Joyeuses Catastrophes


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Ce qu’on ne sait pas… peut nous faire du bien !

23 mai 2019 par Julie 5 commentaires

21h35, un soir de semaine.  Les trois enfants débarquent de la voiture, heureux de leurs achats.  Depuis quelques années, le salon du livre est devenu un incontournable pour eux.  Ils viennent me faire des coucous dans mes séances, traînent, font des rencontres et se trouvent des trésors.  Le défi, chaque fois, c’est d’éviter la foule.  C’est pourquoi nous avons choisi de trimbaler toute la petite famille au centre des Congrès un jeudi soir.

Et nous voilà dans l’entrée, éreintés.  J’ai dans le corps ma journée et un début de rhume pas commode.  Je jette un coup d’œil à mon homme; il est clair que nous avons le même objectif :  mettre les trois marmots au lit en un temps record.

— Je couche Mia ! clame-t-il.

Et oui, chez nous ça marche comme ça, le premier qui statue est celui qui décide.  Mia est au sous-sol, les deux garçons à l’étage.

Je fais monter les garçons, m’impatiente pendant qu’ils se brossent les dents, manque de m’endormir pendant qu’ils mettent leur pyjama.  Ça me semble interminable.

Puis, je mets les pieds dans la chambre de mon plus petit.  Et manque de défaillir. 

Un bordel, mes amis, que je saurais difficilement vous décrire.  Des ciseaux, des crayons et des feuilles jonchent le sol.  Son bureau est envahi de vieux bricolages.  Son lit est une montagne de toutous sur laquelle trône sa collection de cailloux, éparpillée entre ses oreillers.  Le linge sale côtoie le propre, un peu partout.  La porte de sa garde-robe est ouverte, des bobettes pendent des tiroirs et des peluches empêchent la porte de se fermer.

Il y a maintenant des mois, voire des années qu’on y travaille.  Mon petit, quoique mignon, est l’être le plus bordélique que la terre ait portée.  Après les listes à cocher, les récompenses, le coaching, les rappels, je ne sais plus comment m’y prendre.

— Maman, tu me couches ?

Sa petite voix me sort de mon état de choc.  Je ne suis qu’irritation.

— Mais comment veux-tu que je te couche, TU N’AS PLUS DE LIT !? Tu as juste une montagne de cailloux et de toutous ?  Tu vas vraiment dormir là-dedans ?!

Pour accompagner ma complainte, j’attrape tout ce qui se trouve dans son lit et envoie le tout valser par terre.

Et puis, je ne sais par quel miracle, je me ressaisis.  Je m’arrête.  Je fais un choix.  Je lâche prise.  Si je lui fais ranger sa chambre ce soir, on y sera encore à 11h00.

Ça ira à demain.

Je le soulève et le pose sur son lit.  Je place sur lui une des 50 000 doudous qui traîne.

— Jonas, ça suffit maintenant, ça ne peut plus durer. Demain matin, tu vas ranger ta chambre dès ton réveil.  Et               à partir de maintenant, il y aura une inspection chaque soir en revenant de l’école :  si ta chambre est en                         bordel, tu perdras ton argent de toute la semaine !

Son nez se retrousse, sa bouche s’affaisse.  Il va pleurer, je le sais.  Et je me sentirai coupable de m’être emportée…

— Je suis vraiment nul ! rugit-il.  Nul pour ranger, nul pour tout !

Mon cœur fond.  C’est mon bébé.  Je le rassure.  Il n’est pas nul.   Mais clairement pas le champion de la gestion matérielle.

— Tu n’es pas nul ! C’est pour ton bien que je fais ça.  Qui voudra venir te visiter plus tard si ta maison est                            dégueulasse comme ça ?  Tu dois l’apprendre maintenant, c’est important.

Je le console de mon mieux, couche mon plus grand, et file au salon en transportant ma misérabilité, ma fatigue et mon irritation.

Après quelques minutes, j’entends des pas à l’étage.  Je choisis de les ignorer.  Hors de question que je relève mes fesses de mon divan.  Après plusieurs minutes, encore des bruissements.  Je laisse mon derrière sur le divan, mais intervient en beuglant :

— Les gars, qu’est-ce que vous faites !? C’est D-O-D-O !  Je ne veux plus rien entendre !

— Oui maman, me répond mon plus grand. On fait rien.  On dort.

Je me fais sans doute avoir.  Mais je n’ai pas la force de l’assumer.  Je monte le son de la télévision.

