Les vacances sont là. Mon cadet, la tornade ambulante, est à son meilleur! Il est créatif à outrance. Intense. Sa soif d’expériences et de découvertes atteint son paroxysme. C’est beau. C’est sublime cette manière de plonger dans la vie sans hésiter. Mais pour vous dire toute la vérité, nous avons dû imposer, depuis quelques jours, une nouvelle devise à notre imprévisible garçon. Rien de bien grave, ni même de très original. Ça se résume ainsi :
« Réfléchir AVANT d’agir. »
C’est qu’il lui arrive de pousser un peu la note. Après coup, il n’est jamais en mesure de nous expliquer ce qui lui est passé par la tête.
« Pourquoi as-tu aspergé le perron avec du lait? Qu’as-tu pensé quand tu as décidé de remplir ma sacoche de cailloux? De faire une montagne avec les couches souillées de ton frère? »
Il hausse les épaules. Il ne sait pas. Nous en avons donc conclu qu’il ne réfléchit tout simplement pas. Sinon, comment expliquer qu’il ait embobiné sa cousine dans le fil à coudre de sa mémé? Et ce, juste après qu’il ait eu la sublime idée de recouvrir la tête de son petit frère et de son cousin d’une épaisse couche de poussière de pierre….
Plusieurs douches douloureuses plus tard, la question reste entière : POURQUOI?
Certains enfants passent d’un délit à l’autre dans le but, évident, de provoquer. D’attirer l’attention. Bien sûr, j’ai envisagé cette option. Particulièrement après qu’il ait décidé de cacher les clés et portefeuilles de tous les visiteurs assemblés chez ses grands-parents…. Voulait-il qu’on le remarque? Rien ne nous porte à le croire. En fait, il nous semble toujours plutôt mal à l’aise lorsqu’on le démasque. Comme si son imaginaire était brusquement exposé au grand jour. Comme si son intimité était brimée. Cette intimité dans laquelle le lit est devenu un bateau de pirate et les portefeuilles des gens, son butin. Il n’avait pas pensé que les gens, ainsi dépouillés, viendraient éventuellement lui demander des comptes….
Comme il ne semble pas y avoir de mauvaise intention ni de crime prémédité contre les personnes, il est parfois difficile de savoir comment réagir. Bien sûr, il répare ses dégâts. Il présente des excuses. Il passe du temps en réflexion. Mais sa manière impulsive de jouer sans trop penser reprend vite le dessus.
Mon petit dernier, qui commence tout juste à parler suffisamment pour se faire comprendre, est venu me chercher ce matin, paniqué.
– Maman, raisin BOUM toiyette!
– Quoi? Ton frère a mis des raisins dans la toilette!!!
Une grappe toute entière. Il ne les trouvait pas bons. Il les a tout bonnement flushés… Sans penser que quelque d’autre pourrait en vouloir, que la toilette serait assurément bouchée et maman en colère…
Alors que je méditais sur le sujet en l’observant jouer dans son verre dans lait, j’ai tout à coup été frappée par une question légèrement douloureuse.
« Moi, est-ce que je réfléchis toujours avant d’agir ? »
Est-ce que je réfléchis quand je pars à mon rendez-vous chez l’orthophoniste avec mon petit pas encore propre en oubliant de lui mettre une couche? Lorsqu’il est sorti de là, humilié parce que son short était trempé, il vous aurait dit que non, sa mère n’a pas tellement réfléchi!
À son rendez-vous suivant, bien sûr, il avait une couche…et même du linge de rechange! Mais sa stupéfiante maman a de nouveau goûté à l’humiliation quand est venu le temps de payer et qu’elle avait laissé sa sacoche à la maison!
Est-ce que je réfléchis quand je dépose mon portefeuille sur le toit le temps de payer la gardienne et que je sursaute une fois rendue à la maison parce que je prends soudainement conscience qu’il repose quelque part sur l’asphalte, entre la maison de ma gardienne et mon chez-moi?
Est-ce que je réfléchis quand j’essaie de transporter quatre assiettes d’un coup plutôt que de les apporter en deux fois? Si je m’arrêtais un seul instant pour y penser, je me souviendrais de mes dix derniers dégâts monumentaux que j’ai dû éponger lors de mes précédentes expériences similaires…
Je ne suis pas une cancre ou une demeurée; si je décidais d’utiliser mon cerveau, je ne me mettrais pas dans de pareilles situations….
Après coup, je déteste qu’on me fasse la morale. Je m’en veux déjà. Quand mon bel Adonis lève les yeux au ciel, prêt à me sermonner, je l’arrête d’un simple geste de la main…
– Ça va, c’est pas nécessaire, je l’sais, j’ai compris…
Alors, bien sûr, je me demande s’il en va de même pour mon mini-moi de 5 ans? Est-ce utile de le sermonner ou n’y a–t-il tout simplement rien à ajouter? Tant qu’il assume les conséquences…
Parce que c’est ce qu’il fera toute sa vie s’il poursuit dans cette voie… Assumer les conséquences. Comme je le fais quand je dois annuler toutes mes cartes de crédit et aller à la rencontre de ce monsieur qui dit avoir trouvé mon portefeuille au milieu de la rue…
À force de mots, je commence à y voir plus clair. Je me rends compte aussi que cette faculté à « non-réfléchir » est parfois un atout.
À la première note de musique, il s’élance. Il danse follement, ridiculement, passionnément. Pendant que moi je me questionne sur ce qu’en dira Georges, que je me demande si je suis bien le rythme, si on voit mes bobettes quand je tourne, lui, il danse.
