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Le brouillard de la covid-longue

16 juin 2022 par Julie 10 commentaires

Note : J’ai beaucoup hésité à publier cet article. Pas que ça me gêne, seulement cela va à l’encontre de l’un de mes désirs les plus intenses ces temps-ci, soit celui d’être invisible ! Je ne souhaite pas recevoir plus d’attention ou m’attirer davantage de compassion, je suis déjà bien entourée et bien suffisamment « sur le spot ». Mais j’ai choisi de le faire quand même pour 2 raisons. D’abord, par authenticité, une valeur sur laquelle j’ai toujours misé. Je sais bien que l’authenticité n’interdit pas les jardins secrets, mais je sais aussi que d’exprimer sa vulnérabilité est souvent très aidant pour ceux qui la lisent et la reçoivent. Et en 2e lieu, parce que j’entends autour de moi parler de très nombreuses personnes affectées par le syndrome post-viral de covid longue et que je sais que plusieurs souffrent de ne pas être compris par leur entourage. Peut-être que certains ne trouvent pas les mots pour exprimer comment ils se sentent. Même dans mon brouillard, les mots sont venus à moi, et je serais bien heureuse de savoir que certains me les auront empruntés pour mieux se faire comprendre… Alors voilà.

Dans mes pensées, il fait 0 ressenti -20. Je sais qu’il faut rester positive. S’accrocher.

Je le sais avec ma tête. Mais mes émotions n’ont pas eu le mémo. 

Plongée dans ce brouillard depuis plusieurs mois, je me cherche. Je cherche celle que j’étais. J’essaie d’entrevoir celle que je pourrais devenir.

Je sais qu’il est possible que l’une et l’autre ne se ressemblent plus jamais.

J’ai souvent plaint les gens atteints de maux sans nom, ceux dont les douleurs ne s’expliquent pas. Je peine à croire que je fais maintenant partie du lot.

Covid longue… Quand je prononce ces mots, je fais face à beaucoup d’incrédulité. « Tu t’es sûrement trop donnée au travail… Une dépression, ça arrive à tout le monde… Tu dois manquer de vitamines D, c’est normal avec l’hiver qu’on a eu… ».

Tout ceci est bien vrai. Mais ce que je peux dire, c’est que rien de tout cela n’existait avant que j’aie la Covid ! Ou si peu… Pas pour me plonger dans cet état du moins.

Je ne suis pas la seule. Mon entourage pullule de « comme moi ». Nous sommes des milliers, dont plusieurs centaines en invalidité, ne pouvant plus travailler ou fonctionner normalement. Les symptômes sont variables. Je me considère chanceuse, je ne souffre que de symptômes « neurologiques » et de quelques problèmes aux articulations. 

Ce n’est pas un mal imaginaire. Pour ma part, ça ressemble en tous points à un traumatisme crânien. La lumière m’étourdit, tout me fatigue, les efforts intellectuels plus que les efforts physiques. Mes enfants n’en peuvent plus de répondre aux questions que je leur pose 4-5 fois par jour parce que j’en oublie les réponses. Mes amis rigolent de tous ces lapsus que je fais. Ma vision est brouillée. Mes émotions sont hors de contrôle, les larmes ne s’annoncent pas avant de me prendre d’assaut et l’anxiété se présente pour tout et rien.

Je me perds en voiture, plus que jamais. J’écoute la télévision et mes enfants doivent m’interpeller pour que j’avance les annonces. On doit me répéter tout et souvent. Je perds mes choses, je perds mes mots. 

Je me perds.

Il n’y a plus dans ma tête que ce brouillard.

Ce flou qui m’a obligée à tout arrêter. Mon travail, mes activités préférées, mes sorties et mes escapades, les apéros magiques et les cafés motivants.    Ce flou qui m’a zombifiée, momifiée, terrassée.

Dites-moi ce qui m’arrive. Dites-moi à quoi m’en tenir. Quoi espérer.  Quoi faire ou ne pas faire. 

Dites-moi juste que le brouillard ne durera pas toute la vie. Qu’un matin, peu importe lequel, je me réveillerai et aurai les idées claires.  Je choisis d’y croire…

Les choix sont au cœur de ma vie. Je n’ai droit qu’à quelques missions par jour, alors il faut bien les choisir. Tout en considérant que ce que je ne fais pas devra sans doute être fait par quelqu’un d’autre. Mon mal déborde sur mon entourage, sur ma famille, mes collègues et mes enfants.

Mon mari. Mon Adonis. Dans les premières semaines après la maladie, il m’a affectueusement surnommée « Soleil couchant ». C’est vrai, je dormais beaucoup. J’ai trouvé ça mignon. Mais je ne soupçonnais pas que bientôt, le soleil ne se lèverait plus du tout. Que la fatigue serait là dès que j’ouvrirais les yeux et m’accompagnerait toute la journée. 

Je ne suis plus soleil couchant, je suis la lune. Je suis la nuit qui persiste et s’étire.

J’étends ma main dans l’invisible, à la recherche de secours. Je fouille dans ma foi pour me tirer des forces. Je crois en un Dieu que je ne vois ni n’entends. Et pourtant, je sais qu’il ne m’abandonne pas ! Je le supplie de me donner signe. De me redonner vie. Je trouve dans cet invisible assez d’espoir pour sécher mes larmes. Assez de tendresse pour m’apaiser. 

“You Only know you’ve been high when you’re feeling low, only miss the sun when it starts to snow “ disent mes amis de Passenger.

