Nos vies sont trop pleines. Sur-meublées d’ambitions, surpeuplées de relations sans profondeurs. Remplies d’obligations que l’on dépoussière chaque jour et de rêves qui eux, croulent sous les particules qui s’accumulent.
Comme Gaston… (me réconcilier avec mon corps)
Il était adossé contre moi sur la banquette la première fois que notre ressemblance m’a frappée. Les yeux presque fermés, les pattes repliées sur sa petite bedaine poilue, il s’était installé à l’endroit où les rayons du soleil frappaient les coussins avec le plus de force.
J’avais maintenant une vie de chat.
Ce fut une brutale constatation.
[Lire plus…]Lâcher prise à la dure…
Je me suis égrainée.
Je contemple sur le sol les miettes de moi que j’ai laissé tomber. Chacune d’elle m’a déjà paru importante. Je me suis débattue pour toutes ces miettes, pendant si longtemps.
Mon travail, mon rôle d’enseignante. Être présente pour mes élèves, entretenir les amitiés, gérer efficacement les tâches ménagères et familiales… Les plate-bandes, les commissions, mon apparence. Planifier les vacances, n’oublier aucune réunion, m’impliquer dans la communauté.
Ne rien manquer. Ne rien oublier.
Être belle. Bien mise. Jolie. Utile.
Avoir l’air confiante.
Faire découvrir la vie à mes enfants, dans l’action, dans la variété, dans les sorties.
Tonifier mon corps. L’entretenir, le muscler. M’assurer qu’il soit en bon état afin qu’il puisse me porter jusqu’à mes vieux jours en me faisant honneur et me gardant libre.
Utiliser chaque petit trou de temps pour savourer un paysage, une relation, une nouveauté.
De moi-même, je n’aurais jamais pu laisser aller aucune de ces choses.
[Lire plus…]Le brouillard de la covid-longue
Note : J’ai beaucoup hésité à publier cet article. Pas que ça me gêne, seulement cela va à l’encontre de l’un de mes désirs les plus intenses ces temps-ci, soit celui d’être invisible ! Je ne souhaite pas recevoir plus d’attention ou m’attirer davantage de compassion, je suis déjà bien entourée et bien suffisamment « sur le spot ». Mais j’ai choisi de le faire quand même pour 2 raisons. D’abord, par authenticité, une valeur sur laquelle j’ai toujours misé. Je sais bien que l’authenticité n’interdit pas les jardins secrets, mais je sais aussi que d’exprimer sa vulnérabilité est souvent très aidant pour ceux qui la lisent et la reçoivent. Et en 2e lieu, parce que j’entends autour de moi parler de très nombreuses personnes affectées par le syndrome post-viral de covid longue et que je sais que plusieurs souffrent de ne pas être compris par leur entourage. Peut-être que certains ne trouvent pas les mots pour exprimer comment ils se sentent. Même dans mon brouillard, les mots sont venus à moi, et je serais bien heureuse de savoir que certains me les auront empruntés pour mieux se faire comprendre… Alors voilà.
Dans mes pensées, il fait 0 ressenti -20. Je sais qu’il faut rester positive. S’accrocher.
Je le sais avec ma tête. Mais mes émotions n’ont pas eu le mémo.
Plongée dans ce brouillard depuis plusieurs mois, je me cherche. Je cherche celle que j’étais. J’essaie d’entrevoir celle que je pourrais devenir.
Je sais qu’il est possible que l’une et l’autre ne se ressemblent plus jamais.
[Lire plus…]Je ne fais pas pitié
Tu es malade.
Ton père trouve que j’abuse de ses abondants congés-maladies de fonctionnaire. Il décrète que c’est mon tour.
Je dois prendre congé.
Dans les couloirs de l’école, où je suis venue préparer le travail pour ma suppléante, on me regarde avec compassion.
– Ah non ! Pauvre toi ! Je suis désolée ! me dit-on avec sincérité.
Même si je n’aime pas voir mon garçon mal en point, je ne suis pas sûre que nous méritons toute cette pitié. [Lire plus…]
Irremplaçable! Vraiment?
Tu n’as pas le droit d’être malade!
Une phrase qu’on entend souvent dans un bon nombre de professions. Les enseignants n’y échappent pas. Une façon comme une autre de nous dire que notre travail est apprécié. C’est flatteur, d’accord. Mais c’est aussi une phrase dangereuse.
Sous ces quelques mots repose une pression malsaine qui fait rapidement son chemin en nous! Alors qu’on avait déjà commencé à se croire indispensable, cette petite « phrase qui tue » vient rapidement valider notre analyse : Sans moi, plus rien n’existe! [Lire plus…]