J’étais tellement sûre que ça ne pourrait jamais être moi !
J’avais l’habitude d’être partout, de m’occuper de 3000 choses en même temps. Des responsabilités, amenez-en ! Une vie trop tranquille, ça ne m’attirait pas vraiment.
Quand j’ai commencé comme enseignante, j’ai croisé quelques hurluberlus qui m’ont parlé d’épuisement professionnel.
« Tu sais, ça arrive souvent chez les profs. Tu devrais faire attention… »
Pour moi c’était une vraie blague, presqu’une insulte ! Ceux qui partaient en burn-out n’étaient pas des gens faits comme moi. Soit ils n’avaient jamais vraiment été « capables d’en prendre », soit c’était des gens trop minutieux qui n’arrivaient pas à tourner quelques coins ronds lorsque nécessaire…
J’ai eu toutes ces horribles pensées prétentieuses. Je l’admets…
Je n’avais pas encore d’enfant. Le soir, mon petit appart était bien calme et silencieux. J’étais en amour. Tout me réussissait. Mon travail était apprécié, les enfants m’aimaient, les parents ne me détestaient pas trop.
C’est fou comment tout a basculé à un certain moment. Mes enfants sont arrivés. Les zones de silence ont disparu de ma vie. J’ai commencé à devoir partager mon cœur et mon cerveau entre le 3 miens et les 24 autres.
Ma relation amoureuse s’est mise à me demander du travail, de l’énergie. Eh non ! Un couple ça ne se préserve pas sans un peu d’investissement !
Mes élèves ont continué de m’aimer. Mais les parents, pas toujours. J’ai reçu ma première lettre de bêtises. On m’a dit que c’était normal, de ne pas m’en faire avec ça. Puis, quelques autres ont suivi et à chaque fois, même si je savais que les insultes étaient injustifiées, elles me traversaient le cœur et y laissaient leur marque.
J’ai commencé à me sentir insuffisante. À me demander si j’étais adéquate. Comment je pourrais en faire plus. Comment je pourrais faire mieux.
J’ai croisé chaque année des enfants avec de grosses peines et de flagrantes colères sans pouvoir les sauver ou les aider comme je l’aurais voulu.
J’ai commencé à être une maman moins souriante, moins disponible.
J’ai commencé à m’accrocher à mon homme comme à une bouée de sauvetage.
J’ai cessé d’être une superwoman.
Et j’ai compris. Que personne n’est à l’abri. Que l’épuisement professionnel rôde et qu’il faut toujours le garder à l’œil.
Autour de moi, certains sont partis. Quelques-uns avant qu’ils ne soient trop tard, d’autres bien après…
C’est là qu’Olivia est apparue dans ma vie. Un personnage fictif qui pourrait tout raconter. Qui m’aiderait à me comprendre, à prendre une distance saine avec moi-même.
Je lui ai inventé des élèves, des collègues, des enfants. Je lui ai créé une année scolaire et l’ai regardé se débattre, se prendre en main, se questionner.
Après 363 pages, quand j’y ai mis le point final, j’ai eu l’impression d’avoir accompli quelque chose. De m’être fait du bien, mais surtout, d’avoir produit un livre qui, peut-être, aiderait les gens à comprendre. Aiderait les enseignants à déjouer l’épuisement. Aiderait les parents dans leur rôle complexe.
Une œuvre qui ferait rire et qui ferait pleurer, comme je le fais chaque année avec mes élèves. Des rires quotidiens, des peines passagères et d’autres qui nous marquent au fer rouge. Des accomplissements et des impuissances.
Il est temps pour mon œuvre d’atterrir entre les mains des autres et d’y accomplir ce à quoi elle est destinée !
180 jours et des poussières est maintenant disponible partout. Grâce à IFX productions, je peux même vous en donner un petit aperçu :
Non le système n’est pas parfait. Non le métier n’est pas simple. Mais je pense qu’il est possible, avec de l’entraide, de la solidarité et le droit légitime de rêver, d’être des enseignants forts qui se tiennent debout. Qui saisissent chaque occasion de faire une différence, aussi minime soit-elle. Qui se font confiance. Qui ne prennent sur leurs épaules que la charge qui leur revient.
Je vous souhaite de tout cœur une bonne lecture de mon roman, en espérant qu’il vous fasse autant de bien qu’il a pu m’en faire !
J’attendrai vos commentaires avec impatience…
XXX
Julie
À voir:
Fille-de-lecture dit
Coucou Julie !
J’ai terminé votre livre récemment et j’ai beaucoup aimé, un beau petit coup de cœur. Merci beaucoup de m’avoir permis de découvrir les autres aspects de l’enseignement que je ne connaissais pas. Voici ma chronique si vous voulez savoir ce que j’en ai complètement pensé :
http://fille-de-lecture.blogspot.ca/2016/04/180-jours-et-des-poussieres.html
Bonne journée 🙂
Valérie
Julie dit
Merci, c’est une critique très élogieuse, j’en suis vraiment ravie !
Lavoie, marie-Hélène dit
Bonjour Julie, je lis votre blogue depuis longtemps et je suis souvent émue. Je viens juste de terminer votre livre… ouf ! Que d’émotions… je l’ai dévoré en moins d’une semaine. Ce n’est pas peu dire pour moi qui n’a pas souvent le temps de lire entre ma petite puce de 18 mois et mes 22 beaux élèves de deuxième année qui me donnent souvent du fil à retordre ! En lisant l’histoire touchante d’Olivia, je me suis sente comprise et mois seule. Même si ma lecture m’a forcé à me coucher plus tard qu’à l’habitude toute le semaine, j’avais plus de patience avec mes élèves. Je ne les trouvais plus aussi tannants comparés à ceux d’Olivia. Mes obstacles sembles moins insurmontables que ceux qu’elle a rencontrés mêmes si certaines réalités du livres m’ont beaucoup rappelé mes petits cocos. Bref, ça me donne un nouveau souffle pour terminer l’année avec le sourire. Merci ! J’ai beaucoup pleuré mais ça m’a quand même fait du bien ! Bon congé de Pâques.
Julie dit
Merci beaucoup Marie-Hélène ! Moi aussi j’enseigne la 2e année maintenant. Ça fait du bien de mettre les choses en perspective, n’est-ce pas!
France dit
Oh là là! J’ai passé ma commande hier! J’attendais la sortie de votre livre avec IMPATIENCE!!! De prendre le temps de lire cet article me donne encore plus envie de le lire! J’ai hâte de le tenir entre mes mains et enfin de pouvoir vivre les émotions avec cette Olivia!
Julie dit
Je vous souhaite bonne lecture, vous m’en redonnerez des nouvelles !
France Fournier dit
Ohhh quel livre fantstique que je viens de terminer! Il est tellement représentatif de mon métier. En tant que suppléante, j’ai reconnu les émotions qui me sont si familières. C’est tellement représentatif de la vie d’une enseignante! On réalise rarement ce qu’est une journée dans une classe et à quel point on s’attache à chaque petit être qui nous est confié. J’ai adoré!
Julie dit
Merci France ! Je suis vraiment heureuse que tu aies apprécié !