Ce matin, quand j’ai ouvert les yeux, le monde avait changé… Malgré la marmaille déjà bien active, j’ai quitté mon lit très tard et j’ai contemplé ce monde nouveau.
Je me suis levée en me disant que tout était possible. Et que rien était aussi une heureuse possibilité. 10h04, j’ai eu envie d’amener ma triple progéniture au parc. Petite préparation, rien de semblable aux matins d’école, mais quand même. Il fallait au minimum les serviettes, la crème solaire, les couches de rechange, les casquettes, etc…. Juste avant de partir, je me suis aperçue que ma grande fille de 8 ans n’avait pas mis son maillot sous sa robe pour les jeux d’eau. Les garçons étaient déjà dans l’auto, je m’apprêtais à mettre la clé dans la serrure quand j’ai dû lui demander de retourner se changer.
Aussitôt, la panique s’est emparée d’elle. J’ai vu son visage se transformer et les larmes monter rapidement à ses yeux.
– J’ai oublié mon maillot. J’vais me dépêcher maman! J’ai juste oublié…
Elle avait la voix tremblotante. J’ai tout de suite compris la panique. Alors je l’ai saisie par le bras, la forçant à s’arrêter, et j’ai pris son joli visage entre mes deux mains.
– Ma belle, c’est correct, c’est pas grave.
– Mais on va être en retard pis les gar…
– Hey, est-ce qu’on peut « être en retard au parc »?
Elle a hésité, a semblé se calmer et a secoué la tête. Je lui ai souri et j’ai vu son visage se transformer et retrouver la paix. Elle a commencé à saisir.
– Bienvenue dans les vacances ma douce!
Je l’ai serrée dans mes bras.
Elle s’est retournée, tout sourire, le maillot dans une main et le pas léger.
Ma petite fille est habituée à cette vie ou un oubli matinal crée la panique générale… Parce que papa va manquer son autobus, maman va être en retard, etc, etc…
Elle a la panique générale ancrée en elle. Elle a l’habitude des matins où chaque minute est comptée.
Notre visite au parc a été succulente. Étendue sur ma serviette de plage, les cheveux encore humides après avoir eu l’air d’une vraie attardée en jouant avec les mômes sous le « super-champignon-arroseur », le soleil était chaud et les arbres bordaient le ciel. J’entendais les cris de mon bébé-le-méchant-capitaine qui, du haut de ses 2 ans (presque 3) semait la terreur au sein de son équipage. Les deux autres jouaient les moussaillons terrifiés qui se sauvaient dans les glissades dès qu’ils l’entendaient arriver.
Je n’avais pas de montre. Je n’avais pas de repère. Je n’avais pas de dîner, pas de plan. Pas de plan, ça, c’est tellement rare en ce qui me concerne! J’ai toujours un plan. Parfois deux, souvent trois. Des plans de rechange, au cas où… Mais pas aujourd’hui. Plus maintenant.
Aujourd’hui le soleil s’est levé sur un monde où les matins servent à dormir et à se réveiller lentement en repassant ses rêves dans sa tête. Un monde où les plans ne servent plus à rien, où les impulsions sont les bienvenues.
Un monde où tout le monde peut faire caca à l’heure qu’il veut sans créer de commotion familiale parce que « ce n’est pas le bon moment » (mon Adonis va être super content de lire ça)! Quoi?! La gestion de l’évacuation fécale, c’est pas toujours évident dans une famille de 5!
Un monde dans lequel ma fille de 8 ans pourra, je l’espère, remplacer la panique générale par le droit à l’erreur.
Je suis en vacances. Je savoure. Les minutes sont parfois longues et je leur en laisse le droit. Elles qui, d’habitude, déboulent toujours trop vite.
Je suis en vacances, j’ai cessé de courir.
Je suis une maman qui se prélasse, pas peignée, presque pas maquillée. Presque.
Mes enfants ont retrouvé le droit d’être des enfants. De semer la pagaille et de crier tant qu’il leur plaît. De se permettre d’oublier leur maillot de bain sans que la terre arrête de tourner.
Je savoure et c’est, de loin, ce que j’ai dégusté de meilleur depuis fort longtemps…
Bonne vacances tout le monde! Les profs et les autres. Les mamans, les papas, tous ceux qui travaillent si fort tout le reste de l’année. À votre tour, n’hésitez pas à savourer!
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De belles photos de mon amie Geneviève Roger aujourd’hui…Merci!
Nadine dit
Chère Julie,
Chacune de tes publications est un baume sur mes journées plus difficiles et ton livre est criant de vérité. Ça fait tellement du bien de ne pas se sentir seule à vivre des choses que les gens à l’extérieur de la profession ne comprennent pas puisqu’ils ne le vivent pas. Merci pour ce blogue, merci pour ton savoureux livre et surtout, continue d’être comme tu es !
Julie dit
Merci, merci, merci Nadine!
Suzanne dit
Merci pour ce beau message….comme tu as raison, les vacances sont enfin là pour nous permettre de relaxer et de savourer le temps qui passe avec nos enfants ou un brin seule!!! Les matins sont sous le signe de la lenteur ou de l’imprévu qui passe.Ce matin je partage ce bonheur d’être en vacances!
Syndie dit
Quelle belle article encore une fois!
Merci chère Julie de ce savoureux intermède!
Tu diras à ta belle Mia que je fais comme elle… mais quand je me réveille… 8h12 à mon horloge, état de panique, je suis en retard, mes élèves!!!! Et là, on respire, on est en vacances! Et même si j’ai des choses à terminer à l’école, ça va déranger absolument personne que j’arrive à 10h! 🙂 Profitez en bien! 😀