Voilà maintenant 2 ans que je cherche mon camp.
J’observe le virus qui répand sa fièvre dans les corps et les cœurs.
Qui fracasse les habitudes et enflamme les discours. Discours qui finissent par se ressembler tous dans leur ton et leur amertume.
J’ai écouté ce que les noirs avaient à dire et je n’ai pas pu m’identifier à eux.
J’ai écouté ce que les blancs avaient à dire et je m’y suis presque reconnue. Jusqu’à ce qu’ils se fâchent contre les noirs et les insultent. Alors, ça ne me ressemblait plus.
Dans tous les discours, j’ai trouvé de la colère. Les noirs sont fâchés contre la science, les médias et les règlements. Les blancs sont fâchés contre les noirs, les naturopathes et les artistes qui ne pensent pas comme eux. Et en commun, ils ont cette irritation contre les autorités. Parce qu’eux, ils auraient fait bien mieux.
Et moi, je me suis retrouvée grise, comme c’est souvent mon cas. Prise entre des êtres humains qui ont un peu raison et beaucoup tort. Des clans tristes et fâchés.
Puis j’ai rencontré des gens bien particuliers. J’ai eu le bonheur d’avoir sur ma route quelques individus « pas fâchés ». Pas toujours d’accord, mais pas fâchés. Ce fut pour moi une révélation; en eux, enfin, je me reconnaissais. Et c’est là que j’ai trouvé mon clan ! Je serais une grise pas fâchée ! En fait, je n’aurais même pas besoin d’avoir de couleur, j’aurais juste à ne pas être en colère. Ce serait ma position et je n’en démordrais pas.
Je ne me fâcherais pas contre les vaccins et leur bagage inconnu, ni contre ceux qui les boudent. Je ne déverserais ma colère ni sur ceux qui serrent leurs masques à double-cordon, pas plus que sur ceux qui le portent au menton. Je ne m’enflammerais ni contre mes dirigeants épuisés, ni contre les camionneurs/pollueurs. Et ainsi je garderais toutes mes forces et mon énergie pour autre chose.
Je garderais mes forces pour mes élèves, pour qu’ils soient chaque jour accueillis par un vrai sourire. Un sourire qui transcenderait mon masque, une bonne humeur qui leur ferait oublier le covid et ses collatéraux.
Je garderais mes forces pour conserver mes amitiés et mes relations. Pour tendre la main à tous les noirs et les blancs qui en auraient besoin, sans égard à leur couleur.
Je garderais mes forces pour continuer de rire avec mon amoureux. Pour parcourir des km de forêts enneigées avec lui, déguster l’amaretto sur la galerie et rire devant le feu.
J’épargnerais mes forces pour qu’il m’en reste lorsque viendrait les conflits, inévitables dans ce temps de confinement. Je mettrai toute mon énergie à les éteindre, les calmer, les réparer. Pour que la vie reste douce entre nos murs.
Je garderais mes forces pour mes enfants. Pour rendre chaque confinement, chaque annulation d’activité et de projet moins amère. Je leur offrirais autre chose, du temps collé, de la nourriture interdite et des escapades dans le froid. Pour qu’ils sachent que les circonstances n’ont pas à avoir raison de nous.
Je m’en garderais un peu pour rêver aussi. Pour planifier des vacances, des voyages, des projets d’école et des partys d’été. Pour me rappeler que le temps passera, comme il le fait toujours.
La vague ultime viendra. Et quand elle se retirera, dans quel état nous laissera-t-elle sur la rive ? J’ai envie de croire qu’elle me laissera debout et prête pour la suite.
Parce qu’en oubliant les couleurs, en aimant mes amis noirs tout autant que les blancs, sans me fâcher, j’aurai fait quelques réserves de forces qui me donneront envie de nous reconstuire.
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Helen Hayes Desjardins dit
Je viens de tomber sur ton beau texte !
Je suis en attente pour un service en ligne!
Au lieu d’être impatiente j’ai occupée mes yeux et mes pensées à autre chose que de focusser cette attente téléphonique !!
Je me suis mise à lire ton beau texte
Tante Helen dit
Je viens de tomber sur ton beau texte !
Je suis en attente pour un service en ligne!
Au lieu d’être impatiente j’ai occupée mes yeux et mes pensées à autre chose que de focusser cette attente!
C’est toujours très agréable ce que tu nous partage !
Ca nous!s aide à réfléchir différemment !
Bravo à toi et au plaisir de te revoir en forme
Sois bénis xxxx
Marianne Blanchard dit
Wow! J’aime tellement te lire Julie. Tu m’inspires! Je n’avais pas lu cet article. Il fait réfléchir…
Comme je te l’ai déjà dit, j’aime énormément ton style d’écriture. Le vocabulaire est d’une richesse incroyable!
Celine dit
Ahhh que jtaime! J’avais pas vu cette délicieuse publication, n’ayant plus Facebook pour m’en informer. Vive le bouche à oreille! Sache que t’es encore pertinente au point où tes lecteurs utilisent autre chose que des écrans pour partager tes mots! J’ai hâte de retourner marcher ou m’assoir à tes côtés pour contempler la vie à quatre yeux, deux cerveaux, et plein, plein de cœur!
Mireille B. dit
100% d’accord avec toi Julie.
Merci pour ce beau texte rafraîchissant rempli d’espoir et d’amour.
Ginette dit
Très beau texte! Tu vois, moi, mon corps est d’une couleur et ma tête était de l’autre couleur. Maintenant, j’ai trouvé un équilibre puisque ma tête est devenue de la même couleur que mon corps. Mais, je fais partie des punies, des méchants, de ceux qu’on doit contraindre, de ceux qu’on discrimine. On a fait croire à ceux de l’autre couleur que j’étais une menace et que je méritais cette discrimination. J’ai expérimenté l’exclusion et le mépris. J’ai pu voir le pouvoir de la manipulation et de la propagande haineuse. Ma tête ne peut comprendre pourquoi on veut continuer à contraindre et non seulement permettre. J’ai appris beaucoup de choses que je ne voulais pas. Mais j’ai surtout appris qu’il n’y a que Dieu qui me tiendra debout!
Josée dit
Tout est dit… Le bonheur ce n’est pas toujours le sourire large sur un visage mais ce qu’il y dans notre coeur et l’acception de chacun d’entre nous. J’ai choisi le bonheur xo
Jackie dit
Tellement, mais tellement d’accord. J’ai aussi choisi d’être « des pas fâchés ». Je préfère m’attarder sur ce qui ressort de bon au milieu de cette pandémie. Pas de temps à perdre. Merci Julie pour ton article.
Remi dit
Ça fait du bien de voir des gens qui ne juge pas et qui se questionnent sans attaqué personne. Pourquoi divisé les gens, nous sommes plus fort ensemble. La science ne peut avoir qu’une réalité, elle s’enrichie et évolue en confrontant des idées différentes
Mom dit
Tellement d’accord ma fille.
Parce que tout n’est jamais complètement noir ou complètement blanc,
mieux vaut choisir la paix.
Desjardins Laura dit
Wow! Comme c’est rafraichissant… tellement différent de ce qu’on voit et ce qu’on entend! Merci Julie pour cet article si doux à lire!