Il arrive que certaines discussions avec nos enfants se poursuivent dans nos têtes bien longtemps après.  Qu’elles sèment dans nos pensées de petites pousses qui ont tôt fait de grandir et d’occuper nos esprits tourmentés!

C’est ce qui est arrivé dernièrement à mon bel Adonis après qu’il ait posé quelques questions existentielles à notre fils en le bordant.  Lorsqu’il m’a fait lire  sa conversation mi-réelle, mi-fictive, j’ai aussitôt eu envie de vous la partager!   En espérant qu’elle vous divertisse autant qu’elle m’a divertie (et ce, peu importe vos opinions politiques)…

Plusieurs décisions de société prennent un tout autre sens quand on y réfléchit en pensant à nos enfants…  C’est un peu l’idée.

Voici donc le fruit des divagations de mon amoureux, issues d’une conversation réelle avec notre fils :

 

Quel avenir pour nos enfants?

Extrapolation sur une conversation avec mon garçon de 6 ans…

Papa :  Qu’est-ce que tu aimerais faire plus tard mon garçon?

Garçon : J’aimerais avoir une grosse chaîne stéréo, mettre mon iPod dedans et danser toute la journée!

Papa (amusé): Euh…Qu’est-ce que tu aimerais faire plus tard comme travail je veux dire?

Garçon : Je veux m’occuper des fruits et légumes à l’épicerie.

Papa :  Euh non, je ne pense pas… 

Garçon : Mais est-ce que je ne pourrai pas faire ce que je veux quand je serai grand?

Papa :  Ben là…  J’ai pas placé de l’argent dans un régime enregistré d’épargne-étude pour que tu finisses avec une job d’étudiants!   Quand on a la chance de pouvoir étudier à peu de frais, on en profite!  Tant qu’à ça, va faire une BAC en arts, tu aboutiras de toute façon dans les fruits et légumes chez Maxi,  mais au moins, tu auras un peu de culture.

Garçon : Mais moi je préfère être tout de suite gérant des fruits et légumes…  Est-ce que je vais pouvoir?

Papa : Malheureusement, si personne ne décide d’investir intelligemment en éducation d’ici là,  je ne sais pas s’il te restera vraiment un choix à faire…   Dans le contexte d’austérité du gouvernement Couillard, avec toutes les coupures du ministre en éducation et l’augmentation du ratio prof-élèves, les courageux enseignants qui résistent encore vont prendre leurs jambes à leur cou!  Tu risques d’obtenir ton diplôme d’étude secondaire avec des compétences dignes d’un secondaire 1 parce que les quelques profs restant auront été surchargés, sous-payés, dévalorisés et se seront retrouvés avec des classes pactées de troubles en essayant juste de survivre!

Garçon:  Couillard, c’est-tu comme le méchant dans Spiderman?

Papa :   Méchant peut-être pas, mais ce n’est certainement pas un as de la vision à long terme! C’est un monsieur qui pense que couper en éducation,  c’est une bonne vision d’avenir pour le Québec.  Dans son monde, c’est bien prouvé qu’une société non-éduquée est garante d’un futur rempli de richesses!!!  Comme plusieurs de ses prédécesseurs, il ne manie pas très bien l’art de couper à la bonne place…

Garçon:  Il faudrait couper où?  Toi tu le sais?

Papa :  On pourrait commencer par le BAC en arts… C’est ben beau la culture, mais c’est pas vrai que c’est aux contribuables de payer pour que t’en fasse le plein. Toi, si t’as le goût d’apprendre à « peinturer » je vais pas aller faire une campagne de financement dans ta classe pour que les autres amis paient pour toi. Ça serait pas logique?  Pis si t’es vraiment bon en peinture, vends tes toiles et vis de ça! C’est comme Télé-Québec…  Pourquoi je payerais pour Dora l’exploratrice quand je l’écoute même pas.

Garçon:  Mais moi j’aime ça Dora l’exploratrice!!!