Je ne savais pas tout ce que j’avais entre les mains avant de le perdre. Lorsqu’on me le redonnera, j’en prendrai soin. Je le savourerai comme un trésor précieux, comme le plus grand des cadeaux, avec une reconnaissance plus grande encore que toutes celles que j’ai pu expérimenter à ce jour.

En attendant, je m’exerce à la reconnaissance. Parce que je comprends que ce qu’il me reste ne m’est pas dû et pourrait m’être enlevé. Je compte les bienfaits de Dieu. Et il en reste beaucoup finalement. C’est comme ça que mon monde brouillé s’éclaire. En contemplant ce qu’il me reste d’amour, d’amis, d’enfants.  De nature belle, de prospérité. De saveurs et de couleurs. 

Les meilleurs mots, ce sont encore ma fille, ma belle Mia de 16 ans, qui les a trouvés:

« Maman, n’essaie pas de reproduire d’anciens bonheurs, trouves-en des nouveaux« 

On peut bien se plaindre un instant, on peut bien choisir que l’activité du jour qui en vaut la peine soit d’écrire comment on se sent… Mais on ne se roule pas dans le laid à longueur de journée. On s’en secoue, on s’en libère et on continue en attendant que la brume s’écarte et que le soleil se lève et se couche de nouveau.

On s’applique à nourrir sa foi plus que ses peurs. 

Pour qu’alors les angoisses meurent de faim et l’espoir permette la guérison.

À lire aussi :

Que sait-on du syndrome post-COVID-19? Radio-Canada

D’où vient le « brouillard cérébral » chez certains patients atteints du Covid long ? Futura santé

Les losanges noirs (Veille sur ton cœur — comment traverser des moments difficiles) : À venir

Le clan des « pas-fâchés »

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Classé sous :Julie et sa petite vie Balisé avec :brouillard mental, covid longue, épreuve, espoir, fois, maladie, persévérance, virus

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Commentaires

  1. Jean Destin dit

    26 juin 2022 à 7 h 45 min

    Je viens de lire ton ton article et je suis profondément touché par tes mots qui témoignent la fragilité de cette vie sans risque ici et maintenant sur terre.
    Ta foi en ton Dieu, est déjà le début d’une guérison sans fin.
    Courage, et mes pensées t’accompagnent dans la communions de notre Souverain

    Répondre
  2. marceline dit

    24 juin 2022 à 22 h 27 min

    Je te mets assurément dans mes prières quotidiennes belle femme, et oui prend chaque jour comme il vient, tu grandiras sous pleins de facette dans cette épreuve. Ma santé m’a été volée 18 mois et redevenue moi-même je t’assure que la reconnaissance est grande. xxxx

    Répondre
    • Julie dit

      15 août 2022 à 21 h 14 min

      Je n’en doute pas ! Et c’est inspirant de voir et d’entendre des gens qui sont de l’autre côté de la tempête. Merci Marcelline.

      Répondre
  3. Sophie dit

    18 juin 2022 à 7 h 55 min

    Bonjour Julie,
    Je suis désolée de lire ton texte. J’ai été en arrêt de travail en 2015 pour une commotion. Je connais bien tout ce que tu décris. Sept ans plus tard, j’ai retrouvé 90% de mon ancienne moi. Mais la mémoire et la concentration ne sont plus les mêmes, ni la capacité de faire face au stress. Je m’y adapte de mon mieux, j’ai trouvé des stratégies pour bien fonctionner. Je te souhaite de tout cœur de te rétablir. Mes pensées sont avec toi ♥️

    Répondre
    • Julie dit

      15 août 2022 à 21 h 15 min

      Ouf ! 7 ans ! Ça prend de la persévérance et du courage. Merci pour ton petit mot.

      Répondre
  4. CHANTAL LEVEILLE dit

    17 juin 2022 à 10 h 38 min

    Bon courage…J’espère que vous pouvez être suivie dans l’une des cliniques dédiées à la covid longue… https://www.quebec.ca/…/une-quinzaine-de-cliniques…

    Répondre
    • Julie dit

      17 juin 2022 à 10 h 50 min

      Malheureusement pour le moment il n’existe qu’une clinique et mon medecin est d’avis qu’ils n’auront pas le personnel pour en ouvrir plus… à suivre.

      Répondre
  5. Carole Bergeron dit

    17 juin 2022 à 8 h 34 min

    Bon matin , Mme. Julie , j’adore vous lire et le commentaire de votre grande fille m’a permis de me réajuster ds. ce que mon corps me fait vivre depuis 1 bonne année… »n’essaie pas de reproduire d’anciens bonheurs, trouvés-en des nouveaux «  oui , cette citation m’a sonné une p’tite cloche : merci à vous deux . Je continuerai à vous lire Mme.Julie ❣️Bon week-end.

    Répondre
  6. Helen Desjardisn dit

    16 juin 2022 à 18 h 06 min

    Cher Julie
    Mathieu et ta matante Helen
    T’envoyons plein d’amour de câlins ,d’affections !!
    Juste ce que tu as besoins pour passer une belle journée!!
    Prend le temps de guérir !!
    Sois patiente dans peu de temps tout ira mieux!!
    Savoure quand même tes journées relaxes !!
    Avec affections tante Helen
    Je commencerais à prier pour que Le Soleil se lève à nouveau pour toi !!
    Mais je suis convaincue que tu es la plus magnifique lune sur cette terre ♥️

    Répondre
    • Julie dit

      16 juin 2022 à 18 h 49 min

      Que c’est gentil ! Merci pour toute cette affection, je la reçois avec reconnaissance 🙂

      Répondre

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