Dernièrement, j’ai eu la bonne idée de « prêter » mon blogue à mon homme dont l’esprit vif me ravit. Après qu’il m’ait lu ce texte qu’il avait d’abord écrit pour lui-même, j’ai senti le besoin de récidiver. Il a accepté de jouer le jeu à nouveau, non sans hésitation.
Je rends d’ailleurs hommage à son courage et à sa transparence.
Après « Jokes de filles, jokes de gars », voici « Les vrais mâles ne pleurent pas » par Le Bel Adonis.J’ai toujours pensé que les vrais mâles ne pleuraient pas. Je n’ai pas vu mon père pleurer ou si peu que je n’en garde aucun souvenir. Ses émotions passaient souvent par ses yeux et il fallait être attentif pour capter ses élans de fierté et d’affection.
De mon souvenir, les gars enduraient, les filles pleuraient. Et il y avait une grande fierté à entretenir ce sentiment d’invincibilité…
Bien sûr, j’ai dû faire quelques entorses à cette règle les fois où mon grand frère jouait avec son ami au jeu « Combien de temps avant qu’il braille? » dans lequel tous les coups étaient permis. Souvent une petite larme prématurée m’évitait les vrais coups qui faisaient vraiment mal! Mais en dehors de ça, les émotions étaient un poison qui nous faisait perdre le contrôle, à nous, cette race d’hommes des cavernes.
Jusqu’à ce qu’une petite fille du nom de Mia apparaisse dans ma vie…
La première fois que je l’ai vue, mes yeux se sont remplis d’eau sans que j’aie le temps de réagir. Cette petite bestiole bouffie et criarde était la plus belle chose que j’avais fait de mon existence. Ma vie a pris un sens complètement différent suite à l’arrivée de cette affectueuse petite larve. Une première brèche dans mon cœur de pierre que j’avais barricadé depuis des années…
Cette première incursion dans mes émotions a fait de moi une véritable « lopette »! Je me suis mis à avoir les larmes aux yeux pour des niaiseries. Tout ce qui pouvait toucher mon rôle de père me mettait à fleur de peau. Le moindre reproche sur ma façon d’agir devenait une attaque personnelle. Mais surtout, je me transposais dans chaque situation paternelle. Je me suis donc retrouvé les larmes aux yeux devant le « Roi Lion » lorsque Simba crie à son père :
« Tu disais que tu serais toujours là pour moi! »
Armé de mes nouvelles émotions de « Papa chochotte », j’ai dû dernièrement affronter la pire des émotions : les funérailles du petit garçon de mon cousin, mort étouffé dans sa couchette. J’ai bien dit à ma femme, qui ne pouvait se résoudre à venir avec les enfants aux funérailles du bambin, :
– Je vais me forcer pour pas pleurer! Inutile d’en rajouter au drame!
Yeah right!
J’ai tellement pleuré… Pleuré devant le cercueil où je transposais mon plus jeune, qui aurait à peu près le même âge. Pleuré dans les bras de la mère qui n’en pouvait plus de souffrir. Pleuré pour mon cousin couvert de remords, à qui je n’ai pu que répéter la phrase du « Destin de Will Hunting » :
– « Ce n’est pas de ta faute! ».
Pleuré devant une photo où l’on voyait mon oncle endormi avec le bambin. J’ai pleuré quand j’ai vu mon autre cousin qui transportait le petit cercueil en avant de l’église ne plus pouvoir se contenir, lui qui avait été si fort jusque-là..
Cet événement m’a ébranlé au plus haut point. Je vais encore rarement me coucher sans vérifier que tous mes enfants respirent bien. Simplement pour me rassurer. Ces petites bêtes sont devenues toute ma vie.
Mais alors, quoi faire??? Je n’étais plus ce mâle qui ne pleure pas. Cet invincible… Ce Cro-magnon… Ce surhomme…
Je me suis demandé ce que j’allais léguer à mes fils?
J’essaie d’apprendre à ma fille, qui est déjà trop sensible, à vivre ses émotions avec sa tête.
Mais à mes garçons, est-ce que je dois leur dire que pleurer est parfois nécessaire?
Probablement que ça prend un équilibre entre les deux. Mais je crois bien devoir avouer à mes garçons que les vrais mâles, parfois, pleurent aussi…
(Il y a aussi la possibilité que je ne sois pas un vrai mâle, mais je préfère nier cette éventualité!)
Cher petit homme, je ne t’ai pas beaucoup connu, mais ton court passage sur cette terre m’a profondément marqué. Je te prie petit ange de veiller sur ton papa, ta maman et tes frères. Que tu sois leur inspiration à se relever à chaque jour qui passe!
Sur le même thème:
Qu’est-ce qui fait pleurer les hommes, par Anne-laure Gannac
Vivre un deuil, par Caroline Charpentier
Guy Vandal dit
Je pense que, suivant l’expérience de mes années, tu n’auras pas à enseigner à tes enfants qu’un homme ça pleure, ça pleurait avant mais souvent à l’abri des regards, et ça pleurera toujours. L’homme a été créé à l’image de Dieu… Jésus lui-même a pleuré. Il vont le voir au travers ton authenticité et ta transparence, au gré des incontournables de la vie ici bas.
Lajoie Rachel dit
Bravo Monsieur pour votre article!
Sincères condoléances à toi et à toute ta famille pour le décès du fils de ton cousin!!!! :'(
Céline dit
T’en fais pas , les larmes ne nous rendent que plus humains et compatissants.
Je crois que si Dieu a créé les larmes c’est qu’elles ne peuvent que nous être
bénéfiques et liberatrices. De plus, elles nous aident à rester un peu plus humbles,
ce qui n’est pas négligeable.
Bienvenu dans le club!
yolande dufour dit
J.’ai adoré le commentaire de ton homme. J’ai eu une année, depuis janvier, très mouvementée. Ma soeur célibataire de 91 ans a perdu la vue complètement. Trois semaines d’hospitalisation, ensuite transferts dans des résidences pour évaluation et ensuite dans un bon centre pas tellement loin de chez nous. Elle commence à s’adapter mais ce n’est pas toujours facile. Nous avons dû vider son logement en trois voyages. Pas facile pour des soeurs veuves et une seulement qui a une auto.
.
C’est pour cette vie mouvementée que présentement que je n’ai pas toujours suivi tes chroniques.
Moi, bursite à une hanche qui a duré quatre mois.
Fin mai, une de mes filles jumelles de 54 ans est entrée d’urgence à l’hôpital et elle est décédée le 2 août.
Mon aînée s’ocupe de son vieil oncle de 86 ans, handicapée. Elle le visite une fois par semaine pour voir à ce qu’il ne manque de rien. Il ne sort pas du tout. Elle fait ses commissions. Le 26 août, hospitalisée et ne peut retourner à la maison. Nous vidons actuellement son appartement et la travailleuse sociale cherche un CHLSD qui va lui convenir car il a un problème de langage et analphète.
Je vais recommencer à suivre tes chroniques. Toujours intéressant à te lire.
Merci,
fin mai, une de mes filles jumelles de 54 ans