Papa :  C’est juste un exemple… Ma liste de suggestions est longue quand on parle de coupures!  Laisser tomber la prime des recteurs d’université et des PDG d’Hydro-Québec, gérer le bordel informatique du gouvernement comme SAGIR et la CARRA, cesser d’employer des consultants dans la fonction publique en les payant à rien faire en attente du prochain projet,  arrêter de payer pour les gens qui consultent un médecin pour un rhume ou une gastro…

Garçon : Bon, je peux-tu dormir papa?

Papa : NON!  J’ai pas fini!  Les gens se plaignent et brandissent des pancartes « refusons l’austérité » mais ils ne se rendent pas compte qu’on  pellete  par en avant depuis des années! Les étudiants se paient des forfaits cellulaires à 75$ par mois mais pour le reste, l’état providence va assurer! Il faut faire des choix, mettre l’argent là où c’est nécessaire!  Médecine à deux vitesses : mets-en!  Désengorgeons le réseau public; que ceux qui ont les moyens de payer, payent!  Là tu vas me dire que les médecins vont tous vouloir travailler au privé

Garçon : Hein?

Papa : Et bien t’as probablement raison!  Il faudrait des lois pour ça : l’état paie les études des médecins, mais en échange,  ils donnent 20 ans de service au réseau public! Un peu comme les forfaits cellulaires : si tu quittes avant la fin de ton contrat, tu paies le restant des frais.

Garçon :  Papa, tu capotes un peu… Je comprends pas tellement.  (Pause)  Mais maman, elle, elle dit que le problème c’est les garderies.

Papa :  Elle a raison, c’est un autre problème ça!  Qu’est-ce qu’on attend pour donner l’argent directement aux parents et les laisser l’administrer eux-mêmes!  Finie la paperasse inutile!  On coupe toutes les subventions aux garderies, mais on augmente de beaucoup les prestations familiales.  Comme ça les mamans qui veulent rester à la maison avec leurs petits monstres comme toi, elles auront assez d’argent pour le faire!  Imagine si maman n’était pas obligée d’aller travailler comment on serait heureux!  Plus de mamans au foyer, ça veut aussi dire moins de chômage ça!  Je suis tellement brillant!

Garçon : Moi j’aimerais ça que maman aille pas travailler, elle serait plus de bonne humeur…  Mais ce qui coûte cher, c’est les « fonfons » qui veulent des 15% d’augmentation, non?  C’est grand-papa qui dit ça…

Papa : Content que t’en parle.  Le problème avec les fonctionnaires c’est qu’ils sont protégés par des syndicats qui défendent autant les incompétents que les compétents.  Mais les gens compétents, ils n’ont pas vraiment besoin de syndicat pour les protéger, parce qu’ils peuvent se trouver une job au privé quand ils veulent!  Pendant ce temps,  la sécurité d’emploi s’applique pour ceux qui profitent du système et qui passent leurs journées sur « lapresse.ca ».  Et lorsque le gouvernement veut couper en négociant serré avec les fonctionnaires, ce sont les compétents qui s’en vont se trouver du travail ailleurs!

Garçon :  Mais toi, si tu es si brillant, pourquoi tu prends pas la place de M. Couillard?

Papa :  Ouin, je n’y avais pas pensé…  Mais non! Papa y dirait probablement trop ce qu’il pense et les gens aimeraient pas ça.   De nos jours, il faut être capable de bien mentir pour être en politique.

Garçon :  T’es pas un bon menteur toi?

Papa : Pas trop non. Tu te souviens la fois où j’ai voulu faire croire à maman que mon nouvel ordinateur n’avait presque rien coûté?…  Mais si on revient à nos moutons, à part commis des fruits et légumes, tu veux faire quoi plus tard?

Garçon :  Est-ce que je peux choisir n’importe quoi 

Papa : N’importe quoi de raisonnable!

Garçon : D’accord!  Alors moi,  je veux être un PIRATE! 

Papa :  Pirate?

Garçon :   Oui!  Comme ça je pourrai voler les fruits et légumes des autres navires!

Papa :  Bon, ça recommence!   Mais pirate,  c’est un bon choix.  Après tout, il y aura toujours de l’avenir pour les pirates!

Dors bien mon garçon…  

 

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