Comme tant d’autres mamans, je n’ai pas le loisir de porter mon pyjama bien longtemps le matin. Je ne profite pas d’un petit déjeuner coquet en famille. J’engouffre mon vulgaire gruau INSTAN sans même m’asseoir un moment.
J’ai rarement le temps de m’informer du sommeil de mes trois petits schtroumfs… À quoi ont-ils rêvé? Comment se sont-ils réveillés? Ils sont contraints au résumé et doivent accepter que maman court partout en les écoutant raconter…
Comme tant d’autres mamans, je laisse le matin mon petit entre les mains d’une « maman remplaçante ». Je connais cette douleur, ce tiraillement dans les entrailles quand, les joues encore mouillées, notre amour nous regarde partir par la fenêtre de la garderie.
Comme tant d’autres mamans, je n’accueille pas mes enfants et mon mari avec la bonne odeur d’un agréable bouilli, rôti (toutes ces belles choses qui prennent plus de 30 minutes à cuir)! 30 minutes, c’est le maximum de temps que doit prendre la préparation de mon souper…
Comme tant d’autres mamans, je borde mes enfants avec mes propres soucis en tête que je m’efforce de cacher. Quoi qu’il arrive, parfois, que je me permette de parler avec eux de « ma grosse journée ». Juste pour partager, pour se sentir liés.
Mes enfants ne connaissent pas ces week-ends de farniente ou rien n’est au programme. Au minimum, on doit au moins faire le lavage, le ménage, l’épicerie et les lunchs. Entre les soupers entre amis, les fêtes et les séances de gym, on a à peine senti l’odeur du congé qu’il s’est évaporé….
Longtemps, j’ai voulu croire et déclarer que je n’avais pas eu le choix. Qu’être une maman à la maison n’était pas à notre portée financièrement. Mais j’ai menti. D’autres l’ont fait avec moins…
La vérité, c’est que je n’ai pas eu la force de sacrifier. Sacrifier un poste dans mon école de rêve que je n’aurais sans doute jamais retrouvé. Sacrifier cette maison que nous n’aurions pas pu acheter. Sacrifier ma modeste garde-robe et quelques belles escapades. Sacrifier le monde des adultes pour plonger, tête baissée, dans celui des enfants à temps plein. Sacrifier la reconnaissance sociale et la valorisation d’une profession.
Une fois ces choses assumées, à quoi bon me plaindre. La vérité, c’est que j’ai choisi! J’ai choisi cette vie qui va vite et qui m’entraîne avec elle. J’ai choisi mon métier comme une réelle vocation. J’ai embrassé le rythme effréné d’une vie débordante. Et j’ai embarqué dans ma danse un mari et trois beaux enfants.
Eux non plus, ne savourent pas tellement l’instant « pyjama ». Mais ils partagent avec moi cette vie jamais ennuyante et qui les appelle à se surpasser!
Je lis régulièrement des textes qui tendent à défendre l’un ou l’autre des deux modes de vie. Maman à maison Versus Maman avec profession. Pour ma part j’aurais envie que nous fassions une trêve. J’aurais envie que naisse en nous une admiration mutuelle.
Quand je vois passer ces belles mamans à poussettes qui ont choisi la maison, je les admire pour le courage qu’elles ont eu et les sacrifices qu’elles ont fait. Elles ont choisi de prendre le temps, de savourer les instants, de faire des rôtis (c’est pas obligé mais moi, si j’étais à la maison, c’est ce que je ferais….).
De la même manière, quand je croise à la lumière rouge une maman pressée qui calme la marmaille qu’elle ramène au bercail après une grosse journée de travail, je l’admire également parce que je sais bien l’énergie dont elle a besoin! Tout ce qu’il faut mettre en place pour ne pas laisser le stress prendre toute la place. Créer, malgré la lourdeur des journées, un foyer où nos enfants se sentent bien.
Puisqu’on a le choix, puisqu’on est libres et informées, je pense qu’il est temps, de part et d’autre, de s’assumer et d’envoyer paître la culpabilité.
Je regarde les trois petites binettes étendues dans mon lit et j’ai la grande certitude qu’ils ne sont pas malheureux. Tout comme moi, quand ils mettent le pied dans la maison, ils sont envahis par le bonheur de retrouver quelque chose qui leur a manqué! Le soulagement de savoir que le pyjama n’est pas loin et qu’il n’est pas trop tard pour abuser de lui. La constance d’un foyer où il fait bon vivre, malgré tout. Ils savent qu’ils sont plus importants que le travail, que la maison, que la terre entière. Que chaque chose a sa place et que chacun a son rôle.
Mes enfants ont une maman qui travaille. Qui a savouré pleinement ses trois congés de maternité et qui compense comme elle peut dans les vacances de Noël et celles de l’été. Une maman qui travaille, non pas parce qu’elle méprise celles qui ne le font pas, non pas parce que quelqu’un lui a imposé ce choix.
