’abri du stress. Un corps qui bouge, qui se nourrit avec attention.
Notre vie fragile, on la malmène souvent, à coup de stress, de colère, de chicanes, de peurs, de paresse, d’excès…
Mais la vérité, c’est que même quand on en prend soin, on ne peut pas prévoir ce qu’elle nous réserve et quand elle nous lâchera! Que fait-on alors? On vit dans la terreur? On craint le lendemain? On anticipe le pire? Certainement pas.
Pourquoi ne pas vivre dans la contemplation et l’admiration du fragile souffle de vie. Dans le respect de cette œuvre spectaculaire, de notre cœur qui bat et de notre esprit qui bouillonne. Vivre sans jamais oublier le caractère « éphémère » de ce qui, forcément, nous échappera un jour. Mais sans en craindre la fin.
Pour moi, une chose est sûre; je n’ai rien eu à voir avec ma venue au monde. Cette vie m’a été prêtée avec générosité. Je devrai un jour la rendre et je souhaite alors qu’elle soit en bon état! Qu’elle dégage une bonne odeur. Qu’elle semble avoir été traitée avec amour et respect. Je souhaite la rendre avec reconnaissance, en disant merci pour cette richesse, cette intensité et ces incomparables expériences auxquelles ce don gratuit m’aura donné accès.
La vie c’est fragile. Parfois tellement dur. Mais c’est surtout spectaculaire, incroyable, bien au-delà de ce que les hommes ne pourraient jamais créer de leurs mains.
La vie, ça ne nous appartient qu’un moment.
David, Anne-Marie, Béatrice, Médora, Isabelle et Nathalie le savent trop bien… Et moi, trentenaire sans histoire, je choisis de faire de leurs expériences une inspiration à mieux vivre, à apprécier, à contempler.
XXX
Le petit Victor, dont la vie, fragile, a été trop courte…
À voir: Cet article sur le Deuil de Caroline Charpentier.
Marie Blais dit
Merci pour ce bel article. Je viens tout juste d’écrire un courriel à mon chum pour qu’il achète ton livre : TRENTENAIRE SANS HISTOIRE !
Comme toi, Julie, je suis enseignante et j’adore mes élèves. J’ai aussi perdu un enfant et nous n’avons jamais réussi à en avoir un autre (notre petit LÉO), par la suite. OUF ! La vie est fragile, oui, tu peux le dire. Nous nous demandons toujours quand, lorsque tout va bien, le ciel nous tombera sur la tête !
Nous ne sommes jamais à l’abri de la maladie, d’un accident, d’une dépression, de la mort… Mais une chose est certaine, il faut vivre le moment présent…
J’ai hâte de te lire ! Ce soir, ce bouquin sera sur ma table de nuit et je le dévorerai sans aucun doute !
Marie 🙂
Julie dit
Ouf Marie, ça doit être tellement difficile de perdre un petit, j’en ai des frissons juste d’y penser. Ça doit prendre une très grande dose de courage pour se relever. Je suis contente que mon article t’es rejoint! J’espère que tu aimeras « trentenaire sans histoire », profites-en pour décompresser!
Suzanne Martin (Hardy) dit
Merci Julie pour ton temps de partage sur cette vie si fragile
Manon dupras dit
Oh que oui!le13mars2014je me suis couche enpleine formeet le lendemain matin jai ete incapable de me relever javais pendant la nuit fait un avc j en conserve encore des sequelles je suis paralysee du cote gauche les medecins nont jamais trouve lacause de cet avc javais alors 49ans. Heureusement je suis tres bien entoure je reussis a marcher lentement,difficilement pas longtemps mais juste assez pour pouvoir me deplacer sans fauteuil et jai reusis malgre tout a me rebatir une vie interessante
Cest vrai que la viecest fragile je suis chanceuse jai survecu etje suis encore la pourvoirgrandir mes deux garcons qui ont 20et17anset toutelavie devant eux
Julie dit
Wow! Ça, ça parle fort Manon. Merci de l’avoir partagé. Il ne faut rien prendre pour acquis…
Helen Hayes Desjardian dit
Très Chère Julie!!!!
oui la vie est si fragile!!!!!
Moi la grand- mère qui a une trentaine d’année de millage de plus que toi reconnaît !!!!!
!!oui la vie est si fragile!!!!!
Puisse le départ de notre p’tit ange. Victor!!!!
Me rappeler que la vie est un prêt et non un acquis!!!!
Prenons soins les uns des autres !!!
Xxxxxxxx