Quelques bêtes émissions plus tard, je me décide à monter me coucher.  Comme toujours, je me gâte d’abord en allant caresser la joue de mes garçons endormis.  J’ouvre la porte de mon tout-petit, résolue à franchir de nouveau son bordel pour me rendre jusqu’à lui.

Je m’aperçois bientôt que ce ne sera pas nécessaire.  Sa chambre est IMPECCABLE !  Reluisante.  Les toutous sont en lignes droites au pied de ses couvertures bien serrées sous le matelas.  Son bureau est vide, plus rien ne dépasse de ses classeurs de rangement ou de son coffre à jouets.  Curieuse, j’ouvre la garde-robe.  La porte glisse aisément; tout est parfait.  Je me tourne vers mon petit bonhomme endormi.  Il n’a pas pu y arriver seul.

Les petits pas à l’étage.  Je me fige.  Laisse dégringoler une larme légère sur ma joue.

C’est son grand frère, c’est certain.  Il s’est levé et est venu ranger sa chambre.  Il n’a rien dit.  N’a pas cherché auprès de moi gloire et approbation.

Il a juste voulu prendre soin de son frère.

J’embrasse mon petit et me rend au chevet de mon grand.  Il dort profondément.  Une immense fierté me prend.

Le lendemain matin, dès que le soleil se pointe, je retourne voir mon fils qui se lève tranquillement.

— Alek, qu’est-ce que tu as fait hier soir après que je sois descendue ?

Je me dis que si je lui tends la perche, il se fera sans doute un plaisir de récolter les honneurs.

— Rien maman, j’ai juste dormi.

Je suis stupéfaite.  Il tient vraiment à ce que ça reste secret.  Il voudrait que je crois que c’est son frère qui a tout fait.

— Tu as fait le ménage de la chambre de Jonas ?

Il baisse les yeux…

— Je voulais que tu sois fière de lui pour ne plus qu’il se sente nul. Je voulais juste le rendre heureux.

Il scrute ma réaction.  Se détend en voyant apparaître mon sourire et briller mes yeux.  Je l’enlace avec force.

— Ce que tu as fait est magnifique.

Et je pense à toutes ces fois où j’ai rendu service ou prêté main forte pour ensuite en parler haut et fort.  Me payer moi-même en glorification pour les efforts fournis.  C’est un virage que j’essaie de prendre tranquillement; aider dans le secret.

Et mon fils de 10 ans, à ce niveau, a pris de l’avance sur moi.  A déjà choisi la bonne part.

C’est d’une telle douceur, pour le cœur d’une mère, d’être inspirée par ses propres enfants.

— Maman, peux-tu ne pas lui dire que tu sais que je l’ai aidé ? Je veux vraiment qu’il pense que tu es fière de lui…

Je lui fais un clin d’œil, il me sourit.

Nous serons, moi et lui, complices dans ce beau secret.

 

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Je suis maman, maladroite, enseignante, émotive, amoureuse...
J'ai 40 ans, 3 enfants et plein de choses à dire... Ou plutôt, à écrire, c'est tellement plus facile! Merci de me suivre, de me faire réfléchir, d'enrichir ma vie de vos commentaires...
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Commentaires

  1. DC dit

    8 septembre 2019 à 16 h 34 min

    Moi aussi, j’ai les larmes aux yeux. Merci c’est très beau.

    Répondre
  2. Céline Julien dit

    24 mai 2019 à 7 h 20 min

    Ça me touche mon beau Alek!
    Grand-maman est tellement fière de toi!
    Et ça encouragera notre beau Jojo. Tu atteinds ainsi ton but!

    Répondre
  3. Ta Peanuts dit

    23 mai 2019 à 19 h 53 min

    Wow… Mon frère c’est le meilleur! J’ai définitivement besoin qu’il m’enseigne moi aussi…

    Répondre
  4. Helen Hayes Desjardins dit

    23 mai 2019 à 14 h 44 min

    Quel beau cœur ce Alek.
    Je voudrais que tous mes petits enfants soient ainsi.
    Bravo mon beau Alek.❣️

    Répondre
  5. Stacy dit

    23 mai 2019 à 14 h 01 min

    Oh… je n’aurais pas du lire ça au bureau… ça y est, j’ai les yeux qui baignent dans l’eau! Beau Alek! Sa sensibilité est déroutante! Quel beau geste et quelle belle leçon! L’amour qui transparaît, juste de l’amour simple!
    On vous aime dont!!!

    Répondre

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