Une maman qui travaille parce qu’elle le veut bien…
Ménage à 2 faces
Geneviève Morin dit
Bonjour Julie !
Je suis tombé sur cette article en tapant sur Google » Elles font quoi les mamans à la maison » parce que je suis dans mon congé de maternité et je m’ennuie !! J’ai 3 enfants et aux 2 premiers j’ai recommencer à travailler après 3 mois parce que je me sentais une meilleure maman ainsi. Là à mon 3e je veux réussir à prendre mon 9 mois de congé mais après seulement 2 semaines de vie de mon petit ange je me trouve vraiment inutile à la maison. Lors de tes congés de maternité Est-ce que tu réussissais à te valoriser étant donné qu’au quotidien tu étais habitué de » courir » après ton temps ?
Et bravo pour ton texte !!
Julie dit
Bonjour Geneviève. Bravo pour ton honnêteté. Plusieurs mamans hésitent à dire qu’elles se sentent plus « épanouies » au travail qu’à la maison. Pour ma part, j’ai trouvé ça difficile à ma première seulement. Un seul bébé à s’occuper, c’était très loin des 54 défis que j’étais habituées de relever en même temps! Mais avec le temps, une certaine routine s’est installée et les choses sont devenues plus faciles. J’ai aussi fait en sorte d’avoir une vie sociale remplie, je voyais d’autres mamans, etc… Au 2e et au 3e, ma vie s’est remplie spontanément et j’ai savouré chaque instant de mes congés. Je me faisais un horaire et m’acquittais de mes « tâches » comme si j’était au travail, avec pas mal de rigueur. Ça m’aidait à me sentir valorisée. Je t’encourage à poursuivre dans ta résolution, toute ta famille pourra profiter de ta présence à la maison d’une manière ou d’une autre et surtout, cette occasion ne repassera peut-être jamais… Bonne chance à toi!
Geneviève Morin dit
MERCI beaucoup de m’avoir répondu !!! C’est grandement apprécié!
maryse duquette dit
Toujours aussi juste et mûrie à point ma belle Julie.
Des choix parfaits cela n’existe pas , ce qui est important c’est que le choix donne plus de joie et de paix intérieure que de contraintes à accpeter malgré soi . J’ai eu les confidences de femmes malheureuses d’être toujours à la maison dans la routine du ménage , lavage, popotte et j’ai vu des femmes malheureuses au travail car elle aurait aimé mieux le beat de la maison que le stress du travail à l’extérieur de la maison .
Mais ce qui compte le plus c’est que la joie soit au coeur du foyer, les temps de bonne bouffe et de rassemblement autour de la table sans trop se presser pour s’écouter parler de nos journées , c’est de laisser la poussière assez pour écrire le prénom de tous les membres de la famille sur les meubles , c’est d’accepter que la maison ne ressemblera pas tous les jours au dernier magazine Déco et de regarder avec détachement les petites mains étoilées dans la porte patio ou que les bains complets ne soient pas pris tous les soirs . C’est aussi accepter de flâner dans le lit pour rire un peu lors de la prière du soir . et c’est surtout ne jamais dire à son enfant dépêche-toi.
Par desssus-tout, c’est de ne pas rechercher la performance avec tous les cours ou activités proposées , qui nuisent trop souvent à la simplicité de vivre sa vie de famille et d’en jouir ..
Alors il n’y a pas de bons ou de mauvais choix, il y a VOTRE CHOIX avec les bons côtés que vous savourerez « dans le moment présent » et les moins bons côtés que vous tenterez d’améliorer avec « votre imagination créatrice qui surgira de la « non culpabilité de votre choix »
Maryse , une maman de 10 enfants qui est restée heureuse et épanouie 15 ans à la maison et qui a jour décidé d’aller travailler pour demeurer heureuse et épanouie …..
Syndie dit
Tu racontes une belle réalité des choses. Par contre, je ne sais pas si on a toujours réellement le choix. Je ne suis certainement pas la seule dans ma situation et c’est pour cela que j’avais le goût de te jaser ça un peu 😉
Pour ma part, j’ai fait le choix d’étudier en enseignement bien avant d’avoir des enfants. Lorsque je suis tombée enceinte de mon plus vieux, j’ai fait le choix de continuer mes études, avec le profond sentiment que j’en aurais besoin pour ma survie et celle de mon bébé un jour. Même chose quand je suis tombée enceinte de ma deuxième… J’étais à la fin de mon BAC, épuisée déjà, j’ai pensé arrêter pour rester à la maison avec mes bébés. Je ne l’ai pas fait, pour la même raison que j’ai dit plus haut.
10 ans plus tard, je peux dire que je suis heureuse d’avoir fait le choix de continuer mes études car cela me permet maintenant de donner une qualité de vie à mes enfants. Cela leur permet d’aller dans une école privée…
Mais il m’arrive parfois de me dire que j’aurais pu décider de rester à la maison avec eux, que j’aurais pu prendre ce choix, mais si je l’avais fait, je leur aurais offert la misère car dans mon cas, ce l’aurait été le pire choix à faire.
