Je me laisse tomber de tout mon poids dans le divan. Mon sofa absorbe d’un coup la fatigue qui me plombe les épaules.
Je laisse mon cerveau se ramollir devant les âneries de ma télévision.
Quand tout à coup, survient la sensation la plus agréable qui soit. Mon fils, mon petit de 4 ans, m’a rejoint et me flatte la joue de sa main d’ange.
Sa main est chaude et potelée, douce comme un nuage, réconfortante comme un vent chaud.
Je la prends dans la mienne et je m’étonne de la trouver si grande. Je me souviens la première fois. Couchée sur la table d’opération et le ventre encore ouvert, je me souviens de ses minuscules mains qui flânaient sur ma poitrine. Ses petits doigts effilés, un peu fripés. Roses. Presque mauves. Ses mains qui me félicitaient, me remerciaient de l’avoir conduit jusqu’à nous.
Crédit Photo Mylene Côté
Mon petit se blottit contre moi, peu intéressé par l’insignifiance de mes émissions. C’est moi qui l’intéresse. Dans son univers, je suis la reine, je suis la beauté, je suis l’épicentre. Je suis tout ce qu’on devient instantanément le jour où l’on devient maman. Rien ne pourrait jamais me faire sentir plus importante que la douceur de ses menottes sur mon visage.
J’attrape sa main en me disant qu’un jour, elle sera une main d’homme. J’imagine les veines proéminentes parcourir ses sillons. Le poil s’infiltrer sur son poignet et s’étendre au-delà. J’imagine la force qu’aura un jour sa poigne.
Je flatte doucement ses jointures priant qu’elles ne frappent jamais, qu’il continue d’utiliser ses mains comme il le fait maintenant. Pour flatter. Pour conforter. Pour aimer.
Cette même main qui s’accrochait à la mienne quand, encore vacillant, il se lançait dans ses premiers pas.
Cette main que j’ai tenue toutes les fois où il a été malade. Que j’ai flattée pendant son sommeil, que j’ai retenue pour éviter qu’il se blesse.
Ces mains qui ont ouverts ses premiers cadeaux, ont plongé dans le crémage de son premier gâteau.
Ses mains avec lesquelles il tirait sur mon chandail avant de savoir parler.
Elles ont encore tant de choses à créer. Tant de mal ou tant de bien. Voler, battre ou blesser. Relever, soutenir ou secourir.
Cette main, que je tiens dans la mienne, sera-t-elle un jour assez forte pour essuyer des larmes ?
Assez vaillante pour se salir.
Assez fidèle pour tenir à son tour une frêle patoche et ne jamais la laisser tomber.
Il a posé sa tête sur moi et je savoure chaque instant de cette belle symbiose avec mon fils.
J’ai envie de croire que ce qu’on lui donne aujourd’hui dictera ce qu’il fera de ses mains demain.
Il aura toujours le choix. Ce seront toujours les siennes. Mais je me rappellerai éternellement les avoir tenues dans ces moments d’extrême tendresse qui ne s’achètent pas et que j’espère, il puisse vivre un jour à son tour.
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