C’était bien évident pourtant. Je n’avais juste jamais utilisé ces mots-là…
Cette semaine, on m’a contacté pour me demander de participer à une émission française. La recherchiste m’avait en fait ciblée comme étant « une excellente candidate pour recevoir des conseils d’experts sur la surcharge mentale ».
Mine de rien, me faire traiter de « surchargée mentale », ça m’a fait bondir au départ ! On ne se connaît même pas ! Vous lisez un peu mon blogue et me déclarez sans hésiter « surchargée chronique en phase terminale » ? C’est mon petit teint gris qui m’a dénoncé ? Ou mon allure un peu détraquée !
Puis, une fois le choc passé et mon petit orgueil réconforté, j’ai fait un constat bien obligé: Si la surcharge mentale, ça veut juste dire avoir trop de choses à penser, y’a pas de doute, je suis en surcharge ! Je surchauffe ! Je suis en surpoids cognitif. En obésité morbide des préoccupations. Mon IMC du cerveau n’est pas très optimiste.
Lorsqu’à l’occasion je pète un câble au retour du travail, ce sont toujours les mêmes mots que je répète à mon conjoint exaspéré: C’est trop ! C’est trop ! C’est juste trop !
Maintenant que je connais les bons mots, je pourrai m’arrêter, le regarder de mes yeux exorbités, et déclarer avec confiance: je surcharge mon chéri, je surcharge !
Ayant partagé un peu mes réactions sur mon profil, une amie m’a répondu: Tu es enseignante, tu as trois enfants ! Il faudrait être le Dalaï-Lama pour ne pas être en surcharge ! (coucou Audrey).
À bien y penser, je crois que toutes les mamans* qui travaillent sont automatiquement très à risque. Avez-vous déjà fait l’exercice de mettre par écrit tout ce que vous avez eu à penser en une journée ?
Aujourd’hui, après avoir utilisé mon cerveau pour planifier l’alimentation de toute la famille pour la journée et géré l’habillement de mes trois schtroumpfs en fonction du climat québécois instable, j’ai mis en oeuvre 4 activités pédagogiques en ayant en tête les besoins de mes 6 TDAH, de ma petite en francisation et de mes deux élèves dyslexiques. Ce faisant, j’ai également pris soin de ne pas oublier l’anniversaire d’un petit garçon et d’envoyer du travail à un élève absent. Je n’ai pas oublié de répondre à mes 10 courriels urgents et de finaliser les préparatifs pour notre gala de jeudi.
Puis, sans même reprendre mon souffle, je me suis occupée de mes trois enfants, me suis assurée qu’ils n’oublient rien à l’école. J’ai même pensé au hamster, le pauvre qui n’avait plus de nourriture, et suis arrêtée à l’animalerie. Ensuite, j’ai pensé à mon hygiène buccale et suis passée chercher un tube de pâte à dents ayant vidé le dernier hier soir. Rendue à la maison, je n’ai pas plus donné de répit à mon cerveau. J’ai pensé à défaire les boîtes à lunch, à demander à mon garçon de s’habiller pour le soccer et à me hâter de faire le souper pour qu’il ait le temps de manger avant de partir… Pour que je puisse ensuite faire faire les devoirs des deux autres et m’assurer que leur équilibre émotif et affectif soit au top !
Par contre, je n’ai pas pensé à ma vessie. Alors quand j’ai enfin pris une minute pour m’occuper d’elle et qu’on s’est mis à frapper dans la porte de la salle de bain pour me poser une question après l’autre, effectivement, je confirme que la surcharge mentale s’est manifestée. Que mon cerveau a fermé la switch et que mes émotions ont pris le relais !
Je me relis, et juste l’énumération de ce que j’ai pu faire subir à mon cerveau me fatigue. On ne réalise pas à quel point on lui en demande, le pauvre…
Et le pire, c’est que je recommencerai demain. Et après demain. Je lui donnerai sans doute un court répit quand le week-end viendra, entre deux brassées de lavage, l’épicerie et la planification des repas de la semaine.
La surexploitation est flagrante. L’abus est évident. Mon pauvre cerveau ne pourra pas tenir ainsi éternellement.
Alors quoi ?
La solution est toute simple. Il n’y en n’a qu’une. Prendre des pauses. Se donner du repos. Se tracasser moins.
Notre rythme de vie, qu’on se le dise, est complètement fou ! J’en suis à me dire que le « jour du sabbat », ce jour que les gens devaient obligatoirement passer à ne rien faire, avait absolument sa raison d’être. C’est lui qui protégeait les gens de la surcharge mentale. Depuis qu’il a disparu, nos cerveaux sentent le cramé… À notre manière, je pense qu’il faut trouver un moyen de le réintégrer dans nos vies…
Pour ma part, je commencerai par un 15 minutes obligatoire de temps mort au retour du travail. Soccer ou pas. Linge à plier ou pas. Corrections ou pas. J’offrirai ce petit 15 minutes à mon cerveau avec amour pour le remercier de son grand dévouement et de ses trop nombreuses heures supplémentaires. Un petit sabbat quotidien en attendant de trouver le moyen de faire mieux.
Et de transpirer un peu moins la surcharge mentale…
* Désolée pour ceux qui me diront que je devrais inclure aussi les papas qui travaillent, mais j’ai deux bonnes excuses: 1. Je n’ai jamais visité un cerveau masculin, je ne sais pas trop comment les choses s’y passent et à quel point ça surchauffe. 2. Au premier coup d’oeil du moins, j’ai tendance à croire que les hommes ont un piton OFF dans leur cerveau pas mal plus facile à trouver que les femmes… Bravo les hommes, vous êtes bien constitués !
Vidéos inspirants sur le sujet:
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Annabella dit
Je crois que je suis en pleine surcharge mentale moi aussi, et ça dure depuis un moment. Il m’arrive parfois de devoir prendre quelques minutes pour me souvenir de tout ce que je dois faire durant la journée. Je crois bien que mon cerveau se déconnecte, lol.
Chloé dit
Bonjour,
Je suis exactement dans la même situation que vous, je travaille 30 heures par semaine et j’ai
3 enfants…
Comment dire stop au cerveau, qui va réfléchir même pendant la pose de 15 minutes, à tous ce qu’il faut faire, prévoir, ne pas oublier…
Pour ma part, je n’ai pas trouvé. Mais si quelqu’un à une astuce, je prends !
Courage et GIRL POWER 🙂
Chloé
Linda Aubé dit
Allô Julie, sans vouloir paraître trop méchante ( envers le cerveau masculin ) je crois qu’ils ont la chance d’avoir deux pitons= un pour le off et un autre plus subtil = le piton bofff = c’est pas si gave…
Linda 🙂