Devant la glissade d’eau de vingt mètres de long (réservée aux douze ans et plus), il s’élance! Il ne prend pas la peine de se demander si ça fera mal, il sent le plaisir venir à lui et fonce le retrouver sans attendre.
Au restaurant, il ne se gêne pas. Il file trouver la serveuse et lui demande, poliment (c’est toujours ça), s’il peut avoir du ketchup. Pas de gêne, pas l’ombre d’une hésitation. Il charme par sa candeur, par son ingénuité déroutante.
Le plus beau, c’est qu’il aime de la même manière. Sans se demander si ça fera mal. S’il sera aimé en retour ou rejeté. Il s’élance pour serrer dans ses bras ceux qu’il aime. Là non plus, il n’a pas de pudeur. Pas honte d’aimer. Pas peur.
Je ramasse bien quelques grappes de raisins au fond de ma toilette. Mais finalement, n’est-ce pas là le signe d’une enfance bienheureuse?
Mon fils a l’habitude de pouvoir se lancer dans le vide et d’être amorti dans sa chute. Il sait qu’il peut compter sur sa famille. Il apprend, aussi, à compter sur lui-même.
Il apprend. Parfois sans notre aide, de ses propres expériences, de ses propres initiatives. Souvent douteuses…
Ma foi, cela vaut peut-être bien quelques raisins…non?
Ça, c’est la fois où il a joué avec mon appareil photo à mon insu… Il a été rapidement démasqué!
Sur le même thème:
Les super-héros n’aiment pas la visite…
Valérie dit
AHAHAHAHAH!!! Il est trop mignon ce petit!!! C’est un créatif. Un vrai.
caroline dit
J’aime cet article comme tous les autres!! Tu le sais je suis vendue depuis si longtemps! Et cet enfant si précieux, non mais… on l’aime juste à te lire et quand on le côtoie avec sa petite face d’ange on craque. MAIS LE SELFIE À LA FIN!!!! Pour la photographe que je suis s’en est trop: je me roule par terre! xx
Julie dit
Ha! Ha! Merci Caro. Tu comprends maintenant pourquoi ta photo était parfaite…le petit qui semble se cacher derrière son monde imaginaire!
Joy Webster dit
Je pense que vous venez de sauver mon couple, parce que le blogue pourrait decrier mon chum. Je said qu’il faut lui permettre l’occasion de voir de lui-même que son plan ne fonctionnera pas, mais c’est tannant parce que je veux que les choses se réglent de façon efficace.
La prochaine fois que mon amoureux doit apprendre en faisant une gaffe, je vais me dire, « Ça vaut bien quelques raisins, n’est-ce pas? »
Julie dit
Je n’avais pas pensé sauver des couples aujourd’hui! Hi! Hi! Mais ça fait bien mon affaire Joy….
Stacy dit
Et boy… on pourrait simplement mettre le nom de mon fils à la place du tien et ça « fitterait » avec ton texte! Je comprend de plus en plus le pourquoi que tu me disais comprendre mon Jeremy. Petits impulsifs d’amour!!!
La fois où je suis arrivée dans la salle de bain avec un pouce d’eau par terre et des stalactites d’eau qui s’écoulent du plafond… je lui demande qu’est-ce qui s’est passé et pourquoi il a fait ça!!! Et lui, de me répondre « Mais je ne savais pas que ça allait faire ça! » et moi de répondre « Tu me niaises tu… tu éclabousses partout de l’eau et tu savais pas que ça allait faire de l’eau partout?!?! » Et non… il ne le savait pas… il avait agit AVANT de réfléchir. Ou encore toutes les fois qu’il s’est servit de ses ciseaux sans penser ce qu’il était en train de couper… Un chandail d’uniforme, des pantalons neuf d’une semaine, ses propres cheveux et j’en passe!!! Et non, réfléchir avant d’agir de fait pas parti de ce qui vient naturellement chez lui… il devra travailler fort pour arrêter son cerveau afin de prendre le temps de penser avant d’agir! Et, évidemment, il devra aussi apprendre à faire face à ses actes et à subir certaines conséquences. Je suis d’accord avec toi, les conséquences ne sont pas les mêmes sachant qu’ils ne l’ont pas fait par rébellion ou par vengeance… à cause de son impulsivité il aura quand même à aller réfléchir. Il m’est même arrivé de lui faire faire des copies, 50x, à cause qu’il avait jouer avec le feu et il ne savait pas que ça allait brûler les choses!!! Non mais, faut faire de quoi, mais QUOI!!! J’ai donc fait copier 50 x (finalement 60 parce qu’il m’avait défier avant et avait manqué de respect) « JE NE DOIS JAMAIS JOUER AVEC LE FEU »… La conséquence était assez forte, à mon avis, pour un premier année d’écrire 60x la même phrase… et je me suis dit qu’avec un peu de chance, ou plutôt l’aide de Dieu, les 60 phrases feraient leur marque dans son cerveau et agirait la prochaine fois qu’il aurait l’idée de jouer avec le feu.
Nous nous devons d’être compréhensive avec nos petits intenses… mais comme j’aime aussi son côté à aimer pleinement, intensément, à se donner à fond dans tout ce qu’il fait!!!
Vive intensément
Un maman qui te comprend! ;o)
Stacy dit
Je voulais dire VIVRE intensément!! Et moi aussi j’ai une photo de Jeremy qui s’est amusé à se photographier avec mon téléphone… on a toujours un fou rire quand on tombe là dessus après coup! 😀