Maman à volonté!

Les vacances vont bon train.   Rien de bien extravagant, un peu de chalet, la tournée des parcs.  On s’applique à faire tous ces petits riens que nous n’avons jamais le temps de faire avec les enfants; vélo, jeux de société, bricolage, etc… Le temps file, comme le chaud vent de l’été.

Je suis enseignante, je vous le rappelle.  Mon enviable congé estival (sans solde, je tiens à le préciser) est donc d’une durée tout à fait respectable.   Mais au cœur de ce répit, j’entends une trame de fond.  Parfois un gémissement, parfois une chanson.  Certains jours c’est une franche lamentation, d’autre fois une pâle complainte.   Au cœur de la canicule, je m’arrête pour investiguer sur la source de cette pollution auditive persistante.

Le coupable, c’est mon petit dernier.  Mon bébé, qui aura bientôt deux ans.  Bien que le manuel de survie parental indique clairement qu’il devrait, à son âge, maîtriser 20 mots et plus, lui, il n’en dit que 3.   Papa, maman, caca.  Mais voilà que depuis quelques jours, voire quelques semaines, il est complètement focussé sur le second.

–           Maman! Maman!  Maman!

Il le dit et le redit sur tous les tons possibles.  Parfois, il ajoute des petits « hé, hé » pour en faire une chanson.  Parfois il le crie à répétition, comme un disque égratigné.  D’autres fois, il le pleure, s’éternisant sur les « a » et les « an ».

–           Maaaaaamananananananan!!!

Lui qui se montre habituellement si facile à vivre, va vers les gens sans peine, se fait garder sans cri, je le trouve un peu rabat-joie d’endolorir nos pauvres oreilles en vacances!

En y pensant un peu, il n’est pas le premier à agir de la sorte.   Sa grande sœur, la première, devenait très « fille à maman » pendant le congé d’été.  Plus moyen de la faire garder, elle ne voulait que moi!

Mon cadet, la tornade, a lui aussi manifesté cet attachement maternel exagéré lors de nos précédents étés.  Je ne comprends pas.  Pourtant, je passe tout mon temps avec eux!  Ils ont une plus grande dose de maman que pendant tout le reste de l’année assemblée!  Pourquoi alors en redemandent-t-ils, encore et encore.  Pourquoi me réclament-ils plus que jamais alors que, pour une fois, JE SUIS LÀ!!!

Et BANG! Soudain tout s’éclaire.  Quand la vie va vite, quand maman travaille et que les petits s’évertuent à être de bons petits à la garderie, ils comprennent vite qu’ils auront beau me réclamer de toutes les façons possibles, je ne pourrai pas leur offrir plus que ce que je leur donne déjà.   Quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils frappent, j’irai travailler, ils iront à la garderie.   Pas fous, ces petits, ils ne gaspillent pas leur énergie à demander ce qu’ils ne peuvent pas avoir!

Mais voilà que tout à coup, tout est possible.  On peut réclamer maman en tout temps… Et elle sera là!  Buffet à volonté! All you can eat! Sky is the limit!!!

Pourquoi se priver alors?

–           Maman!  Maaaaman!  Mamaaaaaaaan! Hé! Hé!  Maman!

Ils n’ont pas de limite, ils se gavent de la présence maternelle enfin disponible.  Cette soudaine prise de conscience me rend heureuse et triste à la fois.  D’une part, je suis tellement comblée de ce long congé qui me permet de leur en offrir plus que pour leur argent.   Je sais bien que plusieurs n’ont pas cette chance…  Et elle revient chaque année.

D’un autre côté, je ne peux m’empêcher de me demander à quel point, le reste du temps, je leur ai manqué…  Combien de fois par jour, par heure, par minute, ont-ils désiré cette maman qui n’était pas là.

Réclame, mon bébé, dis-le, ce mot unique que tu chéris tant.

Sers-toi, cet été, c’est maman à volonté!