Alors quand je repense à tout ça, est-ce que j’avais vraiment le choix de faire carrière? Surement… Est-ce que j’aurais dû faire le choix de rester à la maison? Possiblement! Mais est-ce que cela aurait été sage? Non… J’ai beau y réfléchir de toutes les manières possible, je n’avais pas le choix si je désirais donner à mes enfants un minimum de qualité de vie. J’espère tout de même que je leur donnerai tout ce qu’ils ont besoin au niveau affectif même si j’ai décidé de faire carrière. J’envie parfois ces mamans à la maison, mais dans le cas d’une maman monoparentale, je ne vois pas comment c’est possible! 🙂
Voilà ma réflexion en cette soirée! Merci pour ton partage et ton témoignage! 🙂
Rachel Boily dit
J’ai l’impression que tu es venue passée une semaine chez moi!!! Ma vie ressemble tellement à ce que tu décris!! Et je suis tellement d’accord pour qu’on arrête de se comparer. Toutes les mamans au boulot ou à la maison sont des super-womens!! 🙂
Marie-France Lamarche dit
Encore une fois Julie, tu décries bien les choses! Bien d’accord sur le fait que l’on doive s’assumer et admirer les défis que l’une et l’autre devons vivre au quotidien! Les femmes, on se nuit trop souvent au-lieu de se soutenir à force de vouloir se comparer sans cesse et trouver ainsi notre valeur!
Par contre, j’aimerai bien vivre la vie au foyer que tu décries! ah ah! Je suis à la maison avec les enfants et en te lisant et je me disais: « De qui et de quoi elle parle? » (Bouillie, Pyjama, déjeuner paisible!) ah ah! C’est un tableau très peu représentateur de mes journées à la maison! 🙂 Comme quoi l’herbe à toujours l’air plus verte chez le voisin! 🙂
Julie dit
J’avoue, Marie-France, que je n’ai parlé que du côté plus « facile » de la chose. Le rythme un peu plus lent de la vie. Mais pour le vivre quand même plusieurs semaines par année moi-même, je sais bien que c’est beaucoup de travail aussi et loin d’être toujours rose! Les crises, les dégâts, les conflits, ce n’est pas une mince affaire et tu fais bien de nous le rappeler!!!
Mireille Blanchet dit
Ha les coïncidences…j’étais justement en train de prier sur cette situation hier soir dans mon lit; retour au travail ou rester à la maison? Et là, j’ouvre ton message et tu nous recommandes d’assumer nos choix, ne pas vivre dans la culpabilité. VRAI! Mais est-ce qu’on a toute le choix? … J’ai toujours pas de réponse mais je suis entière d’accord avec toi. Merci!
Julie dit
Dure décision, je sais bien. Mais je pense vraiment que le choix existe, seulement parfois les sacrifices à faire sont très grands et il est important de bien peser les pours et les contres dans la balance. Je t’encourage à en jaser avec celles qui, malgré des situations financières difficiles, se sont lancées…. Je vais prier pour toi. Je suis certaine que, peu importe le choix que tu feras, tu seras une très bonne maman….
Véronique dit
Ah Julie! Merci pour ce: envoyons paître la culpabilité. J’admire les mamans qui travaillent temps plein, pas parce que je les envies, non, mais parce qu’ honnêtement je ne sais pas commet elles trouvent l’énergie de jongler avec toute cette frénésie. Je suis maman à la maison (avec GRAND BONHEUR), et quand on me demande ce que je fais dans la vie, je répond tout le temps que je suis »juste maman », et chaque fois que je m’entend dire ça, je me tape sur les doigts, comme si c’était »mal » d’être à la maison. C’est juste différent comme réalité, mais pas moins bien. J’ai tenté un retour au travail qui n’a pas été concluant et qui m’a confirmé mon choix. Quoi de plus important que de sentir bien dans son choix.
Jacques dit
Je n’ai pas ton talent pour écrire mais savais tu que les pères sont souvent oubliés dans la pluparts de tes situations(même si je sais que ton adonis est sûrement encore plus hot que moi vu le nombre d’enfant Loll )Je n’ai pris que 4 jours de congé lors de la naissance de mon fils,préférant laisser mon congé parental à sa mère pcq je jugeais plus important sa présence pour les premiers mois de vie.Loin d’un jugement ce que je te dis mais (cigare)que ça me fais mal au cœur de partir travailler le matin.
Julie dit
Bien vrai Jack, on prend souvent pour acquis que les « papas » iront travailler sans peine, que c’est automatiquement leur rôle. Je ne suis pas vraiment placée pour parler à la place des hommes mais je suis toujours très intéressée de les entendre s’exprimer…